Chapitre 3 - La Terre est ronde

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26 Décembre 2010 – Caen

Point de vue d'Aurélien

9h00 du matin, je vins de me lever difficilement de mon lit, je devais absolument rassembler mes affaires, je repartais sur Paris ce soir. Mais ce fût le matin le plus dur de ma vie entière, tout ce qui s'est passé hier, c'était au dessus de mes capacités, je n'arrivais pas à passer outre tout ça. Pourtant, j'avais une vie parfaite, je commençais à être pas mal connu, j'avais une petite amie, je vivais sur Paris, ma famille était en bonne santé, et mon meilleur ami Gringe était fier de moi. Mais Cheryl, malgré les horreurs sortis de sa bouche, je ne voulais pas la perdre. C'était déjà fait. Elle ne voulait plus me voir, il fallait que je me fasse à cette idée. Rien que d'y penser, les larmes me montaient aux yeux. Aurais-je donc un cœur ?
Ahélya, à genoux par terre, était en train de refaire nos valises. Je ne lui avais encore adressé aucun mot, que lui dire ? Elle ne comprendrait pas cette relation que nous avions Gringe, Cheryl et moi. Elle avait d'ailleurs passé la soirée d'y hier à insulter Cheryl de tous les noms d'oiseau existant dans la langue français, et moi j'étais resté silencieux, après ce que je venais de vivre, j'écoutais même à peine ce qu'elle racontait.

12h30, assis autour de la grande table, accompagné de mes parents, mon frère, ma sœur et ma grand-mère, je mangeais dans le calme, sans dire quoi que ce soit, ce qui ne me ressemblait pas, ce n'était pas dans mes habitudes. La plus part du temps, je fais le pitre et il est impossible de me faire arrêter de parler et de dire les plus grosses conneries. Mon silence fût d'ailleurs bien remarqué de ma famille, tous me lançant des regards interrogateurs.

- La Terre appel Aurélien ! – S'écria ma grand-mère.
- Pardon mamie, je suis un peu fatigué.
- Aurélien, il serait temps que tu nous expliques, on t'a vu rentrer avec des cartons. Rétorqua ma mère. Tu as un problème avec Gringe et Cheryl ?
- C'est Cheryl le problème, elle a des grosses sautes d'humeurs, elle n'était même pas contente de me revoir. Et quand je lui ai présenté Ahélya, elle est montée sur ses grands chevaux, m'a fait des tas de reproches et elle a finit par me mettre dehors.
- Tu n'arrives jamais à tenir des relations de toute façon, que ce soit en amour comme en amitié. Répond mon père d'un air méchant.

Je sortis de table, et partis dans ma chambre. Les réflexions de mon père, les questions de ma mère, trop pour moi. Assis sur mon lit, ma tête posée entre mes mains, les premières larmes glissées le long de mes joues. Je me demandai ce qui pouvait bien m'arriver, je ne suis pas du style à pleurer, je suis un mec, j'ai une putain de fierté. Mais la je ne contrôlais plus rien, c'était beaucoup trop dur en encaisser.
Je fus sortis de mes pensées par la sonnerie de mon téléphone, je ne voulais parler à personne, je le laissais sonner sans y prêter attention. Mais à peine s'arrêtait –il de sonner, qu'il reprenait de plus bel. Je le sortis de ma poche, c'était Gringe.

- Mec tu casses les couilles, ça fait 5 fois que je t'appelle. Cria Gringe.
- Désolé mec, je n'avais pas entendu.
- Je voulais juste prendre de tes nouvelles, savoir si ça allait depuis hier.
- Ca va tranquillement et toi mec ?
- Aurel me prend pas pour un con, tu vas me dire que ce qui se passe avec Cheryl ne t'atteint pas ?
- Frère, je n'ai plus le temps pour ses gamineries. Cheryl veut faire sa jalouse, je laisse faire, ça lui passera.
- Je ne crois pas que ça passera, réveil toi ! C'est partit beaucoup trop loin. Cheryl ne reviendra pas vers toi, c'est terminé pour elle. Tu l'as abandonné. Là ce n'est pas une petite embrouille comme vous aviez d'habitude, où deux trois mots gentils et un câlin régleraient tout. Bouge ton cul un peu.
- Gringe, je lui ai assez dit les choses hier, j'ai voulu parler, elle n'a pas voulu. Tu verras, quand elle en aura marre, elle reviendra, à m'appelant tout les quart d'heure après de nombreux sms. Je l'a connais.
- Tu te trompes. Tu veux qu'on se voie ? Qu'on discute de tout ça ? Parce que, tu fonces droit dans le mur là.
- Non mec, je dois repartir sur Paris, on se rappellera.

Je fini par raccrocher, sans même écouter une moindre réponse de sa part. Il avait raison, je le savais pertinemment, mais je ne voulais pas me l'avouer, je ne voulais pas lui avouer à lui que je me retrouvais face au mur.



14 Mai 2011 – Paris

- Ouais allô !
- Aurel !! Tu te fou de moi ? Ca fait 3 jours que j'essaie de te joindre ! S'exclama Ablaye.
- Désolé, j'étais malade et-
- Prend moi pour un con, tu fais n'importe quoi en ce moment, c'est quoi ton problème ? Je te rappelle qu'on doit sortir ton album dans 4 mois et t'en branle pas une ! Tu veux notre perte ou quoi ?
- Pardon Ablaye, c'est juste un coup de mou, ça arrive, ça va passer.
- Et bien faut que ça passe vite maintenant, on a plus le temps ! On a prévu 16 morceaux sur cet album, il n'en manque plus que deux Aurel, tu arrives au bout ! Alors dépêche-toi d'écrire quelque chose, il te reste deux jours. Si dans deux jours, je n'ai toujours pas des feuilles gribouillées de texte, on stop tout je te préviens.
- Ablaye je-
- Je ne veux rien savoir, tu n'as plus le choix. Et ne me donne pas comme excuse que tu es en pleine rupture, c'est toi qui a décidé de dégager Ahélya alors tu assumes et tu me ponds ses deux titres.

Il avait raccroché sans même que je puisse répondre quoi que ce soit. Je ressentais une énorme pression sur mes épaules, il me restait deux jours pour deux titres, c'est impossible. Je n'avais plus d'inspiration depuis quelque temps, et contrairement à ce que peut penser Ablaye, la rupture avec Ahélya n'en était pas la cause.
La vraie cause, c'était Cheryl, cette situation me détruisait. J'avais beau donner des versions de l'histoire en ma faveur, jouais mon grand jeu d'acteur devant mes potes, elle me manquait. J'avais l'impression de comprendre sa vraie valeur, maintenant que j'étais seul dans mon malheur. J'ai pourtant essayais de la recontacter, de l'appeler, de lui envoyer des messages tous les quarts d'heure, je n'ai jamais eu de réponse. Elle avait même finit par changé de numéro.

Pendant un moment, j'avais essayé de l'oublier. Mais quand tu as passé 13 ans de ta putain de vie, accompagnée de cette fille, c'était impossible. Tous les chemins dans mes pensées me ramenaient à elle, chaque vieille photo de nous deux faisait l'effet d'un mauvais rappel.

Pourtant, il fallait absolument que je fasse le vide. Ablaye compte sur moi pour ce putain d'album. J'aurais dû finir tous les textes depuis un moment, mais mes vieux démons prenaient toujours le dessus sur moi : Tiser, passer le même disque en boucle avec ces chansons qui parlent de vivre en couple, dégouté, déprimé, déchiré, les neurones grillés, regarder les bouteilles s'empiler, remplir des cendriers. Je passais des jours entiers, tourmenté, les yeux fixaient sur le plafond, je passais mes journées à tourner en rond. Je réalise que je donnerais tout pour une machine à remonter le temps. Impossible. Elle l'avait dit, nous deux, ça allait finir mal. Finir mal ? Bon titre de chanson non ?

Je saisi un bout de papier qui trainé sur la table entre les cendre et les canettes vides, et j'écrivais, encore, toujours.


15 Mai 2011- Paris

Affalai dans mon canapé, le regard levé sur le plafond, je cherchai encore un brin d'inspiration pour écrire cette dernière chanson. Pourquoi c'est si dur d'écrire ? Il y en a des millions, des sujets à traiter. J'y étais arrivé parfaitement pour mon premier chef d'œuvre. Je me rendais vite compte que ma source d'inspiration c'était Cheryl, bien sur que c'était elle. Elle me donnait toujours des idées, elle était toujours présente à chaque écriture, et même le personnage qu'elle est, était une source d'inspiration. Comme quoi, même avec le succès, la gloire, l'argent, les fans et les tonnes de concert à travers le monde, la meilleure des ressources reste à la maison. C'est peut-être pour ça que la Terre est ronde. La Terre est ronde ? Bonne idée. Il fallait que j'écrive cette chanson et que je rentre chez moi, mon vrai chez moi.

Voici un petit chapitre de transition avant les nouveaux rebondissement.
N hésitez pas à y laisser vos impressions et ce changement de point de vue.

Cœur sur vous. Et merci.

La fête est finieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant