Coucou.

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Coucou. Salut. Hey.

Angel.

Voilà. Je suis désolée. En fait, je ne sais même pas quoi te dire. Quelle conne je suis. Et cette fois, pas la peine de me dire que ce n'est pas vrai.
En même temps, tu n'en avais sûrement pas l'intention...

Tu sais quoi ? Nan, je ne m'en fous pas.

Je sais que tu ne vas pas bien.
Que ta mère va mal.
Que tu ne dors plus.
Que tu as des problèmes de santé cardiaque.
Que tu souffres.
Que tu as été anorexique.
Que tu veux te mutiler.
Que tu écris trop bien.
Que tu as 15 ans.
Que tu as envie d'en finir.
Que tu as une copine.

Ou alors, sur tout ça, tu m'as menti.

Voilà.

Et j'aimerais bien m'inquiéter pour toi. Sincèrement. J'aimerais bien.
Mais quand t'es vide, que tu ne ressens plus rien... comment faire ?

Oui, je sais. Je t'ai déjà dit tout ça.

Maintenant, pardon Angel, mais t'es pas la seule.

Scuse moi, princesse, mais t'es pas la seule à avoir mal.

Voilà.

Je sais que tu as besoin d'attention. Que je te dise que je vais bien. Que je veux t'aider.
Je sais que tu as une psychologie proche de la mienne.

Alors je sais que tu ne supporte pas que je te dise que je ne vais pas bien. Que j'ai envie d'en finir.

D'un côté, tu veux m'aider. À aller mieux, même si tu penses que c'est sans espoir, tu veux essayer.
De l'autre... Tu m'en veux un peu. Parce que c'est tellement simple de me croire quand je fais semblant.

Angel. Tu sais quoi ? Toutes ces fois où je disais que ça allait bien, ou pas mal... Toutes ces fois où je riais... je pensais au suicide.

Voilà, c'est dit.

J'ai mal, Angel. J'ai mal, tellement mal que ça ne va plus. Que je ne ressens plus rien. J'ai un vide atroce au coeur, un vide oppressant... j'ai mal, moi aussi.

Tu sais quoi ? Je t'ai fait des faux sourires.

Voilà, ça aussi c'est dit.

Angel, je me mutile chaque soir, plus, plus loin, plus long, plus fort. J'ai toujours ma lame sur moi. Toujours.

Je ne mange plus, ou à peine. J'essaie de vomir, je cours tous les matins, et tous les soirs je fais du sport.

J'ai des migraines horribles, mes yeux voient flou, j'ai du mal à respirer.

Et pourtant, tu veux que je fasse attention à toi. Pardon Angel, mais moi, qui va tenter de me sauver ? Qui va m'aider, qui va faire attention à moi ?

Je suis juste trop lasse de vivre. Trop lasse de moi, de ma mentalité, des autres.

Je ne me supporte plus. Lorsque je me regarde dans le miroir, c'est jamais dans les yeux.
Je me demande qui est cette fille que personne ne comprend.
Pourquoi elle est malheureuse.

Et là je me rends compte que cette fille, c'est moi.
Alors les voix reprennent.

Ça m'étonnerai que tu lises ça. En fait, je me demande pourquoi tu me suis encore.
Si j'en ai rien à foutre. Si je t'ai prise pour une conne. Si je suis folle.

Bref. Donc voilà. Merci de ces éclaircissements sur ma personne, c'est trop d'honneur que tu me fais.

Pardon d'être insensible. Pardon d'être tellement nulle. Tellement conne, tellement intello.

Voilà. C'était un texte bien nul, comme d'habitude.

N'allez pas l'insulter. Enfin, personne n'en avait l'intention, je ne pense pas le mériter, de toute façon.

Angel, je n'écris pas parce que je me sens mal. Parce que je regrette. Parce que je culpabilise, parce que je veux que tu t'excuses, parce que je veux que quelqu'un fasse attention à moi.
Mais je sais que c'est ce que tu vas penser.
Je ne t'en voudrais pas, parce que moi même j'ai une estime de moi si faible que ça m'étonne que ce geste ne soit pas intéressé.

Enfin.

Je vous remercie de votre attention.

Bien cordialement,
Remplaçable.

Si tu m'aimaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant