Chapitre 3

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Rien ne me laisse à penser que quoi que ce sois va changer, après tout, ça fais plus de 12 années que je mange les même croissants, bois le même lait, m'asseois à la même place et récite les même paroles comme une IA assise à une table ronde au centre de laquelle se dresse un œil qui pleur... Un peu comme les miens parfois... Souvent.. Nan, en fait tout le temps.

Que dire de ces gens qui passent dans les rues, que dire de ce bus, le 7, qui me hante chaque jour, de ces cris qui résonnent dans ma tête à tout jamais, de ces remarques qui restent gravées dans mon esprit, des pas, des leçons, des devoirs... Rien, on n'en dit rien parce qu'il n'y a rien à dire. C'est juste, la réalité d'un monde qui ne peut se développer qu'entre quatre murs.

À force de psychoter, je ne me suis pas rendue compte qu'il était déjà 7h40, je vois mon bus par la fenêtre. Je suis sortie en trombe et ai commencer à courir comme si ma vie en dépendait. Je ne sentais plus mes jambes, seul l'adrénaline me permettait encore d'avancer. Il était trop tard, j'ai finalement abandonnée à mi chemin, les poumons en feu. À l'arrêt, le panneau des horaires me fit comprendre que je n'avais plus qu'à partir à pied, le vent souffla un coup puissant à ce moment, comme pour se moquer de moi.

Le trajet vers le lycée est un véritable parcours du combattant, il faut traverser une forêt abîmée par le temps, emplit d'arbres centenaires qui ne laissent pas passer la lumière du jour, même avec une lampe torche il y fait toujours sombre. Heureusement qu'il y a une route, je la suis toujours lorsque je loupe mon bus, parfois je fais du stop mais ce matin, pas une seule voiture en vue. J'allais donc encore user de mes jambes. Je n'ai pas eu de problèmes pour traverser la forêt, une rumeur dit que des jeunes y traînent et qu'ils rackettent et frappent tout ce qui leurs passent sous la main. Ça fais 4 ans que j'emprunte ce trajet, je n'ai jamais eu de problèmes.

Je suis arrivée avec 10 minutes de retard, je ne suis pas une élève à souçis, la CPE me donna un billet de retard sans problème et lorsque je fus entrée dans la classe, c'est à peine si la prof m'avais remarquée. Cours de science ! Je le précise mais ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire, en réalité moi et les sciences c'est comme les maths. Sauf que contrairement à mon professeur de math, ma prof de science et pire qu'une mauvaise prof. Cynique, ironique, moqueuse, en bref, pas vraiment la définition d'un ange.

C'est la récré du matin, il est 10h05.
Mon banc est pris, ce qui m'énerve quelque peux car c'est le seul banc qui n'est pas face au lycée. J'ai beau ne pas aimée ces montagnes, je les préfères largement a ce bloc de béton difforme. En plus il est occupé par une bande d'imbécile qui se poussent sur le banc en gueulant. Au final je ne sais pas ce qui m'énerve le plus, ne pas avoir le banc, ou devoir m'asseoir au même endroit que ces imbéciles lorsqu'ils seront partit.

Finalement je me suis assise sur une barrière d'où on pouvait voir la pointe d'une montagne, le seul côté positif de ce lycée c'est qu' il est situé en hauteur et que la vue y est magnifique, en revanche, on ne vois pas la plaine de tout, c'est impossible, les plus haut sommets sont inaccessibles et les hauteurs accessible ne représente même pas le quart de la grandeur de ces montagnes. Elles sont... Dérangeantes, leur couleur rosée et les arbres sombres sur toute leur surface les rendent incroyablement effrayantes et belles à la fois. Je détourne souvent mon regard des montagnes quand je commence à les admirée, je ne les aimes pas, elles me bloque dans cette maudite ville, jamais je ne les aimerais, je suis intransigeante la dessus.

Si je déteste tant ces murs de pierre qui érigent ma prison c'est aussi car j'y ai perdu mon grand père, il était comme moi, fatigué de tout ça. Un jour où j'étais chez lui il m'a dit qu'il partait dans les montagnes, je l'ai supplié de rester, il ne m'a pas écouter. Plus jamais je ne l'ai revu. Il restera solidement encré dans ma mémoire.

Et voilà à nouveau la sonnerie. Je ne faisais même plus attention à l'heure lorsque je me suis levée, j'étais tellement plongée dans mes pensées que j'en ai loupé une marche ; c'est alors que je vis le sol s'approcher dangereusement, ces 0,5 secondes furent les plus longues de cette journée, j'ai eu le temps de me dire que tout le monde allait rire et que j'aurais l'air d'une imbécile.
Le choc fut rude mais la suite le fut encore plus, tout le monde se retourna, et je vis au ralenti les grandes gueules de ces idiots s'ouvrir pour laisser place à un fou rire incontrôlable qui m'énerva au plus haut point. Je me retins bien de piquer une crise, me releva, fixa d'un œil noir la foule en délire qui, à mon plus grand plaisir, se tut immédiatement en me regardant.

La suite de la journée se déroula de façon ennuyeuse bien que tranquille.

Je suis rentrée chez moi, me suis couchée et... Pff... Je vous apprend rien, suite ordinaire à la répétition incessante du quotidien qui traîne accroché à mes pieds... C'est... Impossible à décrire, cette sensation. Cette sensation qui vous rend aigri, triste, sans raison, comme si on avais besoin de ressentir ces moments où on se sent ingrats. Seuls... Surtout seule...

J'ai passée la nuit à griffonner des mots sur un papier trouver la, au sol dans ma chambre. J'ai posée mon casque sur mes oreilles et j'ai écris ma tristesse et ma rage sur du papier, j'ai écris des poèmes, des phrases sur tout et n'importe quoi, un oiseau par exemple :
"L'imaginaire nous montre les oiseaux,
Je vois le vent
L'imaginaire nous montre les plumes,
Je vois la légèreté
L'imaginaire nous montre les ailes,
J'y vois la liberté"

Bonne NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant