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Aarhon se tient devant moi, raide comme un piquet, attendant que je daigne enfin répondre à sa question aussi simple que futile. Il veut savoir si j'ai bien dormi. Mais encore une fois, je refuse de lui répondre, moi qui n'ai pas réussis à fermer l'œil, dans ce lit trop dure pour moi, entre ces quatre murs d'un blanc trop étouffant. Durant des nuits entières, je n'ai réussis qu'à m'éteindre d'un sommeil profond Grace au somnifère que me prodiguait les infirmières et infirmiers. Mais maintenant je n'ai plus le droit à tout ces traitements de faveurs. Et dans le noir complet, mes démons se sont fait un plaisir de l'assaillir à nouveau, trop heureux de me rappeler qui je suis, celle que j'étais et ce que j'ai fais.

« Tu ne veux toujours pas répondre ? Je pensais pourtant avoir été clair, tu dois sortir de ton mutisme. »

Nouveau silence. Je le regarde dans le blanc des yeux, sachant pertinemment qu'il ne peut pas être passer à côté des poches violettes qui accompagne mon regard. Je ne les ai pas vus, mais je les sens. J'ai la peau qui me tirent, les yeux lourd et pourtant l'idée même de fermer les yeux me fait frémir. Et s'ils revenaient ? S'ils venaient me parler encore comme ils se sont amusé à le faire cette nuit ?

« Tant pis pour toi. Je vais t'épuiser à la tâche Éléna. Puisque tu t'obstines a ne pas vouloir parler, le moindre mot que j'entendrais sortir de ta bouche te vaudra une heure de travail en plus. »

La sentence tombe enfin, comme je m'y attendais et je hausse les épaules pour lui montrer à quel point tout cela ne me touche pas. Je vois bien. Cette lueur inquiète qui brille au fond de ses yeux chocolat, je sais que je suis dur avec lui, peut être trop. Ce n'est pas lui qui a tué Éthan, ni Jöakim, que je n'ai pas revus depuis la veille. Pourtant, je leur en veux de m'avoir arraché à lui, alors que mon seul désire était de retourner le chercher.

« Suis moi. »

Encore une fois, je le suis sans broncher, les yeux rivés sur son dos. Si je le souhaitais, je pourrais rendre la main et lui arracher une part de sa vie, pour le punir d'avoir empêcher Éthan d'avoir une chance d'être sauvé. Je lui aspirerais sa vie comme je l'ai fait avec Rebecca, dans cette forêt ou Peter m'attendait, prêt à mettre fin à mes jours, pour son simple soulagement, pas pur égoïsme.

Rebecca et Peter... Avec du recul, il ne fait aucun doute qu'ils savaient tous les deux quel était mon rôle. Et peut être même que tout le monde l'avait comprit, sans vouloir vraiment l'avouer. Je n'ai pas été particulièrement discrète et ma présence sous le deux des projecteurs n'étaient qu'un indice de plus. Mais pourquoi ne pas avoir cherché à m'éliminer plus souvent, plus tôt ? Les occasions n'ont pourtant pas manqués. Mais je suis belle et bien en vie. Et je ne sais pas cette réalité me plait.

Mon cousin s'arrête devant une porte qu'il s'empresse d'ouvrir avant de me pousser à l'intérieur sans aucun ménagement. C'est sa manière bien à lui de me dire qu'il ne me ménagera pas, quoi que je puisse tenter.

Autour de moi, une énorme salle me fait face, parcourut d'arbre, d'herbe, de fleur, et de différentes rangés méticuleusement arrangés, que je deviner être faite pour des récoltes. Intriguée, je tourne ma tête d'abord à droites, puis à gauche, et enfin je tente d'apercevoir le moindre signe indiquant que nous sommes dehors. Mais rien, il n'y a que des murs et un plafond couleur jaune de cobalt, qui diffuse une fausse chaleur ainsi qu'une fausse lumière qui m'étouffe immédiatement. Rien n'est naturel ici, j'entends la terre me supplier de lui donner de l'eau, les feuilles des arbres me réclame une brise d'air frais, d'air vrai, bien loin de cette stupide ventilation qui remis les branches des jeunes pousses dans tous les sens. Les fruits à peine sortis et déjà mûrs, me réclame un rayon de soleil, unique et réel, les légumes me supplient de les aider et moi je suis là, les bras valant, avec pour seule envie : me boucher les oreilles et courir loin de cette pièce qui me parlent avec tant de douleur.

Survivre : l'affrontement Où les histoires vivent. Découvrez maintenant