Les mots n'équivalent pas le regard~Columbine

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Cela va faire 20 minutes que je marche en silence main dans la main avec Théo.

C'est bizarre mais je me sens en sécurité avec lui. J'ai l'impression de le connaître depuis toujours.

On arrive dans une sorte de bar abandonné.

Je m'assois sur une banquette miteuse et la source de mes problèmes s'allonge, la tête sur mes cuisses.

Théo-Je t'écoute.

Moi-Je suis orpheline depuis mes 12 ans. Je suis allé vivre chez mon frère qui avait 19 ans à cette époque. Je l'aimais plus que tout. Mais je voyais qu'il souffrait, plus que moi. Quelques mois après ma majorité il s'est suicidé. "J'ai accompli ma mission". Donc depuis je me coupe. C'est le seul moyen que j'ai pour garder liens avec...

Théo- Marine le sait ?

Moi-Personne à part toi. Et Élise.

Théo- Qui ?

Moi-Élise est ma soeur, et était ma meilleure amie un temps. Si on peut appeler ça une soeur. Mais on se parle plus. Et j'aime Marine. Donc je ne veux pas la perdre.

Théo- Pourquoi ?

Moi-Je pense que t'en sais assez pour aujourd'hui.

Personne ne parle, mais le silence en dit assez. On se regarde, il lit en moi comme un livre ouvert. J'arrête pas de me perdre dans son regard. C'est assez déstabilisant. Mais plaisant. C'est comme si il n'y avait que nous. Pas de frère, de soeur, de Marine.

Parce que les mots n'équivalent pas le regard, personne n'ose briser ce silence qui nous enveloppe comme une chaude couverture d'hiver.

Je joue avec ses cheveux et lui explique que je n'ai nulle part où dormir cette nuit étant donné que je cohabite avec Marine.

Théo-T'habites là-bas autant quelle.

Moi- Tu l'aimes ?

Théo- Je pense pas. Aimer est un bien grand mots.

Moi-J'aimerais rester là toute ma vie.

Le soleil commence à se coucher.

Théo mets sa capuche et commence à se lever. Je fais de même.

Théo- Moi aussi.

On marche vers chez moi. Toujours main dans la main.

Il me raconte son enfance, plutôt paisible, je ris aux anecdotes qu'ils partagent avec le groupe.

Et en ce qui me semble une minute on est arrivée.

Il met la main dans sa poche et en sors un tout petit papier qu'il glisse dans ma main. Ce contact fait battre mon coeur à une vitesse folle. Respire.

Théo- Texte moi.

Il commence à faire demie tour.

Une boule se forme dans mon ventre. Je n'avais pas pensé à ce qui va se passer.

Je mets le papier dans ma poche et toque.

Marine ouvre, les joues noirs. Elle a pleuré.

Pour moi ou Théo ?

Elle me serre dans ses bras.

Je lui rends son geste, soulagée.

Marine- Je suis désolée j'ai été une vraie salope

Moi-Je confirme

On rigole un bon coup.

Je monte dans ma chambre et enregistre le numéro de Théo.

Moi à Théo :

 Tu lui as parlé ? Elle m'a serré dans ses bras et s'est  excusé. Merci pour tout 

J'hésite à mettre un petit coeur mais je me dis que je m'emballe pour rien, après tout nous sommes amis...

Théo à moi: 

Je sais je suis génial, pas besoin de me remercier Sarouche❤