sept ans ou "moldus et nouveaux pouvoirs"

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C'était un week-end banal d'avril, en 1968, j'avais sept ans et Sirius neuf. J'étais avec Sirius dans le parc moldu situé à quelques centaines de mètres de la maison. Il voulait aller jouer au ballon avec deux enfants moldus d'à peu près notre âge, mais j'essayai de le dissuader :

« Sirius ! Père et Mère nous ont interdit de nous approcher des moldus !

– Et pourquoi, hein ? répliqua-t-il. Qu'est-ce qu'ils nous ont fait de mal pour qu'on doive à tout prix les éviter ? »

J'hésitai. Je ne savais pas trop quoi répondre. Ce que ma famille m'avait enseigné, ou un mensonge pour éviter que Sirius devienne fou ? Je me décidai après quelques secondes et lançai, en redoutant la réponse de mon frère :

« Parce que leur sang n'est pas pur ! Ce sont des gens inutiles et idiots, on ne doit pas les fréquenter ! »

J'eus l'impression qu'il allait me frapper ou pire, alors je reculai, apeuré, mais heureusement, il me répondit juste avec colère et me fit la morale pendant au moins dix minutes. J'écoutai avec attention et hochai la tête quand il me demandait si j'étais d'accord mais au fond, je n'y croyais pas trop. Comment un enfant de neuf and pouvait s'y connaître mieux que des adultes qui, en plus, étaient mes parents ? Non, je croyais ce que me disaient Père et Mère avant tout, même si je savais qu'il avait raison quelque part. Je ne savais pas qu'en grandissant, je ne jurerai que par les idéologies de mon frère. Quant à ce qui était de jouer au ballon avec les moldus, c'était déjà l'heure de rentrer à la maison depuis plusieurs minutes quand Sirius eût fini de me faire la morale, alors nous rentrâmes sans jouer du tout. Sur le trajet retour, il fit des blagues tout le long. Il n'avait pas l'air de m'en vouloir, pensant sûrement que depuis qu'il m'avait expliqué ce qu'il pensait des moldus - à savoir le contraire de ce que pensaient Père et Mère - j'étais d'accord avec lui et croyais sur parole tout ce qu'il me disait. Ce n'était pas le cas, mais je ne me doutais pas que ça finirait par l'être.

Le lendemain de cet épisode, pendant que Kreattur, notre elfe de maison, apportait le ragoût pour le déjeuner, je me décidai à interroger mes parents sur un sujet qui me tourmentait depuis déjà quelques temps : les pouvoirs magiques. Je demandai l'attention de Mère d'une voix timide mais polie :

Ayant la bouche pleine, elle hocha la tête et me répondit par un «hm ?» sec, me lançant un regard noir parce que je n'avais pas attendu qu'elle finisse d'avaler avant de lui parler. Je déglutis et posai enfin la question qui me brûlait les lèvres depuis des mois :

« Quand est-ce que mes pouvoirs magiques apparaîtront ? »

Elle me considéra avec un air surpris sans pour autant quitter son regard perçant.

« Je ne sais pas, Regulus, me répondit-elle d'un ton toujours aussi froid, c'est différent chez chaque sorcier. »

Elle lança un regard à mon père, certainement pour avoir son approbation à propos de quelque chose qu'elle s'apprêtait à dire, puis continua :

« Peu importe le temps que ça te prendra, tu as intérêt à les avoir, sinon... tu sais ce qui t'attend, finit-elle avec un regard aussi noir que ses cheveux ténébreux. »

Je déglutis avec difficulté. Bien sûr que je savais ce qui m'attendait si l'on découvrait que j'étais un cracmol : le rejet de la famille, le déshonneur, le déni, l'horreur. Je frissonnai en y pensant. Ces fichus pouvoirs avaient intérêt à se montrer rapidement parce que sinon, j'allais y passer, je le savais. Mais ce n'était pas pour autant que j'allais me morfondre, je n'avais plus qu'à attendre qu'ils se pointent, et si jamais ça n'arrivait pas, j'aviserais.

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Les vacances d'été arrivèrent enfin, à notre plus grand soulagement. Sirius et moi, nous étions dans une école spéciale pour enfants de sorciers : presque comme une école moldue - on y apprend les mêmes choses - sauf qu'il n'y a aucun moldu, seulement des futurs sorciers et sorcières qui ont pour enseignants des sorciers et sorcières. Je n'aimais pas cette école parce que les gens y étaient ennuyeux. Enfin, je veux parler des enfants. Les adultes nous apprennaient des choses intéressantes, mais les élèves cherchaient toujours à semer la pagaille, s'en prenant à quelqu'un de plus faible, ou se bagarrant entre eux pour les plus forts. Ils étaient tous pareils, tellement similaires qu'on aurait dit une immense fratrie. Je ne les aimais pas du tout, mais Sirius les haïssait au plus haut point et la chose qu'il détestait le plus au monde, même plus que Père et Mère, était très certainement cette école.

Les vacances étaient le moment où nous y échappions enfin, nous n'y pensions plus du tout et profitions du soleil pour jouer à chat perché. Même si Sirius disait que c'est un jeu « pour les nazes », je suis sûr qu'en vérité, il adorait y jouer. Cette fois-ci, c'était à son tour de m'attraper, et je décidai rapidement de grimper dans un arbre pour être hors d'atteinte. Je m'assis sur une branche d'une certaine hauteur, tellement haut que j'avais du mal à voir Sirius en bas. Ma vision était altérée par la luminosité estivale, et ce ne fut que lorsqu'un nuage passa que je remarquai que la branche sur laquelle j'étais assis n'est pas du tout solide. Je me dis avec stupeur que je pourrais facilement tomber et que ce qui m'attendait en bas serait certainement la mort, et je fus comme tétanisé. Sirius, qui m'avait repéré, me cria de redescendre parce que « c'est de la triche ! » mais j'étais incapable de faire le moindre mouvement. Soudain, je sentis la branche craquer sous mes jambes : elle allait lâcher ! Pris d'un élan de courage, j'essayai de me diriger vers le tronc de l'arbre, mais ça ne fit qu'empirer les choses, et d'un coup, la branche céda. Mort de peur, pensant que je vivais mes derniers instants, je fermai les yeux pour ne pas voir ma chute. Je les rouvris quelques secondes après et me rendis compte avec surprise que je tombais tout doucement, comme une feuille en automne. Je me sentais très léger, comme si tout mon poids s'était envolé, et je voyais le sol se rapprocher peu à peu sous mes pieds. Dès que j'eus touché le sol, je levai la tête vers Sirius, qui avait tout observé. Il me regarda avec des yeux ébahis puis partit en courant vers la maison en hurlant à tue-tête : « Mère, Père ! Ça y est, Regulus a ses pouvoirs magiques ! »

Je sautai de joie, réalisant enfin ce que cela voulait dire. Sirius avait raison,  mes pouvoirs s'étaient enfin manifestés, comme ça avait été le cas pour lui il y a deux ans ! Heureux et profondément soulagé, je m'élançai à la poursuite de mon frère pour confirmer la nouvelle à Père et Mère et leur expliquer en détails ce qu'il s'était passé. Une fois mon récit terminé, je sautai sur mon lit et regardai le plafond pendant de longues minutes sans cesser de sourire. J'attendais ce moment depuis si longtemps ! J'étais maintenant sûr de ne pas être renié, déshonoré ou autres ! J'étais sûr d'être un sorcier et d'aller à Poudlard, je n'avais plus que quatre ans à attendre ! Je n'avais plus qu'une idée en tête, embarquer dans le Poudlard Express direction l'école des sorciers. Espérant que les années m'en séparant passe vite, je finis par m'endormir et rêvai de magie toute la nuit.

Au Seigneur des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant