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9. J'ai mal.

 J'avais mal. Partout. À la tête. À l'âme. Au corps.

Une vague de peur me submergea. Et si tout recommençait ? Est-ce que lorsque j'ouvrirais les yeux, le blanc lumineux du laboratoire allait m'éblouir comme chaque matin d'avant ? Ou d'après... Étais-je folle ? Suis-je folle ? Peut-être. Mais ces souvenirs me paraissent si réels. Tellement réel. Le lit, blanc lui aussi. Les gens. Les infirmières. Et Maman. Maman qui veillait sur moi nuit et jour. Sans fermer l'œil une seule fois. Elle contrôlait tout. Respiration. Battement du cœur. Tout. Et j'avais mal. Comme j'ai mal là maintenant. Est-ce que j'ai rêvé d'une vie ? D'une vie qui ne m'appartient pas ? D'une vie que je ne vivrais jamais, coincée dans ce laboratoire ? Ou étais-je réellement sortie ? Maman m'avait alors laissé partir. On m'avait libéré. Mon cordon ombilical bionique avait été enlevé. Et j'ai pu partir. Oui, dans ma tête ça c'est passé comme ça. Puis j'ai retrouvé mon ancien compagnon de jeu. Celui d'avant. D'avant le blanc et la douleur. J'ai retrouvé celui qu'on appelait mon frère. Mon frère... Il ne l'est pas vraiment. J'ai presque tout oublié. Et mon ADN n'est plus la même. Je crois. Je suis perdue. Suis-je vraiment moi ? Suis-je vraiment celle que vous croyez que je suis ? Et où suis-je ? Je...

Sa respiration reprit un rythme normal. Ses légères convulsions s'arrêtèrent. Ses yeux bleus qui, auparavant, roulaient dans leur orbite se fermèrent, désormais calme. Une infirmière souffla, soulagée de voir que sa dose de phénobarbital faisait effet. Une énorme machine, appelée Mother, avait arrêté de biper. Tout était redevenu silencieux. Ou presque.