À tous ceux qui ne liront jamais ce livre...

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Adressé à mon entourage de la vie réelle.

Beaucoup de gens se sentent mal. Beaucoup trop. Je le sais, et j'ai beau essayer, je n'arrive pas à les aider.

Ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils ont fait de mal et qui voient pourtant leur monde s'enfuir. Ceux qui côtoient le même problème chaque jour.

Ceux qui ont le sentiment que ça ne va pas, sans pour autant réussir à mettre un doigt dessus. Ceux qui essaient de comprendre sans savoir qu'ils s'y brûleront les ailes.

Ceux qui ont le coeur brisé, ou le corps, ou l'esprit. Ceux qui ont arrêté de vivre.

Ceux qui essaient de tout arrêter, de tout abandonner.

Ceux qui ont tout oublié, la souffrance, la douleur, la joie, la peine, la tristesse, la colère, la vie.

Ceux qui, comme moi, n'ont plus goût à rien, ceux qui encaissent tout et qui attendent la fin.

Qui sourient matin et soir, qui rient. Qui meurent. C'est le cas de toutes ces personnes, toutes celles que vous voyez tous les jours et dont, au fond, vous ignorez tout.

Celles qui sont en larmes.

"- Ça va ? Pourquoi tu pleure ?

- Oui, ça va, c'est rien. J'avais une poussière dans l'oeil.

- Ah, ok.
Mais s'il y avait un problème, tu viendrais me voir, pas vrai ?

- Mais oui, bien sûr, t'en fais pas.

- Ok. Parce que je serai toujours là pour toi.

- Oui, oui, je sais."

En fait, dans ces cas là, on pense plutôt : "Oui, oui, c'est ça. Bien sûr. Cours toujours."

Si on est pas venu vous voir avant, on ne viendra pas vous voir après.

Alors oui, je suis conne, complètement conne, et je l'assume. Vous êtes tous à dire que vous êtes là, que je peux vous en parler, que ça ira mieux et tout le reste. Abandonnez. Je suis conne parce que je sais déjà que si j'en parlais, vous me tourneriez le dos. Par peur.

Et je vous vois, tous, je vous entends, à dire que vous ne vous éloignez pas, que vous cherchez une solution. Que vous avez peur pour moi. Seulement, je vois à travers vos mots, et je sais que, en réalité, ce n'est pas pour moi que vous avez peur, mais de moi. Alors oui, je vous comprends. Je comprends que vous partiez, que vous flippiez, que vous cherchiez à vous protéger. Parce que tout le monde est comme ça. On craint l'inconnu. Et c'est clair qu'on a du mal à comprendre une fille de douze ans à peine, relativement jolie, très mince, avec une excellente moyenne, qui s'affame et se mutile. Oui, ça fout les chocottes.

Mais le pire dans tout ça, c'est que ce que vous dites ne ressemble même pas à des mensonges, pour vous. Vous avez réussi à vous convaincre que ce que vous dites est vrai.

Mais non. Non. C'est faux, complètement faux. Mais vous ne vous en rendez pas compte.

Vous croyez vos propres mensonges prononcés consciemment.

Ça, ça me dépasse.

Oui, je suis conne. Triste. Vide. Dépressive. Anorexique, insomniaque, parano. Suicidaire. Et je l'assume. De toute manière, puisqu'il est si difficile d'avoir une vie normale, j'ai décidé que je mettrai fin à mes jours. Je ne sais pas quand, comment. Mais je suis sûre d'une chose.

C'est de ta faute.

Si tu m'aimaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant