Prologue

106 13 47
                                    




Média : One More Light - Linkin Park


—    Rentre bien, ma belle.

Je me penche vers mon ami et dépose un baiser sur sa joue.

—    Merci de m'avoir déposée. On se voit demain ?

Il acquiesce tandis que je sors de la voiture. J'adresse un petit signe de la main à mon chauffeur et claque la portière. J'entends le moteur redémarrer presqu'aussitôt.

J'ai toujours un pincement au cœur lorsque je remonte la longue allée gravillonnée qui m'amène à la porte d'entrée de la demeure familiale. Il y a quelques semaines, ma meilleure amie m'abandonnait pour aller suivre sa deuxième année d'études à l'université. Désormais, les sorties sont plutôt fades sans elle. Je donne le change devant le reste de notre bande d'amis mais ce n'est pas pareil. Il va me falloir attendre un peu plus de trois mois et les prochaines vacances pour la revoir. Rien qu'à cette idée, mon cœur se serre.

J'introduis la clé dans la serrure et pousse la porte d'entrée sans faire de bruit. A cette heure de la nuit, toute la maisonnée est endormie. Je dépose mon trousseau sur la console puis je me dirige vers les escaliers sur la pointe des pieds. Un léger bruit de fond provenant du salon me fait bifurquer au dernier moment.

Le spectacle qui se joue devant moi me fait fondre : mon père est assis sur le canapé, face à la télévision qui diffuse en sourdine un documentaire animalier. Sa tête repose sur le dossier et de sa bouche ouverte, un léger ronflement m'indique qu'il dort profondément.

Mon papa... Il ne peut s'empêcher de « m'attendre » lorsque je suis de sortie. J'ai beau lui dire que je ne suis plus un bébé, c'est plus fort que lui !

J'attrape le plaid posé sur l'accoudoir et le recouvre en déposant un tendre baiser sur son front puis je prends le chemin de ma chambre. Une fois à l'intérieur, je pousse un profond soupir en regardant le deuxième lit vide à côté du mien.

Toi aussi, tu me manques...

Je jette mes escarpins dans un coin et me déshabille pour passer une tenue plus confortable pour dormir. A peine affalée sur mon matelas, mon téléphone se met à sonner. D'abord hésitante vu l'heure tardive, je finis par décrocher en voyant le nom de la personne qui m'appelle.

—    C'est... moi...

La voix au bout du fil n'est qu'un souffle et je peine à reconnaître son timbre.

—    Edi ?

—    Viens...

Je me redresse, plus concentrée que jamais.

—    Tu es où ? Chez toi ?

Mais la réponse à ma question n'est pas celle que j'attends : un boum se fait entendre dans le creux de mon oreille.

—    EDI ?!?

Puis la tonalité m'indique que l'appel a été coupé. Sans plus attendre, j'enfile mes baskets, sors de ma chambre et dévale les escaliers. J'ignore la présence de mon père dans le salon ainsi que le bruit d'une porte qui s'ouvre précipitamment à l'étage. Je ne pense qu'à atteindre ma voiture et démarrer le plus vite possible.

Sur la route, toute sorte d'idées me traversent l'esprit mais je refuse de penser au pire. A cette heure de la nuit, tout est calme, à la différence de ma tempête intérieure.

Que lui est-il arrivé ?

Complètement dans mes pensées, je ne me souviens pas du tout du chemin que j'ai emprunté mais à peine dix minutes après mon départ, je stoppe ma voiture à l'arrache sur une place de parking. Mon cœur tambourine dans ma poitrine tandis que je cours vers l'entrée de son immeuble. Je gravis quatre à quatre les marches qui m'amènent au premier étage et ralentis ma course quand j'aperçois sa porte d'entrée entrebâillée.

Je déglutis difficilement en réfléchissant à la marche à suivre. Je suis sans défense et si c'est ce à quoi je pense et qu'il est encore là, je ne ferais pas le poids. J'hésite puis finalement je prends la décision d'entrer. Elle ne m'aurait pas appelée si elle n'était pas seule...

Je pousse la porte avec prudence, essayant de faire le moins de bruit possible. Je pousse la tête et me concentre sur le moindre son mais je n'entends que mon organe vital qui résonne dans ma tête.

—    Edi ?

Je l'appelle tout en pénétrant dans son appartement. Je ferme la porte prudemment et jette un œil dans la pièce principale. Tout me paraît en ordre, pas de trace de lutte. Je réitère mon appel et suis récompensée par un léger grognement en provenance du canapé. Je m'y précipite et le spectacle que je découvre me glace le sang.

Allongée telle une poupée de chiffon, elle peine à ouvrir ses yeux tuméfiés. Son joli visage ne ressemble plus à rien : ses joues sont recouvertes de sang séché et ses lèvres sont éclatées. Je tombe à genoux devant le divan. J'hésite à poser mes mains tremblantes sur son corps meurtri que je balaye du regard. Les siennes sont écorchées, ses vêtements sont à moitié déchirés et il lui manque une chaussure, laissant apparaître sa plante de pied à vif.

—    Oh, Edi. C'est lui qui t'a fait ça ?

Je ne parviens pas à retenir un sanglot tandis que j'imagine avec quelle violence il a dû passer ses nerfs sur elle.

Un léger effleurement sur ma joue me ramène à la réalité.

—    Réussi... à m'enfuir...

Sa voix d'habitude si mélodieuse n'est qu'un filet qui tente de franchir la barrière de ses lèvres abîmées.

—    Chuuuuttt... économise-toi. Je vais appeler les secours.

J'attrape mon téléphone mais elle m'empêche de le porter à mon oreille, tout en secouant la tête.

—    Non... pas la peine...

—    Tu déconnes, Edi. Je ne vais pas te laisser comme ça !

Déterminée, je me lève mais une fois de plus elle me retient. Sa poigne est forte malgré ses blessures. Étonnée par son geste, je l'interroge du regard et ce que j'y vois me fend le cœur. Une larme solitaire roule le long de sa joue.

—    Il sait, souffle-t-elle. Fais ce que... tu as... à... faire...

Sa main retombe mollement le long de son corps et je reste focalisée sur ses lèvres entrouvertes, qui laisse filer son dernier signe de vie.


*****

Vous ne pouvez pas savoir quelle joie ça me fait de revenir par ici !!

En attendant, j'espère que vous avez pris plaisir à lire ce prologue. N'hésitez donc pas !! Je veux tout savoir 🤗

Et on se retrouve très vite pour le premier chapitre ;-)

Bisous

Vallou 💋

Fade AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant