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Une semaine de vacances, c'est vraiment trop peu. Déjà la journée de la reprise. Je n'ai pas eu le temps de vraiment profiter. Je ne sais pas pourquoi, nos professeurs en profitent toujours pour nous donner pleins de travaux à rendre pour le lundi, huit heure tapante.

Je n'ai même pas vu Sam. Bon, on va dire qu'après la discussion avec ma mère, il n'avait pas trop intérêt à se montrer chez-moi. Il devait se la jouer super occupé afin que son plan ait de la crédibilité.

Du coup, maman a laissé les mathématiques de côté. Elle m'a même emmené faire du shopping. J'en ai profité pour acheter des docs Martens fleuries et une petite robe noire qui m'arrive aux genoux.

Cette tenue... C'est bizarre que j'ai choisis un corsage préférant habituellement un pantalon et une blouse. Mais elle m'a flashé aux yeux et par envie, je la porte ce lundi.

On voit que je ne suis pas encore habituée à porter une tenue aussi courte. Malgré mes bas en nylon noir, je tire sur les tissus par peur que l'on puisse apercevoir mes sous-vêtements.

Et je ne sais pas si c'est moi qui divague, mais on dirait que les garçons me regardent beaucoup plus aujourd'hui... Si c'est le cas, les hormones masculines m'exaspèrent. Comment les autres filles arrivent-elles à s'accepter quand elles sont regardées avec intérêt tel des morceaux de viande au supermarché ?
Cette vision me donne envie de frapper tous les regards que je rencontre, mais à la place, je me renferme. Mon regard se colle au sol et mes mains étirent le tissus de la jupe vers le bas.

J'arrive à la salle de cours et m'installe à la dernière rangée. Je suis la première arrivée. Je prépare mon espace de travail, plutôt de rêveries. La semaine commence fort avec le cours de monsieur Greffois.

Camille et sa clique arrivent en rigolant. Elles me jettent des regards de dégoût. Je les évite. Je m'empresse de prendre mon agenda et de noter en gras : « ne plus mettre de robe »

La sonnerie du début de cours sonne. Les élèves prennent place et discutent de leur vacance. Je n'entends que Camille qui se vante de sa maison de campagne dans le sud de la France... J'ai vraiment envie qu'elle s'étouffe avec son humilité.
Je regarde mon téléphone. Notre professeur serait-il absent ? Les élèves parlent de plus en plus bruyamment. Certains se plaignent en disant qu'ils auraient pu dormir, d'autres qui s'imaginent des plans pour éviter à l'étude... À la place d'une éducatrice,
Monsieur Greffois arrive dix minutes plus tard, essoufflé. Il installe ses classeurs sur le bureau et nous demande de nous asseoir rapidement.

Il ne s'excuse pas de son retard. Il ne se justifie pas. Je sens qu'il me regarde un peu plus longuement que d'habitude. Cela a tendance à exaspérer Camille qui lève la main pour demander si elle peut récolter les livrets de note.

- Bonne initiative, Camille. Préparez votre carnet signé. Mademoiselle Fernier, veuillez aider votre camarade.

Tous les regards se posent sur moi. Surtout celui de La princesse Leroy. C'est une blague ? Moi qui n'est rien demandé et qui en plus suis en robe. Comment paraître plus discrète qu'il n'y parait ? Justine, une de la bande des pétasses, intervient :

- Je peux aider Camille, m'sieur. Vous ne le savez pas encore mais Marion est maladroite.

Tout le monde s'esclaffe. J'ai envie de ne plus exister. Je deviens rouge comme une pivoine. De honte et de colère.

- Ça va aller, Justine, Mademoiselle Fernier va le faire, n'est-ce pas.

Je regarde mon professeur dans les yeux. C'est la première fois qu'il me regarde avec autant d'insistance. Je lui fais un petit signe de tête et me lève en faisant attention de bien étirer ma tenue vers le bas.

La vie des autres [Elève - Professeur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant