Exil

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    Trois jours plus tard chacun avait pu s'exprimer. Les Anciens prirent deux jours supplémentaires pour en discuter.

    Durant ce laps de temps Lilie elle-même avait été contaminée par son frère, et tous deux ont été mis en quarantaine afin de prévenir une éventuelle contamination du reste des villageois. Et toujours aucun signe des Bienfaiteurs.

    Le délibéré fut à nouveau donné dans la Grande Salle. Cette fois en revanche la quasi totalité du Village était présente. Des murmures inquiets précédèrent l'arrivée des Anciens, qui, un à un, s'assirent sur l'estrade.

- Merci de vous être déplacés, commença le doyen une fois que le silence fut fait dans la salle. Nous avons eu des décisions à prendre, et cela n'a pas été simple car nous ne sommes pas habitués à gérer les situations de crise.

    Il prit quelques instants pour rassembler ses idées.

- Nous nous sommes jusqu'à présent appuyés sur la présence intangible et les dons des Bienfaiteurs, et nous avons toujours considéré cela comme acquis sans jamais penser que des jours comme ceux que nous vivons actuellement pourraient arriver. Toutes les difficultés que nous avons rencontrées ces dernières décennies ont été indirectement réglées par eux. Par conséquent, et je ne vous apprends rien, nous nous sommes laissés vivre et nous sommes entièrement dépendants d'eux. Nous n'avons maintenant plus d'autre choix que de chercher à pallier leur absence. La magie des médicaments, des lumières, tout ce que nous fournissaient les Bienfaiteurs devra être étudié afin d'être reproduit.

    Le doyen se tut alors que des exclamations se mirent à fuser de tous les coins de la salle. Emyly pouvait aisément comprendre qu'il fallait se préparer à se passer de l'aide qui leur avait été donné. Mais les recherches dont parlait le doyen promettaient d'être très difficiles pour un peuple n'ayant jamais eu besoin de scientifiques. Personne, à sa connaissance, n'avait jamais étudié les remèdes par exemple, à part bien sûr les soigneurs qui connaissaient les propriétés des plantes alentour. Mais leurs connaissances étaient limitées aux soins basiques : soigner un mal de tête, un rhume ou des blessures superficielles.

    Mais les médicaments n'étaient que la partie la plus facile de tout cela : est-ce que quelqu'un a déjà étudié la magie derrière le fonctionnement des lumières ? Et les maisons qui apparaissaient lorsqu'on en avait besoin ? Par où commencer ?

    Patient, le doyen attendit que la foule se calmât avant de continuer.

- Je sais ce que vous dites, et je ne vais pas vous cacher que la tâche qui nous attend est colossale. C'est pourquoi nous avons décidé d'aller chercher aide et conseil auprès des Villages voisins, afin de savoir si eux aussi vivent la même chose, et s'ils peuvent nous aider à trouver des solutions à ces nouveaux problèmes.

    A nouveau le grondement de la foule se fit entendre, mais le sentiment qui dominait était la surprise. Jamais dans l'histoire du Village on n'avait eu à demander une aide extérieure. Emyly se demanda même si les Anciens avaient souvenir de quelconque liens avec ces voisins.

    L'orateur demanda à nouveau le silence et poursuivit.

- Pour cette tâche nous avons besoin de volontaires. Des personnes désireuses d'aider en allant trouver ces Villages voisins. Elles devront nous ramener des réponses à certaines de nos questions : vivent-ils le même drame que nous, ont-ils des connaissances que nous pourrions utiliser, ou des médicaments de première urgence ? Tout ce que nous ignorons est bon à prendre. Nous n'avons aucune raison de croire qu'ils seront hostiles car il y a de grandes chances qu'ils vivent la même chose que nous, et qu'ils auront besoin des mêmes informations que nous. Aussi tout volontaire sera accepté, sans limite d'âge ou de sexe. En revanche personne ne partira seul pour des raisons évidentes de sécurité.

    Le doyen se rassit, signe que la réunion était terminée. Lentement, la Grande Salle se vida dans le bruit assourdissant des conversations. Tout le monde avait compris que plus rien ne serait comme avant et que leur mode de vie allait bientôt devoir changer.