Manra : l'île perdue

Chapitre 5 : Pleurs et rires, tristesse et sourire.

                                                                                        PDT Candice

Je me réveillai doucement entourée par les bras de Paul, puis j'ouvris les yeux et vis son visage souriant près du mien. Il me demanda comment j'allais après cette nuit tumultueuse et proposa de nous baigner après manger. Je hochai la tête au vu de cette proposition qui me plaisait beaucoup puis je descendis de notre petite cabane à moitié cassé par le vent de cette nuit. Construire une meilleure cabane venait d'être ajouté à ma liste de choses à faire sur cette île, au moins cela nous empêchera de trop penser à notre situation. Paul vint vers moi les mains vides et me dit :
- Si tu veux aller te laver dans la mer, car nous n'avons rien d'autre pour le moment, vas-y je prépare le petit déjeuné.
Je le remerciai, car j'en avais vraiment besoin, c'est comme s'il avait lu dans mes pensées. Il était à peine parti vers la forêt que je lui lançais :
- Sois prudent !
- Ne t'inquiète pas sois prudente aussi.
Je me retournai et avançai doucement dans l'eau. Elle était légèrement froide, mais pas non plus gelée. Je mis un moment avant de m'habituer à la température, mais c'était tout de même agréable. Je me laissai flotter un moment en pensant à tout et à rien, j'observai le ciel et les nuages formant des animaux ou des objets. Puis je me redressai, je goûtai l'eau dans l'espoir qu'elle puisse être potable mais malheureusement, elle était salée. Ca ne sentais pas bon tout ça, déjà une eau salée ne nettoie pas, au contraire le sel reste sur la peau et l'irrite et de plus quand nous serons a cours d'eau nous ne pourrons pas puiser ici. Il fallait absolument trouver de l'eau douce, le plus rapidement possible.
Je sortis de l'eau et m'assis sur le sable pour me sécher un peu avant que Paul ne revienne. Je regardai attentivement l'horizon où le soleil déjà bien levé éblouissait le ciel de couleur rose et orange, c'était magnifique. «James... Vois-tu ce beau levé de soleil ? Toi qui les aimes tant, le vois-tu aussi ? Peux-tu observer ce magnifique paysage ? Dit moi simplement oui... Que je puisse savoir que tu es en vie ». Une larme coula le long de ma joue. Mon frère était-il toujours en vie ? Ou avait-il disparu tout comme mes parents ? Être dans l'incertitude rend cette attente, l'attente de cette réponse, encore plus douloureuse. Et Enzo ? Avait-il fait son deuil ? Avait-il refait sa vie tout en m'oubliant ? Je pensais qu'il était cet homme qui resterait près de moi jusqu'à ma mort, mais ce n'était sûrement pas le cas. Je séchai mes larmes du revers de ma main et me mis à sourire, sans aucune raison certes, mais c'est ce qui me permettait de tenir bon. Un sourire peut tout changer. Un bruit me fit sortir de mes pensées. Je me retournai et vis Paul tout sourire les bras charger de noix de coco.

- Mais dis donc je sens qu'on va se régaler ce matin !

- Oui t'a vu ça !

Il les posa près de notre camp et s'assit devant essouffler.
- Tu vas bien ? Tu as l'air fatigué.
- Ca va, c'était juste un peu compliqué la chasse à la nourriture. Et toi ? Bien la baignade ?
- C'était agréable, dis-je en souriant. Mais on ne peut pas se laver dans une eau salée, ni la boire. Je pense que notre prochaine excursion devra être pour trouver de l'eau douce.
- Je prends note, je sens qu'on va bien s'amuser ici.
Je souris. Heureusement que Paul était là, je pense que sans lui, je me serai laissé mourir, à quoi bon vivre perdu et  seule sur une île déserte ? Hors, en ce moment même, je ne l'étais pas.

- Bon et sinon tu m'expliques comment on va s'y prendre pour les ouvrir ces noix de coco ?
- Hum... Me dit-il en réfléchissant. J'avoue que je n'avais pas songé à ça.
Je me mis à rire, un bon gros fou rire comme je n'en avais pas eu depuis longtemps. Paul me suivit dans ma lancée et nous n'arrivions plus à nous arrêter. Nous rîmes jusqu'à en avoir mal au ventre, mais qu'est ce que ça faisait du bien. Oublier tous les problèmes et simplement rire, sans soucis.

- Bon, dis Paul. Je vais chercher de quoi les casser.
Il partit en direction de la forêt et revint quelques minutes plus tard avec deux cailloux, un plat et un pointu. Il plaça la noix de coco sur le plat et tenta de la fracasser avec la pointue. Il essaya à plusieurs reprises et usa toutes ses forces. Je lui conseillai de se reposer un peu et reprendre des forces avant qu'il ne se fasse mal, mais il ne voulait pas s'arrêter tant que ce n'était pas ouvert en deux. Quel homme têtu... Finalement après bien un quart d'heure de combat acharné la noix s'ouvrit en deux. Un sourire de vainqueur s'installa sur son visage.

- À table ! Dit-il à mon intention.
Je lui souris et le remerciai avant de m'asseoir sur le sable pour manger. Je pris tout mon temps, petit bout par petit bout pour faire durer le plaisir. Le goût était délicieux et ça nous fit vraiment du bien de manger un peu. Après ce bon repas, Paul me regarda un moment puis me demanda, un sourire au coin des lèvres :
- On se baigne ?