Chapitre 4

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La lumière du soleil est magnifique le matin. San Francisco, nouvellement mon chez moi, se révèle à moi lorsque je tire mes rideaux. Il y a un certain mouvement dans le quartier, malgré qu'il soit un peu moins de 7h. Je ne suis pas une lève tard, loin de là. Au contraire, j'aime profiter du matin, de la fraîcheur et du calme que je ne retrouve qu'à cette heure là. C'est un peu le moment de la journée que je m'accorde pleinement. Pour le moment, mon premier levé se passe agréablement bien. Je ne ressens pas trop le décalage et je commence à m'habituer à la maison. Je me surprends. Vraiment.

J'entreouvre une des fenêtres et un air frais pénètre dans la pièce. Je reste plantée quelques minutes au milieu de la chambre, appréciant le réveil progressif de mon corps. Je m'étire tel un chat sortant de sa sieste et descends à la cuisine. Apparemment mes nouveaux colocataires ne sont pas trop du matin car le salon est absolument vide. Je me réjouis d'avance à l'idée de profiter de mon thé sur la terrasse, seule, en paix avec moi même.

Mes yeux parcourent à nouveau l'enchaînement de pièces qu'offrent cette maison. La décoration est tout à fait réussie et je me sens déjà vraiment à ma place dans ce foyer, ce qui une fois de plus, me surprend énormément. Encore en pyjama, je m'empresse de préparer mon petit déjeuner. En partant de Paris, j'avais soigneusement pensé à prendre un stock de thé de peur que les américains n'en boivent pas et j'avais bien raison, car aucune trace d'un moindre sachet de thé dans les placards... Mon petit plateau enfin prêt, je sors sur la terrasse et apprécie plus que jamais ces instants si simples qui constituent une vie. Tout en sirotant mon thé, je parcours du regard le jardin qui est vraiment bien entretenu. Qui est passionné par le jardinage dans cette maison ? Mes pensées continuent de vagabonder d'une idée à une autre pendant quelques minutes.

Je me sens incroyablement bien actuellement. Comme si cette vie était la mienne depuis toujours, comme si tout ce qui constituait ma vie avant ça, avait complètement disparu en poussière. La fraîcheur de la rosée me réconforte et un sourire inattendu vient se loger sur mon visage. Soudain une boule de nerf étrange se forme au creux de mes tripes, tout à fait agréable, ce qui est bien une première. Instinctivement, je m'allume une cigarette et ferme les yeux. C'est une toute nouvelle vie qui s'offre à moi, une deuxième chance qui m'a été accordée au dernier moment, que je ne peux que saisir. La vie, ma vie, se joue maintenant, à moi de faire en sorte de ne pas tout gâcher. J'ai travaillé tellement dur pour être là que je ne peux pas échouer, je n'en ai pas le droit. Je dois réussir à faire sortir la meilleure partie de moi, que j'excelle, que je devienne cette personne que j'ai toujours rêvé d'être. Pour cela, je ne peux laisser rien ni personne se mettre en travers de chemin, je ne dois laisser paraître aucunes de mes faiblesses, me montrer indémontable. La fumée de ma cigarette m'enveloppe et me protège. Quel beau réveil.

Soudain des flashs de la soirée dernière me ramènent tout droit sur terre.

Néo.

Je ne tire qu'avec plus de vigueur sur ma cigarette. Comment ai-je pu oublier ça ?

« Tu es mon choix. »

Je me souviens de tout, de ses yeux, du tremblement dans sa voix, de sa façon de me regarder avec violence et douceur. Un cauchemar. L'incompréhension encore fraîche de la situation me remue un peu. Mon petit-déjeuner n'a soudainement plus le même goût.

Après ce réveil à l'image de Néo, c'est à dire complètement bipolaire, ma journée avance sans encombre. Aujourd'hui, mes colocataires ont décidé (sans mon consentement) de faire une journée plage pour me faire visiter un peu ma nouvelle ville qui est absolument incroyable. Après avoir surmonté une crise de panique incontrôlable liée à l'idée de me mettre en maillot j'avais réussi à apprécier la journée. Nous avons mangé dans un petit restaurant au bord de l'eau. L'ambiance y était bon enfant et les prix pas trop élevés. Cependant, la langue fût pour la première fois un véritable problème car le bruit, le mélange de voix, faisait que je ne comprenais personne. Ils débitaient à une vitesse pas possible, passionné apparemment par une conversation sur l'économie en Europe. Pour combler ces moments de solitude, j'avais reporté mon attention sur l'océan et le spectacle était plus que passable. Néo n'était pas venu, il avait prétexté un rendez-vous professionnel. Honnêtement, cela m'avait incroyablement soulagé car il était hors de question qu'il me voit en maillot pour le moment, son attitude envers moi est encore trop ambiguë pour qu'il puisse assister à un tel spectacle.

Dear you, I love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant