Olympie, ou les dieux de l'Olympe sur Terre

Chapitre 5 : Déméter

18 janvier 2020, quelque part au Groenland

La jeune femme secoue la tête, légèrement étourdi. Ce faisant, ses pieds s'emmêlent une nouvelle fois et elle chute sans bruit. Athéna jure en la découvrant à terre.

- Les gars, arrêtez vous, Déméter s'est encore cassé la gueule.

Hadès la regarde avec les larmes aux yeux.

- Tu t'es fait mal ? Lui demande t'il en reniflant.

Elle fait non de la tête tandis que Poséidon la relève d'une main. Elle remercie silencieusement son frère d'accepter sa présence. La déesse sait qu'à cause d'elle, ses deux frères et sa nièce vont sans doute échouer dans leur quête personnel, les privant tous de leurs statuts divins. La supplique habituelle lui vient aux lèvres, toujours la même depuis le début de leur périple.

- Laissez moi, je ne fais que vous ralentir.

Sans même se retourner Poséidon lui répond.

- Déméter, tu sais bien qu'on ne va pas faire ça, alors arrête de le répéter tous les jours.

- Mais je ne fais que vous gêner et vous ralentir ! Je passe mon temps à tomber !

- Ouai, et Hadès a dû pleurer près de vingt litres d'eau pourtant on l'accuse pas de gaspiller des mouchoirs.

- Je gaspille les mouchoirs ? S'étonne le dieu.

Les larmes envahissent aussitôt ses yeux.

- Et merde, lâche Poséidon.

Déméter sent que la patience du dieu des océans arrive à la limite. Il ne manquerait plus qu'Athéna agresse quelqu'un et Poséidon exploserait de colère une fois de plus, comme c'est déjà arrivé trois fois depuis leur humanisation. Aussi, quand la déesse voit sa nièce dresser l'oreille et commencer à sortir son arc, elle l'a plaque au sol. Avec raison, songe t-elle en découvrant un enfant tremblant de peur qui les observe avec effarement.

- Tu ne crains rien, le rassure t-elle.

L'enfant déguerpit aussitôt. Poséidon relève Déméter sans soupirer pour une fois.

- Pourquoi tu as plaqué Athéna ? La questionne t'il.

La jolie blonde décide de jouer la carte de l'innocence.

- Moi ? Plaquer Athéna ? Poséidon, voyons, j'ai juste encore trébuché. Il y a beaucoup trop de racines dans cette forêt.

Hadès se met à rire.

- En même temps s'il n'y avait pas de racine dans une forêt ça serait bizarre.

Poséidon plisse les yeux et scrute Déméter. Il ne l'a pas cru. Tant pis, il devra se contenter de ça. Elle époussette sa jupe et se remet en route, goûtant la fraîcheur de l'air avec joie. Une ethnie locale leur avait fourni des vêtements adaptés dans le dernier village qu'ils avaient traversé, don accueilli avec bonheur par les quatre jeunes gens frigorifié. Les nuits étaient vraiment froides, et un simple feu de camp peinait à les réchauffer. Hadès était le seul à être apparu avec des manches longues, avantage certain sur ses compagnons en tenue d'été et Poséidon avait au moins des basket épaisses. Athéna et Déméter avaient rapidement eu froid, avec leurs robes légères. Et Déméter n'avait aucune chaussures. La jeune femme se réchauffe les mains en les frottant l'une contre l'autre tout en se remémorant l'état de ses pieds après deux jours de marche intensive et de chute. Quelle misère. La déesse de l'agriculture retient un soupire las. S'ils n'ont pas déviés, ils devraient arriver près d'un port dans la soirée. Sauf qu'aucun d'eux n'a d'argent sur lui. Poséidon possède bien quelques Drachmes mais ça n'est plus une monnaie très courante chez les humains. Ils vont encore devoir dormir dehors. Et ils ne savent même pas comment prendre le bateau pour traverser l'océan Atlantique et rejoindre l'Islande puis l'Angleterre. C'est Poséidon qui leur a conseillé de prendre la mer mais la déesse n'est pas convaincu que ça soit une bonne idée. Ici ou ailleurs, de toute façon ils n'arriveront jamais à récupérer leurs deux attributs divins. Ils ne savent même pas ce qu'Éris appelle attribut divin bon sang ! Elle peste intérieurement et se prend le pied dans une pierre. Aussitôt son corps bascule mais pour une fois elle ne s'écrase pas au sol. Poséidon l'a rattrapé avant qu'elle ne s'étale.