Détestons-nous

61 : Le championnat de volley.

La plage de Santa Monica regorge de monde. Cody traîne avec moi, alors que mon frère est parti chercher des boissons. Parfois, mon ami s'arrête pour saluer un collègue policier de Los Angeles, vu que nos deux villes coopèrent parfois ensemble pour retrouver des individus ; et qui lui demande des nouvelles. Cody va beaucoup mieux, il essaie de sortir pour des évènements de plus en plus souvent, essaie de marcher le plus possible pour réadapter son corps à l'effort physique, sans compter toutes ses séances chez le kiné. Dans quelques semaines, il espère reprendre le travail.

Aaron arrive avec des smoothies frais, alors qu'on se dirige vers les terrains de volley. Mes amis vont me tuer pour mon retard. Mais il y avait du monde sur la route quand Aaron nous amenait à Los Angeles, où se déroule le championnat de volley inter-lycées. 

Justement, quand j'arrive, je trouve Austin en train de motiver Diego, accompagné de son coach. Avant-hier, ses gars et lui ont gagné la première place au volleyball, par équipe. Ils ont déjà de quoi être fiers. Mais aujourd'hui, plusieurs d'entre eux concourent pour le beachvolley, qui se joue à deux, dans différentes catégories de niveaux. 

Austin prend soin de finir sa tirade avant de me rejoindre, et boire facilement la moitié de mon smoothie à la fraise. Merde, le célibat, ça a des avantages en fait.

Il salue Cody et mon frère avec un tchek, avant de me poser juste un baiser sur la joue. Je vois à son regard doux qu'il veut se faire pardonner pour l'absorption de ma boisson, mais non, ce n'est pas aussi facile.

— Pas trop stressé ? demande mon frère.

— Ça va. Par contre, Diego est au bout de sa vie.

— Mais vous êtes en finale, ça devrait le faire non ?

— Justement... On a peut-être battu tout le monde hier, aujourd'hui ce sera décisif. Toute la famille de Diego est venue l'encourager, c'est un peu stressant. Ils ne lésinent pas sur les moyens.

Je me tourne vers le groupe d'individus qu'Austin me montre du doigt, pour apercevoir les parents de Diego accompagnés de ses trois petits frères et sœurs. Avec des pancartes réalisées par ces derniers, avec des mots d'encouragement écrits au feutre. Je crois même apercevoir la grand-mère mexicaine de Diego avec l'une d'entre elles. On ne les rate pas au moins.

— Ton père est là aussi ?

— Ouais, venez.

Austin nous fait signe de le suivre jusqu'à une petite terrasse surélevée, où se trouvent les directeurs d'établissement scolaires entre autres, et quelques invités triés sur le volet. Parmi eux, se trouve Phillip, grand ami d'enfance de notre directeur, et surtout, père du capitaine de l'équipe de volley, qui fait des merveilles.

Je m'avance prudemment sur cette terrasse, où plusieurs hommes et femmes nous fixent bizarrement, avant d'apercevoir Austin. Ce dernier se dirige vers son père, habillé d'une chemise blanche assez ouverte et d'un pantalon de toile beige. Je me demande s'il ne meurt pas chaud. Un cocktail à la main, il discute avec notre directeur, avec son éternel costume trois pièces. Lui doit probablement transpirer son aise. Et à côté de Phillip, je vois un autre homme, polo noir et chic sur les épaules, lunettes de soleil et chaussures de luxe. On dirait une pub pour un parfum. Mais c'est juste Kasey, et je souris. 

Maintenant, Phillip sort à chaque évènement avec lui. Je crois qu'il s'en fout royalement de ce que les autres diront sur son nouveau couple. Il ne voulait que l'approbation de son fils. Austin m'a dit qu'il avait eu un peu de mal à se faire à cette idée, après tout, sa première rencontre avec Kasey s'était soldée par une bagarre. Je comprends qu'ils ne partaient pas en meilleurs termes. Mais Austin semble avoir pris du recul sur cela et fait des efforts, et semble désormais accepter pleinement que Kasey vive chez lui. En même temps, cet homme est super sympa. Bon, j'ai commis une gaffe incroyable la première fois que je l'ai vu en lui proposant une partie de Just Dance, il ne m'en a pas voulu. Il a juste éclaté de rire, en me déclarant que dans ce cas, il faudrait que je danse à cloche pied pour qu'on soit à égalité. Il est drôle aussi, pas très sérieux quand il est éloigné de son monde des affaires. Il ressemble tellement à Phillip que cela semble évident qu'ils soient faits l'un pour l'autre.