Chapitre 1

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Helsinki - Finlande

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Septembre 2011

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Il a fallu seulement deux jours aux policiers du commissariat d'Eastern Uusimaa Police Department d'apprendre la terrible nouvelle. Jaska Koskinen, collègue et dévoué ami de Korhonen, avait été le premier à vomir. Oui, vomir. C'était juste répugnant à voir. Je vous l'assure.
Puis se fut au tour du lieutenant de police, Sakari Laitinen. Lui, qui venait seulement d'être promu au rang de lieutenants, ne pensait pas tomber sur de telles scènes de crimes. Sakari était assez grand, un visage émincé avec des yeux d'un noir profond. Comme ces cheveux d'ailleurs. Il était plutôt quelqu'un de réservé, toujours dans son coin à dévorer chaque parcelle du bouquin que sa mère lui avait offert tantôt, pendant sa période de convalescence. «Tout connaître sur le nettoyage : astuces + conseils pour un appartement nickel». En effet, Sakari Laitinen était un fana de propreté. Tout devait être parfait ; pas un gramme de poussière par-ci, pas un bibelot mal rangé par-là. Alors oui, le savoir lieutenant de police, sa mère avait tout de suite refusée. Déjà parce qu'un policier en soi, ça pouvait mourir à n'importe quel moment ; un déséquilibré mental pouvait accourir d'une minute à l'autre, armé jusqu'aux dents et faire un massacre considérable. Et puis ensuite parce que ménage et scène de crime ça n'allait pas ensemble. Annikki Laitinen, mère poule, s'était basé essentiellement sur cet argument-là.

« Si tu rentres dans la police, tu ne pourras plus suivre ta passion ! Réfléchis mon fils, quand tu tomberas sur des assassinats avec tout l'horreur qui va avec, voir dans quel état se trouve la maison et surtout les victimes, tu seras dans une sorte de besoin permanent de tout vouloir ranger, de tout aspirer, de tout essuyer, de tout chif...
— Stop ! Ça suffit comme ça ! J'ai bien compris que tu ne veux pas que je devienne flic, que je risque peut-être chaque seconde de ma vie dans ce métier-là, mais non, maman. Je rentrerai dans la police si je le veux ! Alors oui, peut-être que j'aurais ce «besoin», comme tu dis si bien, de faire le ménage au sein de ces demeures ou de ces lieux plus que malpropres, mais j'ai aussi besoin de rendre justice à ce putain de monde ! Savoir que des malfrats de toute catégorie confondus sont encore en liberté plutôt que de croupir au fin fond d'une prison, et bien oui ! Tout ça me met hors de moi ! Tu diras ce que tu voudras, je ne changerais pas d'avis ! Merde à la fin, cria-t-il d'un ton coléreux.
— Sakari ! Ne me parle pas sur ce ton ! Je n'ai pas envie que tu finis comme ton père ! Et arrête de jouer les héros, bon dieu ! Tu n'es qu'un simple homme parmi tant d'autre, les méchants ne feront aucune différence que tu t'appelles Laitinen ou je ne sais trop quel autre nom ! Le sang qui coule dans tes veines est le même que celui de ton père ; la hargne, le combat et la persévérance sont dans ton corps, dans ton esprit, alors s'il te plaît Sakari, ne fait pas les mêmes erreurs que lui, sanglota Annikki.
— On va stopper cette conversation d'accord ? Parce que là, je sens que je vais plus que m'énerver. »

Voilà comment se terminait chaque conversation depuis le départ précipité de son père. Pleure, chagrin et colère. Voilà dans quels états étaient la mère et le fils. Un homme de moins à la maison, ça créait toujours quelques tensions. Qui pouvait reprendre ce rôle ? Annikki ? C'était une femme, avec trois autres hommes dans la maison, son autorité aurais vite déchanté. Sakari ? Certes le plus grand de la fratrie, mais le moins susceptible de faire régner le calme et la sérénité.

***

« Ben dis donc, si on m'avait dit un jour que ce boulot pouvait être aussi dur que cela, jamais j'aurais signé, ça, je peux te le dire, ronchonna Sakari Laitinen.

L'enfant du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant