1. Un baiser, un surnom et quelques bières

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La première fois que je l'ai vue c'était dans la cuisine. Je venais de rentrer du lycée, une heure plus tôt que prévu pour la bonne raison que le prof qui devait nous donner la dernière leçon s'était porté malade au dernier moment. J'ai ,comme à mon habitude, jeté mes chaussures dans l'armoire à l'entrée. J'avais complètement oublié que mon frère aurait pu squatter la maison et j'avais prévu un après-midi tranquille, vautrée sur le canapé devant une bonne série que je continuerai dans ma chambre pendant le week-end. Mais mon après-midi idéal éclata dès que j'entrai dans la cuisine. Celui de mon frère aussi, accessoirement. Je sais pas ce qui m'a le plus frappé. Le fait qu'ils se dévoraient littéralement la bouche -elle, le dos collé contre le mur, et lui la dominant- ou son corps aux formes harmonieuse qui épousait parfaitement celui de mon frère. 

J'avoue que je suis restée pendant quelques secondes à les observer avant de me sentir mal à l'aise, pas à ma place. J'avais l'impressions de leur voler une partie de leur intimité. Je me suis alors raclé la gorge signalant aux deux "tourtereaux" ma présence. Mon frère détacha une de ses mains des hanches de sa "petite copine" pour me dire d'un signe de patienter un instant. Non mais il se foutait de ma gueule ?! C'était bien mon frère. Dommage j'aurais presque espéré qu'on l'ait échangé entre temps ! Parce qu'il était d'un casse pied par moment.

«_ Sérieusement ?! »

Il me fit un pouce en l'air. Non mais quel con ! Totalement stupide. Je levai les yeux aux ciels lorsqu'ils durent se séparer, sûrement par manque d'oxygène vu comment ils s'embrassaient. Mon frère se tourna vers moi, un sourire en coin sur les lèvres. Au fond je savais que c'était qu'une façade, il était déçu que je sois arrivée. Il avait eu envie de la dévorer encore plus. D'ailleurs le débardeur de la jeune fille était un peu dérangé, tout comme son soutif. Je veux absolument pas savoir ce qu'il se serait passé si je n'étais pas arrivée en avance. Même si j'en ai une vague idée. À mon humble avis, elle aurait fini dans son lit pour une nuit comme une bonne dizaine avant elle. La voix grave de mon frère me sortit de mes réflexions.

«_ Salut Moustique ! »

Et revoilà mon surnom idiot et péjoratif que mon frère adorait me donner parce que -et pour une fois j'étais du même avis que lui- j'étais plutôt petite. Enfin dans ma famille de géant. Parce que sinon j'étais d'une taille plutôt banale, moyenne. Je pris même pas la peine de lui répondre, lui jetant un regard plein de sous-entendu. Puis mes yeux dérivèrent sur la fille qui, le rouge au joue, remettait ses vêtements en place avant de revenir sur mon frère qui souriait toujours-sourire que je lui aurais bien fait bouffer- en essayant de lui faire capter que j'aimerais bien qu'il me présente celle qui avait "l'honneur"- l'honneur mon cul, oui- de l'embrasser avec une telle fougue.

« _ Ah, oui.,dit-il en comprenant enfin mon manège (mais qu'est-ce qu'il peut être lent parfois), Adèle voici ma sœur, Alexa. »

La gêne d'Adèle semblait s'être envolée, enfin si elle avait été gênée. Elle me sourit. Et son sourire aurait pu faire fondre n'importe quel homme, même celui au cœur le plus endurci. Et j'avoue que si j'avais été un mec, j'aurais senti mes jambes flageoler. 

«_ Salut ! 

_ Salut ! »

Je lui adressai un petit sourire timide tout en pensant qu'elle avait été gâtée par la nature, je comprenais mieux pourquoi mon insupportable mais adorable -ironie bonjour- frère avait jeté son filet de chasseur sur elle. Un bruit de ver s'entrochoquant me fis tourner la tête vers mon frère qui refermait le frigo avec le pied, trois bouteilles de bière dans une main. Il les posa sur le comptoir de la cuisine, chercha le décapsuleur et ouvrit les trois bières. Il en poussa une dans ma direction et une autre dans celle d'Adèle. Elle s'empara de sa boisson, je fis de même malgré ma réticence à boire cet après-midi. Et pour être honnête, la bière n'était pas ma tasse de thé. Mais bon si après mon frère me laissait tranquille, pourquoi pas ! Je portai la bouteille à mes lèvres. J'inclinai légèrement  la bouteille et je sentis le liquide amère couler dans ma bouche puis dans ma gorge. Adèle s'était assise sur le comptoir, les jambes croisées, avec sa bière à la main. J'hésitais à la rejoindre, je ne la connaissais pas mais j'avais envie d'apprendre à la connaître. Finalement je me suis hissée, sans grâce mais sans non plus ressembler à un éléphant, à ses côtés. Elle m'adressa un sourire que je lui rendis. 

«_ Bon c'est pas que je vous aime pas, les filles, mais je dois filer ! Math a un problème sérieux, je vais l'aider ! »

On eut le temps de rien dire ou faire qu'il s'éclipsa en vitesse. Je me demandais se qu'il allait vraiment faire. Se faire une fille, sûrement... 


Je ne sais pas comment je me suis retrouvée dans cette situation. Adèle était entrain de me brosser les cheveux. De les toucher ! Personne à part moi pouvait, avait le droit de les toucher. Et voilà qu'on se retrouvait  sur le tapis de ma chambre entrain de faire des choses de fille entre fille. Tout autour de nous, une marée de vernis à ongles, de rouge à lèvres, de gloss,  et d'autre instruments de torture typique féminin. Vous vous demandez pourquoi j'ai tout ce tralalas alors que j'ai tout simplement bonnement horreur de ça, hein, avouez ! Je vous en veux pas, moi même je me demande pourquoi. Pourquoi mes proches s'obstinent à m'offrir ça ? Je suis pas féminine, sans être masculine pour autant, et le maquillage ou tout ce qui touche à "beauté" je n'y touche pas. De tout manière, ne dit-on pas que le plus beau maquillage d'une femme c'est son sourire ? Alors pourquoi se tartiner la face avec une dizaine de produits pour qu'au final on ne ressemble plus du tout à ce qu'on est ? Parce que la société le dicte ? La société, vous savez ce qu'en je pense... C'est juste quelque chose pour nous sentir obligés, pour nous écraser, pour nous détruire, pour nous dénaturer. Soudain une main se posa délicatement sur mon épaule, me sortant de mes pensées. Je tournai la tête pour me retrouver nez à nez avec le beau visage d'Adèle. Ses yeux, malicieux, m'observaient et son sourire était,lui aussi, amusé. 

«_ Tu es partie loin Alexa. Je crois que je peux te raconter encore une fois ce que je veux de dire., dit-elle sur un ton rieur tout en attachant mes cheveux soigneusement démêlés

_ Désolé. J'ai tellement pas l'habitude que l'on me touche les cheveux que je me suis perdue dans le fil de mes pensées. C'était soit ça ou j'allais me réfugier sous mon lit. 

_ Oh ! Tu veux que j'arrête ?

_ Non. Non... continue ! »

Un petit sourire vient s'étirer sur mes lèvres pendant qu'elle s'affairait de donner à ce chignon une mine digne de ce nom. Je me surpris à apprécier que ses doigts fins passent dans mes cheveux. Mes yeux se fermèrent et chaques muscles de mon corps se détendirent. J'étais bien. J'étais relaxée. 

Nous terminâmes notre après-midi à discuter de tout et de rien. Enfaite on a surtout discuter de nos vies respectives. De nos amis. De nos familles. De nos passions. Je lui ai donc parlé de mon grand-père un peu fou, qui à chaque fois qu'on allait le voir il nous prenait pour des amoureux mon frère et moi -allez savoir si il fait exprès ou pas-. De ma meilleure amie Sarah, passionnée de danse comme Adèle. Et je lui ai surtout parler de ma passion : l'écriture.


Écrire, c'est ranger le bordel qu'on a dans sa tête.



SheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant