Chapitre 3 : Héra

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1er janvier 2020, quelque part en Afrique.

Chaud. Il fait chaud. Beaucoup trop chaud pour qu'elle soit dans son palais à l'Olympe. Oui, là-bas, des fontaines rafraîchissent les grandes salles blanches, et un vent frais agite continuellement les rideaux diaphanes. Elle adore les voir voltiger. Parce qu'il n'existe pas beaucoup de distraction pour la reine des cieux et des dieux. Quel dommage ! Elle aurait tant aimé s'amuser avec les autres dieux, faire des cabrioles et jouer à cache-cache ! Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Elle n'a pas 4 ans, elle est Héra !

En se redressant sur ses coudes, Héra aperçut son époux. Sa beauté singulière l'avait séduite dès le premier jour, sa force et sa tranquillité l'avait rassuré. Leur couple était un modèle pour les êtres humains, à l'époque des Anciens Grecs. Une pointe de jalousie traversa son cœur : comment pouvait-elle supporter son infidélité ?Absurde... Héra couvrit son visage avec un châle. Sa peau blanche et délicate ne supporte pas les rayons agressifs du soleil. Un détail la frappa subitement : Zeus se trouvait à terre, avec Dionysos, Héphaïstos et Arès, allongé sur un sol jaunâtre. La déesse se redressa et épousseta sa tunique beige. Elle secoua son mari dans l'espoir de l'éveiller. Un doute perçait dans son cœur mais elle refusa de croire que... Non, ces compagnons n'étaient pas morts ! Comme pour lui donner raison, Arès ouvrit un œil et grogna de douleur. La déesse stoppa son geste, le souffle court : le torse musclé du dieu, moulé dans un T-shirt noir, lui sembla brusquement attirant. Non, impossible, elle est la déesse du mariage et de la fidélité, pas cette prostituée d'Aphrodite ! Arès cligna ses yeux brun-rouge et s'assit sur le sol. Héra se releva et s'éloigna. Le soleil tapait sur son crâne avec violence. Où était-elle ? Pourquoi Zeus était-il évanoui ? Que faisaient les autres dieux ?

- Héra, murmura une voix rauque.

- Zeus, s'écria la déesse en se précipitant sur lui. Elle prit délicatement la tête du dieu sur ses genoux.

- Ma femme, chuchota le dieu aux yeux gris-foncés.

Héra sourit : c'est l'une des premières fois où Zeus l'appelle ainsi.

- Mon mari, repose-toi, je t'en prie.

- Beurk, on se croirait dans un roman à l'eau de rose. L'homme et sa femme pétrit d'amour l'un pour l'autre, baignant dans un océan de tendresse ! Cracha Arès.

- Oui, c'est sûr que toi, avec la guerre, tu ne conçois même pas le mariage ! Pour toi, une femme n'est qu'un trophée de guerre que l'on prend comme on a pris sa ville : avec violence et fureur !

- Que de véhémence belle Héra. De votre bouche cela ne sied guère, ironisa le dieu de la guerre avec un sourire sardonique.

- Arès, ose me dire que je n'ai pas dit la vérité sur ton compte.

- Je l'avoue, j'ai pris de nombreuses femmes sur les champs de batailles. Mais sache que depuis ma liaison avec Aphrodite, j'ai du respect pour vous, les femmes.

- Cette liaison me répugne, tu le sais pourtant Arès.

- Oh, pardonne-moi, j'oubliais que tu avais bénis le mariage d'Aphrodite et d'Héphaïstos, ton fils boiteux et difforme.

- As-tu fini tes insinuations méchantes et pathétiques ?

- Non !

Arès se jeta sur Héra qui poussa un cri. La déesse tenta de repoussa le dieu mais celui-ci trouvait amusant de l'étrangler. Jusqu'à ce qu'une puissante main se referme sur son cou et lui broie la trachée. Incapable de respirer, Arès lâcha la déesse qui s'écroula inconsciente sur le sol. Aussitôt l'air emplit ses poumons et Arès se tourna vers son frère.

- Zeus, commença-t-il.

- Ne refais jamais ça, gronda le dieu.

- Bien évidemment.

Zeus se pencha sur sa femme ; elle lui parut bien plus jeune que d'habitude. Sa frêle silhouette étendue sur le sol, ses cheveux roux telle une corolle de feu autours de sa tête, sa peau blanche ravivèrent sa passion pour elle. Ses paupières papillonnèrent et, entre les longs cils, il aperçut ses yeux d'un vert ardent. Héra dévisagea longuement son mari. Elle sentit une émotion nouvelle dans son regard, un amour naissant pour... elle ?

- Zeus ? Hésita la déesse.

- Tu vas bien ? Arès ne t'a pas fait trop mal ?

- Non, ça va. Mais..., tu... ?

- Oui, je l'ai empêché de te tuer.

- De me tuer ?! Je suis une déesse, je ne peux pas mourir Zeus !

- Nous sommes des humains. À cause d'Éris, grommela Arès.

- Non, souffla Héra.

Les trois dieux se dévisagèrent, puis leurs regards tombèrent sur leurs deux compagnons toujours inconscients. Héra commençait à comprendre la gravité de la situation : elle devait absolument retrouver ses deux attributs ! Et le plus tôt serait le mieux, songea-t-elle en apercevant le regard haineux que le dieu de la guerre lui lança.

Olympie, ou les dieux de l'Olympe sur TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant