neuf ans ou "au revoir et explications"

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Nous étions le premier septembre 1970, et c'était un grand jour. Sirius rentrait à l'école de sorcellerie Poudlard pour commencer sa première année. Il était tout excité, et moi, j'étais mitigé entre partager son excitation ou être triste qu'il parte. Lorsqu'on arriva à la gare de King's Cross, il y avait déjà énormément de monde. Sirius courut avec son chariot parmi la foule et Père, Mère, Andy, Cissy, Bella, Oncle Cygnus, Tante Druella et moi nous efforçâmes à le suivre.
Nous arrivâmes enfin devant le fameux mur à traverser pour arriver sur la voie neuf trois quart et Bella et ses parents passèrent en premier. Vinrent ensuite Cissy et Andy, puis Père et Sirius et enfin Mère et moi. J'appréhendais un peu de foncer droit dans un mur mais Mère me tirait déjà par le bras, alors je n'eus pas d'autre choix que de la suivre en courant. En fait, ce n'est pas aussi bizarre que ce à quoi on pourrait s'attendre, ça ne fait même rien du tout, et je dois dire que ça m'a un peu déçu, m'attendant à quelque chose de plus extraordinaire.

Mais pas le temps de réfléchir que tout le monde se pressait déjà pour ne pas rater le Poudlard Express. J'aurais voulu dire au revoir à Sirius, mais personne ne m'en laissa le temps ni l'occasion, alors je dus me contenter de l'observer monter dans le train et de lui faire un signe de la main, qu'il ne remarqua même pas. La déception se répandant dans mes veines, je suivis le wagon des yeux jusqu'à ce qu'il ait totalement disparu, puis Mère me tira à nouveau le bras pour rentrer.
Je n'attendais alors plus qu'une chose : que les vacances d'Halloween arrivent et que je puisse enfin revoir mon frère. Je sentais que ces prochains mois allaient être extrêmement longs et pénibles sans lui, et me dire que j'avais deux ans à supporter de cette façon me rendait malade. En cet instant, je plaignais les enfants uniques plus que n'importe qui. Comment pouvait-on vivre heureux sans frère ou sur ? Cette question me tirailla pendant des jours et des nuits, ce qui, au moins, m'a servi d'occupation dans cette attente désespérée et interminable.

Un jour, comme je repensai à l'arrivée de mes pouvoirs, le souvenir de la leçon morale de Sirius à propos des moldus me revint, et toutes les autres par la suite. J'avais déjà commencé à comprendre que je ne devais pas me fier à 100% à mes parents et que tout ce qu'ils disaient n'était pas vrai et irréfutable. Cependant, ce ne fut qu'alors que je me rendis compte à quel point Sirius m'avait enseigné des choses importantes et capitales. Il m'a appris que le fait de posséder des pouvoirs magiques ne nous rendait pas supérieurs aux autres, notamment les moldus, les nés-moldus et les cracmols, que toutes les maisons de Poudlard étaient égales et nobles, et que chaque personne méritait le respect. J'en avais tiré de profondes leçons, et dès lors, je considérai chaque être vivant sur terre comme un égal, même ceux dont il ne m'avait pas parlé, que ce soit les elfes de maisons, comme Kreattur, les Gobelins, les créatures magiques, les animaux et autres. Je n'avais pas vraiment l'occasion de montrer mes nouvelles valeurs dans la demeure des Black mais dès que je sortais au parc, j'usais du respect et de la tolérance qui bouillonnaient dans mes veines avec fierté, comme si c'était un pouvoir magique à part entière. Et tout ça, c'était grâce à Sirius. Je savais que je lui en serais reconnaissant à jamais. Je lui envoyai donc une lettre grâce à Callisto, le hibou familial, pour lui témoigner ma gratitude et le remercier, car bien que je m'en sois rendu compte assez tard, mieux valait tard que jamais. Malheureusement, je ne sus jamais s'il l'avait reçu car je n'eus aucune réponse, et quelques semaines après, j'avais déjà oublié l'existence de cette lettre.

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Presque deux mois plus tard, les vacances que j'attendais tant arrivèrent enfin. Tandis que Père était parti chercher Sirius à la gare, je trépignais d'impatience et vérifiais que Kreattur avait parfaitement nettoyé la chambre de mon frère. Lorsque j'entendis le « crac » sonore qui m'indiquait que Père et lui venaient d'atterrir dans le jardin, je descendis les nombreux escaliers de la maison plus vite que je ne l'avais jamais fait auparavant. Je franchis la porte d'entrée, prêt à prendre Sirius dans mes bras, quitte à subir des reproches quant à mon comportement enfantin, et dès que je le vis, je courus vers lui, le visage illuminé par un énorme sourire. Alors que j'allais le serrer de mes bras frêles, il se décala sur le côté, le visage sombre, et marcha vite jusqu'à sa chambre, me lançant : « désolé, je dois écrire à James. ». Il s'enferma à clé et je restai planté derrière la porte, profondément déçu et le cur en miettes.
Il n'était donc pas content de me revoir ? Ce "James" était visiblement plus important que moi à ses yeux, mais pourquoi tant de précipitation, si c'était un copain qu'il s'était fait à Poudlard et qu'il avait vu pas plus tard que tout à l'heure ? Et pourquoi ce visage si sombre ? Qu'avait-il pu se passer pour que tout ait changé à ce point et qu'il ne m'accorde plus le moindre intérêt ?
J'entendis alors des voix provenant du rez-de-chaussée : Père et Mère se disputaient. Je tendis l'oreille pour entendre le plus de phrases possible et essayer de comprendre ce qui n'allait pas avec Sirius :

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 03, 2020 ⏰

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