Chapitre 10 : Catastrophe

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Sa mère l'avait appelé depuis la cuisine, mettant à terme à leur séance câlinerie.

- Je reviens tout de suite, promit Yuga en se détachant de lui, quittant le canapé, puis le salon d'un pas feutré.

Neito le regarda partir du coin de l'œil, un peu déçu, avant de reporter son attention sur la télévision, et cette série comique stupide. Avec un peu de chance, sa génitrice dirait oui pour qu'il puisse rester dormir ici, et cela retarderait la prochaine rencontre avec son père.

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Il arriva dans la pièce, et la première chose qu'il vit fut le visage calme qu'arborait sa mère.

Un calme factif. Celui avant une tempête.

- C'est ton petit-ami, n'est-ce pas ?

Son ton glacial lui coula dans les veines.

Un frisson général lui prit, et il se remit, nerveux, une mèche derrière son oreille.

Elle les avait vu. Ce n'était pas possible autrement. Ils faisaient tout pour être discrets, impossible qu'ils aient laissés sous-entendre cela par inadvertance !

Sa maman ferma les yeux, puis souffla comme si elle portait toute les peines du monde.

- Je comprend mieux pourquoi tu ne passes plus de temps avec moi.

- C'est pas ce que tu crois ! se défendit-il. Je... Je... C'est juste un ami !

Il savait qu'il s'enfonçait, mais au vue de sa réaction, le thème devait être sensible, chez-elle. Il ne voulait pas avoir de dispute à ce sujet, mais il était bien trop tard pour dévier le sujet de discussion.

- Et tu embrasses tes amis ? demanda t-elle, pas convaincue pour un sou. Sur la bouche ?

Il se râcla la gorge et tira son col, le stress commençant à lui donner chaud.

- Yuga, commença sa mère, rude, tu as intérêt à ne plus voir ce garçon.

Une exclamation d'injustice sortit de ses lèvres :

- MAIS POURQUOI ?! Neito se comporte très bien, avec moi ! Il n'y a pas de danger !

- C'est ce que tu crois, ça ! asséna sa génitrice. Tu penses que deux garçons qui s'embrassent, ça ne gêne personne ? Tu crois que tu pourras vivre tranquillement, si tout le monde sait qui tu aimes ? Les gens sont cruels, Yuga. Ils n'hésiteront pas à se servir de ça pour te discréditer, voir... voir te...

Sa voix resta en suspens, et le blond comprit ce dont sa mère avait peur.

Perdre la plus belle chose que son défunt amour lui avait donné; un enfant.

Son regard porta sur le petit anneau d'argent qu'elle portait toujours à son annuaire. Ce qu'elle gardera toute sa vie sur sa main.

Ses parents ne s'étaient jamais mariés. Pourtant, ils faisaient tout comme, puisque leur amour ne s'était pas limité à un vulgaire morceau de papier. Cela dit, dans leurs projets, ils parlaient souvent d'une petite cérémonie, quelque chose d'intime mais chic...

Ce qu'il ne pourrait avoir avec un autre garçon.

Sa mère s'inquiétait pour son bien-être, et de tous les dangers que l'on encourait lorsque l'on était juste un peu "différent" des autres. C'était louable, mais ce n'était pas sa vie, et ça n'en serait pas une de se refuser un bonheur simple, celui de l'amour, par peur du jugement des autres.

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