Chapitre trois : nos souvenirs

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Lorsque notre petit groupe eut quitté la Fnac, ça sentait la fin de notre après-midi « je vide mon porte-monnaie ». Le ciel avait déjà pris une teinte rouge-orangée, et comme la fraîcheur du soir s'était installée, nous avions enfilés nos blousons. Il y avait nettement moins de monde que tout à l'heure dans la rue piétonne, des employés de bureaux tout de noir vêtu s'étaient mélangés parmi les touristes, et le bruit métallique des stores de certains magasins se fermant s'était mêlé à celui que faisait la foule. Nous avions marché tout l'après-midi, et on le sentait à la douleur dans nos jambes.

— Bon, on fait quoi ? Demandait Gabriel en se tournant vers nous.

Il nous avait ôté les mots de la bouche. Et comme la plupart d'entre nous comptaient poser cette même question, personne ne pût vraiment lui répondre. Tandis que Carla se battait avec certains pour qu'ils acceptent de porter ses sacs soi-disant « trop lourds », et que d'autres réfléchissaient à un moyen de prolonger cette sortie, je baissais la tête pour regarder ma montre. Moi qui m'attendais à retrouver la petite aiguille entre le 6 et le 7, je fus surprise de constater qu'elle était déjà pratiquement sur le 8. Mes amis furent un peu déboussolés eux aussi, lorsque je leur fis parvenir cette information ; personne n'avait vu le temps passer. Quelle ironie, quand même, de se dire que les secondes paraissent des heures lorsqu'on fait quelque chose de barbant, mais que dès qu'on commence à un peut s'amuser, les heures paraissent des secondes tout à coup... !

— Si vous voulez on peut passer le reste de la soirée chez moi. Déclarait Louis tandis que nous tournions tous la tête vers lui, Mes parents ne sont pas là jusqu'à demain, alors on sera tranquille.

Personne ne s'opposa à cette proposition, et moi, comme je n'avais rien à faire à part regarder Run BTS à la maison ce soir, j'acceptais aussi. Ceux qui devaient demander la permission à leurs parents avant de changer de programme sortirent leur téléphone. Ceci fait, on commençait à se diriger vers l'appartement de Louis. Moi, je n'avais pas besoin d'appeler mes parents. Même s'ils avaient décidé de contrôler la régularité de mes sorties quelques mois plus tôt, le fait que je puisse aller où je voulais avec qui je voulais autant de temps que je voulais lorsque je sortais n'avait pas changé ; de simples SMS leur suffisaient.

•.*.•

Nous connaissions l'appartement de Louis comme si c'était le notre, car la plupart d'entre nous — dont moi — s'y rendait pour déjeuner le Jeudi, lors de la pause déjeuner qui était exceptionnellement de 2 heures au lieu d'une. Il était situé au quatrième étage d'un immeuble haussmannien du neuvième arrondissement de Paris. Ce qu'on aimait bien chez lui, et qui différenciait aussi son appart du notre, c'était la grande terrasse sur laquelle on pouvait déjeuner lorsqu'il ne faisait pas trop froid. Louis avait beau être fils unique, son appartement faisait deux fois la taille du mien (et nous sommes 6 chez moi hein). Et comme sa mère travaillait dans le design scandinave, toutes les pièces de l'appartement étaient agencée d'une façon très minimaliste que je trouvais particulièrement jolie.

— Pâtes ? Nous criait notre hôte depuis son bar en essayant de parler assez fort pour couvrir tout notre brouhaha.

On se concertait quelques secondes, puis Gabriel se retournait vers notre cuisinier en levant un pouce affirmatif.

— Ça tombe bien parce-qu'en fait vous n'aviez pas trop le choix... Il marmonnait pour lui-même en retournant à ses fourneaux.

Cela allait faire un peu plus d'une demi-heure que nous étions arrivés chez lui, et tandis que certains d'entre nous se ménageaient dans la cuisine pour faire à manger, nous autres, c'est-à-dire, les flemmards du groupe, nous nous étions installés dans le salon, à notre aise, discutant et jouant à Super Smash Bros sur la Wii de Louis, en attendant que le dîner soit prêt.

Park JiminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant