La vie des autres [Elève - Professeur]

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Je tends la feuille à mon professeur. Il l'observe d'un air minutieux.

Je le regarde d'un air inquiet. Mes doigts se tordent sans que je le veuille vraiment et je mordille ma lèvre en espérant que j'ai pu assimiler la leçon du samedi et la retranscrire dans cet exercice. Pour une des rares fois dans ma vie, j'espère que le Dieu des mathématiques si possible, existe.

Monsieur Greffois prend son stylo bille rouge et commence à annoter l'exercice. Au bout d'une minute et demi qui me semble interminable, ses yeux se relèvent enfin. Je regarde l'exercice et n'en décèle que des gribouillis écarlates, je sais que j'ai foiré.

- Je vous remercie, monsieur Greffois, d'avoir osé ce pari stupide... Je vous prie de m'excuser pour vous avoir fait perdre votre temps samedi, mais aussi ce matin.

- Tu penses que tu as raté ?

Je baisse les yeux, un peu honteuse. Et sans prévenir, je sens sa main se poser sur la mienne. Je me mords les lèvres tandis que mes joues se rougissent.

***
Moi qui pensait qu'elle s'en sortirait. J'annote son exercice et beaucoup trop, à mon goût. Le début était pourtant bon, mais le reste du procédé de résolution de l'équation est un échec. Je relève la tête, elle me regarde avec des yeux qui frôlent l'incompréhension, la déception aussi. Son regard passe de la feuille à moi, et sans que je puisse lui faire un commentaire, elle me remercie prête à s'en aller. Ce qui n'est pas vraiment une solution au vu que je suis son premier cours de la semaine.

Je lui pose une question, et son corps si parfaitement sculpté, s'affaisse, un peu honteuse, et son langage corporel est déjà prêt à se faire la malle.

Alors, je ne sais pas ce qu'il me prend, j'essaie de la rattraper, d'une certaine façon, en mettant ma main sur la sienne.

Sa peau est douce. Hum. Je sens ses membres de raidir au contact de mes doigts. Qu'est-ce qu'il me prend. Je scrute son visage et y décèle une certaine timidité insoupçonnée face à la jeune fille qui s'est présentée face à moi, ce matin. Elle est tellement déroutante.

Cet effet me rend perplexe. Je sens que la proximité de nos membres n'arrangent rien. Alors je retire délicatement mes phalanges de sa paume et sans la quitter des yeux, je chiffonne la feuille de papier.

***

-Que faites-vous ?

- Écoute, laissons tomber ce défi. Je vais continuer à te donner des cours.

- C'est vrai ?

- Oui. Mais ne crois pas que c'est parce que je suis gentil. J'ai vraiment envie d'avoir de leçons de photographie.

-Euh... d'accord.

Monsieur Greffois cherche dans son sac et en ressort un carnet en cuir brun, je le regarde un peu surprise. Que fait-il ? Il dépose l'objet sur le bureau et en me regardant d'un regard strict me lâche :

- Bien, maintenant il va falloir établir des règles.

- Des règles ?! , je demande, surprise.

-Oui tu m'as bien comprise.

Il prend le calepin et l'ouvre au hasard. Il prend son stylo bille et commence à écrire, sans même me demander mon avis. Je scrute au dessus de ses bras et arrive à déchiffrer, tant bien que mal, ces seuls et uniques points :

1 - Arriver à l'heure et ne pas partir avant la fin du cours.

2 - Éviter les lieux publics.