Chapitre 3 : Nuit de peur

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                                                                                PDT Candice

Assise sur le sable, le feu me réchauffant, je touchai de ma main le bandage sur ma jambe, j'avais encore un peu mal, mais il fallait vraiment que je fasse attention à ne pas avoir une infection, si c'était le cas, c'était la mort assurée.
Paul vint s'asseoir à côté de moi et me tapa sur la main pour que j'arrête de toucher mon pansement. Je lui souris.
- C'est un réflexe, je ne m'en rends pas compte.
- Je vois ca, me dit il en rendant mon sourire.
Il rajouta un peu de bois pour éviter au feu de s'éteindre.
La journée avait été exténuante, entre le bois pour le feu et la construction de la cabane, je n'en pouvais vraiment plus, je lâchai un long soupire qui ne passa pas inaperçu.
- Fatigué ? Me demanda-t-il.
- Tu ne peux pas savoir à quel point.
Il se mit à rire, cela ne dura qu'un instant, mais cela nous fit du bien, ca nous permettait d'oublier ce qui s'était passé la veille. J'essayais d'y penser le moins possible, me dire que j'avais vu mourir mes parents et que j'avais sans doute perdu mon frère me faisait atrocement souffrir. De plus, tout le monde me croyait sûrement morte à cette heure la, les informations vont vite de nos jours.
Je repensais à Enzo, mon petit-ami, qui m'avait prévu une surprise à mon retour, je ne pouvais imaginer comment il se sentait, il devait être anéanti, on allait fêter nos 1 ans à mon retour, il me manquait, mais au moins je le savais vivant. Ce que je redoutais le plus, c'est qu'après avoir fait son deuil, il refasse sa vie et m'oublie, et si un jour, on arrivait à rentrée chez nous, que se passerait-il ?
Paul me fit sortir de mes pensées :

- Ca va Candice ?

Je le regardai puis lui répondit :

-Oui, non, je ne sais pas trop...
- Ca me fait la même chose... Tu veux en parler ?
J'aurai voulu tout lui dire, me confier, mais je n'osais pas, je ne le connaissais que depuis 2 jours. Je lui répondis seulement :
-Je pensais juste à mon petit-ami.
Il semblait avoir eu un choc, peut être, s'imaginait-il des choses qui venaient de tomber à l'eau à cause de cette révélation.
-Tu es en couple ? Me demanda-t-il d'un ton hésitant.
-Oui, enfin... Je pense que c'est plutôt compliqué maintenant puisque qu'il doit me croire morte... Et toi ?
- Non, je n'ai jamais vraiment trouvé l'amour...
-Ah...
L'atmosphère était devenue gênante, pesante. Je me levai après avoir posé ma boîte à conserve vide qu'on s'était partagée.
- Je vais me coucher, lui dis-je.
Je sentis son regard sur moi jusqu'à ce que j'atteigne notre petite cabane, mais quand je me retournai pour le voir, il fut dos à moi. Je montai donc dans ma nouvelle petite maison et m'enroulai dans ma couverture que j'avais sortie de mon sac.
Quelques secondes plus tard, je sentis Paul monter à son tour, la cabane était assez étroite, mais je voyais très bien qu'il faisait tout son possible pour me coller le moins qu'il puisse. Je fermai les yeux et essayai de penser à autres choses, je m'imaginais à Los Angeles avec mes parents et mon frere autours de moi fiere de la décision que j'allais prendre. Juste en face Enzo dans un magnifique costume m'attendait, mon père me prit le bras et m'emmena jusqu'à lui, ma robe de mariée m'empêchait de marcher vite, mais j'avais hâte de lui dire " oui " un oui pour la vie.

Un bruit fracassant me réveilla en sursaut, je m'assis sur mon lit et vis un éclair fendre l'horizon, il faisait nuit noir, seul la foudre éclairer la plage pendant quelques secondes.
Un autre éclair tomba sur un arbre juste derrière moi et je me mis à crier, Paul se réveilla en sursaut et contempla à son tour la scène. La pluie se mit à tomber en trombe d'eau et l'orage semblait s'éterniser au-dessus de nos têtes. Mon cœur battait à 100 à l'heure, les éclairs ne cessaient de fendre l'horizon ou de s'éclater sur des arbres à nos alentours dans un bruit assourdissant. Mes larmes se mêlèrent aux gouttes de pluie ruisselant sur mon visage. Paul me prit dans ses bras et ajusta la couverture pour essayer de nous réchauffer. J'avais peur et j'avais froid. La pluie me glacer littéralement sur place. Paul resserra son étreinte et me chuchota à l'oreille.
-Ne t'inquiète pas ca va aller, l'orage va partir.
Je fermai les yeux et me blottis contre lui. J'essaierais de penser à autres choses, mais le bruit incessant du tonnerre m'empêchait de faire cela.
Petit à petit les éclairs se firent plus rares et le bruit s'éloignant progressivement. Seule la pluie se tenait à nos côtés.
- Ca va ? Me demanda Paul.
Je secouai la tête en signe de non, incapable de sortir le moindre mot. Il resserra son étreinte et me caressa de sa main mon dos, essayant de faire son mieux pour me rassurer.
- L'orage est en train de partir, ça va aller, ne t'inquiète pas.
Je posai ma tête contre lui et commençai à pleurer, j'avais une peur phobique de l'orage, j'avais eu un traumatisme petite et depuis, je ne supportais plus le tonnerre et les éclaires.
Cela faisait maintenant un moment que je n'entendais plus grand chose, alors je relevais la tête et essuyai de revers de la main mes larmes.
- Merci, dis-je a Paul.
Il me sourit dans la pénombre et me dit que c'était normal.
- Rendormons-nous, d'accord ?
Je hochai de la tête en signe de oui et je me rallongeais sur le sol de notre cabane complètement trempée. Ce n'était pas très agréable, mais je n'avais pas vraiment le choix. Paul se coucha à son tour, je me blottis donc contre lui encore toute frigorifiée et c'est après avoir été réchauffée par sa douce chaleur humaine que je réussis à me rendormir.

Manra : l'île perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant