Chapitre 1 : Souffle Coupé

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Dans le miroir, il observait quelque chose qui lui plaisait.

Son propre reflet.

Yuga était narcissique, et ce n'était un secret pour personne, surtout pour ses camarades de classe. Prétentieux et obnubilé par son image, le miroir qu'il transportait toujours avec lui où qu'il soit témoignait bien de son amour pour lui-même.

De toute manière, à part toi, qui voudrait t'aimer ?

Il se recoiffa une énième fois grâce à un petit peigne, puis le reposa sur sa coiffeuse et s'admira une nouvelle fois.

Oui, à ses yeux, il était magnifique.

Tu sais parfaitement que ce n'est pas le cas, tu es pathétique.

Il sortit de sa chambre, sa coupe étant la touche finale à sa tenue, vêtements chics portés avec complaisance, le regard brillant, et l'impression de voir scintiller des étoiles tout autour de lui.

Aujourd'hui, on était samedi. Il n'avait donc pas cours, et il pouvait sortir se pavaner toute la journée dans les rues de la ville, flânant dans diverses boutiques de luxe, et finissant généralement avec deux ou trois sacs d'achats compulsifs. Il reconnaissait sans aucune honte être une fashion-victime comme son camarade Denki Kaminari, même si ils ne fréquentaient pas le même "rang" de boutiques.

Effectivement, toi, Denki, et tous les autres de la classe n'êtes pas au même rang.

Yuga rangea dans une pochette de son sac un miroir, une brosse, son téléphone et son porte-feuilles, avant de saluer ses parents, et partit faire les boutiques.

○●○●○●○●

Neito avait du mal à respirer.

L'avouer ?

Jamais.

Neito était fier, orgueilleux, moqueur et vicieux, mais certainement pas du genre à demander de l'aide. Alors, même si ça faisait terriblement mal, il supportera toute la douleur, toute la peine en silence.

Parce que Neito détestait avoir l'air faible, même quand il était seul dans sa chambre et sa maison, avec juste lui et ses pensées.

Son téléphone vibra, lui signalant un énième message de son amie Itsuka, et comme pour tous les autres, il l'ignora complètement. Il ne ressentait ni envie, ni le besoin de lui parler, de peut-être se confier à elle.

Elle lui posera des questions lundi, et il lui répondra droit dans les yeux que son portable n'avait plus de batterie, et qu'elle devait arrêter de le harceler de SMS parce que c'était terrifiant de voir qu'il avait plus de cent messages non-lus, et une quinzaine d'appels vocaux sur son répondeur.

La déléguée lui répondra alors que cela fait au moins dix fois que son téléphone n'avait plus de batterie quand elle essayait de lui parler.

Neito restera silencieux, étouffant ses maux au plus profond de lui, et rétorquera que c'était le hasard, que son portable avait une très mauvaise batterie, et toutes les excuses possibles et imaginables que l'on pouvait sortir à ces moments-là.

Parce que Neito était un incroyable menteur, doublé d'un excellent comédien. Il savait jouer ses cartes quand il le fallait, pour que les autres lui fichent la paix et ne se posent des questions.

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