14 :53

23 mars

Clinique de l'Alma, Paris 7e

America Roy

Un bip régulier. Une douleur sourde dans l'abdomen. J'ouvre les yeux. Du blanc partout. Les draps, la lumière de néon, les murs, tout. Ma première sensation est l'éblouissement. Je pense alors avoir atteint le paradis, dans sa pureté et sa blancheur, mais c'est quand je me redresse et que la douleur, jusque là supportable, de mon ventre s'intensifie que je comprends où j'ai atterri. Je me laisse alors retomber sur le matelas blanc, bien sûr. Je tourne alors la tête et je vois ma mère avachie dans un fauteuil de cuir noir, seul élément tâchant cette blancheur immaculée. Elle semble endormie, je décide donc de ne pas la déranger.

Mais qu'est-ce que je fous ici? J'essaie en vain de me remémorer les derniers événements dont je me souvienne. Tout me revient d'un coup. Le bruit de moteur, l'homme cagoulé, le revolver et enfin ma chute sur la route.

-America?

-Euh, oui? répondis-je à la voix inquiète de ma mère

-Oh Am'! Tu es réveillée ! s'exclame ma mère en prenant ma main

-Oui maman, mais t'inquiètes pas ça va. J'ai juste un peu mal là, dis-je en pointant la source de ma douleur. Et je suis morte de fatigue aussi.

-Tu m'étonnes, tu t'es pris une balle en plein abdomen et tu as subi une opération derrière ça ! répond-elle en souriant enfin. As-tu le moindre souvenir de la personne qui a commis cet acte?

-Euh, c'était un homme à moto. Il était cagoulé. Il avait un revolver qu'il a pointé sur moi, lui dis-je les souvenirs encore embrumés. Après il a dit quelque chose, mais je ne me souviens plus trop quoi, lui répondis-je, le plus précisément possible 

-D'accord. Je vais prévenir les médecins et ton père. Je vais te laisser ma grande, essaie de te souvenir des détails en attendant, ça aidera les recherches, me lance ma mère en se levant avec un air autoritaire que je ne lui connaissais pas. Et repose-toi.

-Oui maman. Mais qui peut bien me vouloir du mal? lui demandé-je inquiète.

Ma mère me fixe intensément quelques secondes, sur le pas de la porte, avant de répondre:

-Je n'en sais rien. Sûrement quelqu'un qui a des problèmes mentaux.

Elle ne me laisse pas le temps de répondre et ferme la porte. J'entends ses pas s'éloigner dans le couloir très fréquenté de l'hôpital. Les réflexions m'assaillent : Pourquoi voudrait-on ma mort ? Comment m'a-t-on retrouvée sur la route ? Qu'est devenu l'homme cagoulé ? Pourquoi ma mère n'est-elle pas restée pour veiller sur mon état? Pourquoi m'a-t-elle assaillie de questions dès mon réveil?

Toutes ces interrogations trottent dans mon esprit lorsque la porte de ma chambre s'ouvre. Une médecin entre et me lance un grand sourire :

-Bonjour mademoiselle Roy. Comment vous sentez-vous ?

-Et bien je suis vraiment fatiguée et j'ai vraiment mal à l'abdomen dès que je me redresse, lui répondis-je en grimaçant face à la douleur lancinante dans le bas de mon ventre

-Alors vous avez eu beaucoup de chance car, si la police n'avait pas été aux trousses du criminel, il aurait été trop tard pour vous. Vous perdiez beaucoup de sang et nous vous avons donc fait une transfusion avec celui de votre mère. On vous a également opéré pour retirer la balle qui n'a heureusement touché aucun organe vital, je ne sais par quel miracle d'ailleurs. Il vous suffit donc de rester alitée jusqu'à la cicatrisation de votre plaie. D'ici deux ou trois jours tout sera rentré dans l'ordre, me débite-t-il d'un air très professionnel

Je ne comprends absolument pas pourquoi ma mère ne m'a rien dit à propos de cette transfusion et pourquoi elle est partie en coup de vent. Enfin, elle doit avoir des choses urgentes à faire.

-Un problème, mademoiselle ? me demande le médecin, sondant mon regard perdu

-Non, aucun. Merci beaucoup de m'avoir sauvé la vie, répondis-je en esquissant un pâle sourire  pour cacher mes doutes

-C'est mon travail mademoiselle. J'espère que vous serez sur pieds d'ici peu. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, sonnez une infirmière. En attendant, reposez-vous. Je repasserai ce soir, me dit le docteur en fermant la porte.

Encore une fois, je suis abandonnée à mes interrogations. Je décide de reléguer mes questions à plus tard et de me laisser tomber dans les bras de Morphée.

-

Au même moment

Capitole, siège du Sénat, Washington DC

Matthew Douglas, Président des USA

Je m'assieds sur la chaise qui m'est attitrée, au centre du demi-cercle des députés. Tous les membres s'asseyent, se demandant pourquoi j'ai convoqué une réunion d'urgence. J'aperçois le visage ridé de mon père en face de moi ainsi que celui du jeune Ryan Workins, à ma droite. Toutes les personnes assises me dévisagent, suspendus à mes lèvres.

-Bonjour à tous, sénateurs Américains. Je vous ai tous convoqués aujourd'hui car un agent de la mafia russe a attaqué une jeune fille hier. Ce n'est pas grand-chose me diriez-vous mais cet homme a été identifié avant son crime comme étant le mystérieux « Kaiser » qui a lancé de fausses informations sur notre pays pendant le Grande Crise.

Je mesure l'effet de mes paroles sur les hommes en face de moi. Tous poussent des exclamations choquées lorsque j'énonce le pseudonyme du mystérieux malfaiteur. Il y a 8 ans, lorsque nous avions cherché le coupable des diffamations sur l'arme nucléaire, nous avions seulement trouvé un échange épistolaire entre une couverture allemande et le fameux « Kaiser ».

-Il y a 8 ans, nous avons accusé l'Allemagne pour avoir commis de telles infamies mais lors d'un interrogatoire en France, après le crime d'avant-hier, l'homme a sorti des papiers russes. L'Allemagne n'était donc aucunement coupable. Nous savons de source sûre que cet homme est donc un mafieux.

Je marque une pause. Tous les sénateurs me fixent, visiblement très intéressés. C'est vrai que ce genre de réunion change des Conseils sur le climat ou le budget...

-Nous aurions donc pu le retrouver facilement si seulement la DGSE française ne l'avait pas laissé partir. Il s'est évadé de garde à vue hier soir et reste introuvable. Le directeur général du FBI, monsieur Ryan Workins ici présent, m'a transmis toutes ces informations avant-hier soir. Notre devoir est donc de retrouver cet homme et de connaître les raisons de son crime.

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