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Assise sur un des nombreux fauteuils de cette longue pièce, j'observe Agnès s'affairer autour de moi, sortant plusieurs ustensiles sans prendre le temps de m'expliquer leurs rôles et leurs utilités, me laissant pour seul choix de boire le calice jusqu'à la lie. Je préférerais être dans ma chambre d'hôpital, loin d'ici, plutôt que de devoir attendre de subir de longs tests que je redoute.

« Tu n'as pas besoin de te crisper autant, je ne vais pas te torturer Éléna. Je suis médecin, pas bourreau. » dit-elle en pouffant d'amusement.

Elle s'approche de moi pose sa main sur mon dos, me demandant de prendre une grande inspiration, puis de tousser. N'est-elle pas censé utiliser un stéthoscope pour écouter ma respiration ?

« Tu veux bien enlever ta blouse ? J'ai besoin de voir tes côtes. »

Je m'étouffe avec ma salive et me met à tousser nerveusement, les joues rouge sous l'effet de sa demande.

« Ne soit pas si gêné, c'est moi qui t'ai guéris. Je t'ai déjà vus nus, c'est purement médical tu sais ? Tu es beaucoup trop jeune pour moi ! »

Rouge de honte et de nervosité, je n'ose pas relever, comme la plupart du temps depuis que je suis ici. A quoi bon ? Si c'est pour lui répondre que je n'aime pas les filles, je n'en vois pas l'interêt.

« Quel âge avez vous ? je demande malgré tout, en enlevant ma blouse après qu'elle ai fermé les rideaux des fenêtres.

— Oh ! Ta voix est tellement douce Éléna, après autant de temps sans parler, je m'attendais à quelque chose de plus... rocailleux peut être ? Oh pardon excuse moi. Oui, alors mon âge ? reprend-elle devant mon regard blasé. J'approche de la cinquantaine à vrai dire. Bientôt quarante huit ans. On ne dirait pas, hein ? »

Je la regarde sans la croire alors qu'elle prend un petit marteau entre ses mains pour testes les réflexes dans mes jambes, délaissant mes cotes alors qu'elle souhaitait les observer il y a quelques secondes à peine.

« J'ai cessé de vieillir lorsque j'avais vingt-deux ans. explique-t-elle en évitant mon regard. Je possède à un don régénérateur. Notamment avec les cellules. Ils fonctionnent aussi bien sur les autres que sur moi même. Il me permet aussi de savoir, d'un simple toucher, si quelque chose ne fonctionne pas, que ce soit interne, ou externe. En fait, mes cellules se détruisent et se régénère automatiquement.

— Vous êtes immortel ? je demande, trop poussée par ma curiosité.

— Pas vraiment. Physiquement je ne vieillit plus et mon organisme interne est en parfait état, mais les années ne peuvent pas être régénérée comme les cellules. Je vivrais peut être plus longtemps, mais pas au point de dépasser la cent cinquantaine d'année. Tu sais que ce pouvoir t'as sauvé la vie ? »

Elle pointe mon buste du doigt et je baisse la tête, observant une fois de plus la cicatrice qu'elle évoque, celle qui est là depuis deux moins maintenant. Depuis le départ d'Éthan. Depuis qu'il est mort, qu'il m'a abandonné, me laissant seul dans ce monde où je n'arrive pas à différencier ceux qui cherche à m'utiliser et ceux sur qui je peux réellement compter. Il était le seul pour qui j'aurais pu donner ma vie par simple preuve de confiance. Mais il est parti, comme tous les autres après lui. Et maintenant je suis perdue, m'accrochant à Taylor comme à une bouée de sauvetage.

Taylor... Le seul resté a mes côtés depuis ce tragique accident qui me tué de l'intérieure.

« Excuse moi... Je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenir. »

Pourtant c'est déjà fait. Déjà trop tard. Elle ne me les rappelle pas, elle ne fait que de les raviver plus fort qu'ils ne le sont déjà. Comme si tout mes cauchemars prenaient de plus en plus d'ampleur avec le temps, devenant de plus en plus insurmontable, un peu plus destructeur à chaque seconde.

Survivre : l'affrontement Où les histoires vivent. Découvrez maintenant