Chapitre 3 - Aure

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Média : You Are Not Alone - Emeli Sandé

Après avoir enfilé une tenue plus confortable pour la nuit, je referme la porte de ma chambre délicatement derrière moi et m'affale dans le canapé, genoux pliés, talons sous les fesses. Je pose ma nuque sur le dossier et pousse un long soupir de lassitude.

— Je suis crevée...

Kendall, assise par terre en face de moi,  de l'autre côté de la table basse, me regarde, compatissante.

— C'est pour ça que tu devrais te détendre, penser un peu à toi. Je t'assure, ça te ferait énormément de bien.

Je l'assassine à nouveau du regard. D'ailleurs, je ne comprends pas qu'elle ne soit pas déjà morte à l'heure qu'il est. Mais elle s'en fiche, elle continue de vernir ses orteils.

— Pourquoi tu fais ça ?

— Quoi ? me demande-t-elle sans lever les yeux.

— Poser du vernis sur tes pieds.

Elle redresse la tête et me regarde comme si je venais d'une autre planète.

— Ben, pour faire joli !

— A quoi ça te sert ? Nous sommes en octobre, à Boston. Il fait rarement au-dessus de douze degrés et il pleut un jour sur deux. Ce n'est pas un temps à mettre des chaussures ouvertes.

Ma meilleure amie éclate de rire. Apparemment, elle se moque de moi et j'ai horreur de ça. Je préfère me lever et l'abandonner pendant qu'elle se calme. J'entre dans la cuisine et soulève le couvercle de la casserole. Je me sers une assiette de pâtes à la bolognaise et retourne auprès de mon amie.

— Tu sais, Aure, il m'arrive parfois d'enlever mes chaussettes et pas seulement pour dormir. Il faut toujours être prête jusqu'au bout des ongles, rétorque-t-elle en me faisant un clin d'œil équivoque.

Je glousse en comprenant l'allusion. Ça ne m'étonne pas d'elle.

— Je suis certaine que ça plairait à Isaac, chantonne-t-elle, nonchalamment en se remettant à l'ouvrage.

Elle vient de mettre fin à ma bonne humeur.

— Je t'ai déjà dit de me lâcher avec cette histoire. Ça devient lassant à force.

Je me concentre sur mon repas et rive mon regard sur la nourriture mais je sens qu'elle n'en a pas fini avec moi.

— Au fait, qu'est-ce qu'il te voulait ? J'ai bien vu qu'il a couru après toi ce midi à la cafèt...

— M'inviter à une soirée, je bougonne entre deux bouchées.

— J'en étais sûre, s'extasie-t-elle. Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?

Je lève la main pour la faire taire.

— Chut !

Je tends l'oreille quelques instants, persuadée avoir capté quelque chose.

— Tu n'as pas entendu un bruit ?

Kendall me regarde bizarrement.

— Tu entends des voix, Aure. Relax ! Tout va bien, je t'assure.

Je finis par relâcher la pression et reporte mon attention sur mon repas, espérant que mon amie me laisse enfin tranquille.

— Aure, tu devrais lui laisser une chance...

Je pousse un profond soupir exagéré de lassitude.

— Sérieusement tu me gonfles, Kay. Je lui ai dit que ce n'était pas une bonne idée. Qu'il ferait mieux de sortir avec une autre fille. Voilà, tu es contente ? J'aimerais sincèrement finir mon plat sans prise de tête. Finis de te vernir les ongles et oublie-moi un peu avec ce Zac !

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