Fade Away

Chapitre 1 - Travis

Média : Something Human - Muse

Un léger effleurement sur ma poitrine. Un corps chaud qui se blottit contre mon flanc. Je papillonne des paupières car tout ceci n'est pas normal. Je ne dors jamais seul. Enfin, plus depuis quelques années...

La faible clarté de la lune qui passe par les interstices des stores à moitié fermés me permet de distinguer la pièce dans laquelle je me trouve.

Eh merde ! Je ne suis pas chez moi...

Je me dégage délicatement de l'étreinte de la demoiselle endormie afin de ne pas la réveiller puis je me lève de son lit. Elle grogne lorsqu'elle se rend inconsciemment compte de mon absence puis se retourne sur son oreiller, étalant sa longue masse de cheveux blonds autour d'elle.

Putain, qu'est-ce qui m'a pris de revenir ici ?

J'aurais dû me barrer vite fait hier soir. Notre réunion s'est terminée tard et je ne me voyais pas laisser Stacy prendre un taxi toute seule. Alors je l'ai raccompagnée mais je n'aurais jamais dû monter prendre un dernier verre. C'est contraire à mon principe de base. J'aurais dû prendre mes jambes à mon cou quand elle a commencé à m'embrasser, d'abord chastement puis plus passionnée. J'aurais dû avoir la puce à l'oreille quand elle m'a murmuré qu'aucun homme ne lui avait fait autant de bien et qu'elle commençait à y prendre goût.

Quel con...

Je ramasse mes vêtements étalés sur le sol, me rhabille sans faire de bruit et quitte l'appartement de ma collègue sur la pointe des pieds.

A cette heure avancée de la nuit, tout est calme. Une fine pluie s'abat sur Boston, rendant l'air humide qui me glace les os. Avant de rejoindre ma voiture stationnée un peu plus loin, je remonte le col de ma veste et enfonce ma tête dans mes épaules puis je pique un petit sprint jusqu'à ma Tesla.

J'ai emménagé à Boston il y a quelques mois. Je n'en pouvais plus de vivre à San Diego alors que mes amis se situent sur la côte Est. Trois heures de décalage horaire, ça devenait l'enfer. Une bonne opportunité dans cette ville a été l'élément déclencheur.

Après dix minutes de route, j'arrête mon véhicule devant ma maison. Je vis dans le quartier chic de Beacon Hill. Je suis tombé amoureux de l'architecture de ces demeures typiquement bostoniennes, faites de briques rouge. Je gravis les quatre marches qui me mènent à la porte d'entrée que je pousse prudemment. Je suis accueilli par les glapissements joyeux d'une petite boule de poils tout blanc.

— Hey, petit pote, qu'est-ce que tu fais encore debout à cette heure-ci ? A ton âge on devrait faire dodo...

Je m'accroupis afin d'attraper l'animal qui me saute dans les bras et me lèche le visage. Je recule délicatement son museau de la main en fronçant le nez.

— Ce n'est pas que je ne t'aime pas, mec, mais je ne sais pas où tu as été fourré ta langue avant.

Le chiot n'en a évidemment rien à faire de ce que je lui dis et préfère s'enfuir vers la cuisine, là où je lui ai installé son panier. Je le rejoins et l'observe tout en prenant une bière dans mon réfrigérateur. Il tourne comme un fou pour trouver sa place et quand il estime être suffisamment à l'aise, il se pose et lève la patte à quatre-vingt-dix degrés pour faire sa toilette intime.

— Tu vois, qu'est-ce que je te disais, je lui fais remarquer avec dégoût.

Je bois une longue gorgée de ma boisson favorite, les yeux toujours rivés sur l'animal. Cette souplesse m'étonnera toujours !

— Tu sais, mec, il faudra vraiment que tu m'expliques comment tu fais ! Je suis sûr que je gagnerais des points auprès des filles si je faisais comme toi...