Premier Flocon

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John tenait Rosie dans ses bras, regardant la rue en contrebas. Ils attendaient Sherlock, lancé sur une affaire de meurtre plus tôt dans la matinée, pour établir le planning de leurs vacances. L'enfant s'agita soudainement dans les bras de son père et un rire cristallin retentit.

- Oh, qu'est ce qui t'intrigue ainsi ? fit John en souriant.

La petite agita ses bras vers la fenêtre et fit semblant d'attraper quelque chose. Tournant la tête, le docteur se rendit compte qu'il commençait à neiger.

- C'est de la neige Rosie. De la neige.

Elle babilla quelques sons incompréhensibles avant que son regard soit attiré vers quelque chose d'autre. De son côté, John s'inquiétait. Sherlock lui avait promit d'être là avant quatorze heure. Et il était seize heure et demi. Il avait d'abord pensé que le sociopathe cherchait simplement à éviter le sujet de "Noël", mais il savait aussi que son ami l'aurait prévenu s'il prenait du retard. Le médecin posa sa fille au sol et la laissa parcourir la maison à quatre pattes, tandis qu'il rangeait pour la énième fois les livres que son colocataire laissait traîner. Un bref coup de sonnette le fit se redresser et il accourut pour ouvrir la porte. Sherlock, de la neige dans ses cheveux en bataille, rentra en se dévetissant de son écharpe et de son manteau.

- Pourquoi tu as mis autant de temps ? s'enquit John.

Le détective ne répondit pas tout de suite, préférant se préparer un thé. Mais il était évident qu'il était soucieux. Le docteur préféra lui laisser le temps de se calmer et s'assit sur un fauteuil, en profitant pour récupérer sa fille et la poser sur ses genoux. Quand enfin le consultant revint dans le salon, une tasse de thé dans les mains, John attendit patiemment qu'il s'assied avant d'entamer son interrogatoire.

- Tu m'avais dit revenir avant quatorze heure, l'affaire n'avait pas l'air compliquée.
- Oh mais l'affaire était simple ! Mais Scotland Yard a décidé de me mettre de côté.
- Pardon ?

Rosie renversa alors le verre devant elle. L'eau trempa le pantalon de John et il grogna.

- Rosie ! Ce n'est pas bien !

Il se leva et partit chercher de quoi essuyer les bêtises de sa fille.

- Explique toi Sherlock.

Ce dernier avait récupérer la petite sur ses propres genoux pour éviter qu'elle glisse dans l'eau.

- Un nouvel Inspecteur a été muté à Scotland Yard. Erneast... Ernest... Un truc du genre.
- Et ? fit John en essuyant le sol.
- Je l'ai rencontré ce matin, durant l'enquête. Il n'a pas arrêté de me suivre et de critiquer chacun de mes faits et gestes. Au début, ça n'était pas important, je l'ai juste oublié de mon esprit.

Il ponctua sa phrase en éloignant sa main de son esprit, comme pour montrer le chemin que cet inspecteur avait prit. John se rassit dans son fauteuil en réprimant un sourire face à son caractère parfois enfantin.

- Enfin, vient un moment où mes indices me conduisent dans une école privée, celle d'Emy Eltair, la victime âgée de douze ans. Je demande à Lestrade de venir, refusant de supporter plus longtemps cet hypocrite. Mais il m'a dit que je n'avais qu'à apprendre ce qu'il subissait. Ce qui prouve bien une chose !

John leva un sourcil, sceptique de la réponse que son colocataire allait lui servir.

- Oui ?
- Même lui ne peut pas le supporter.

Le médecin était convaincu que ce que Lestrade subissait, ce n'était pas ce nouvel inspecteur mais plutôt le consultant. Cependant, il ne dit rien.

- Bon, je me retrouve donc avec cet Ern... Erni... Ce gars, qui me suit à la trace. Dans la salle de classe de la victime, je trouve un livre à son nom, mais d'un niveau bien trop avancé pour son âge. Je me mets donc à le feuilleter et note que certains numéros de pages sont entourés au crayon. Mais cet inspecteur arrive et prend le livre en s'écriant que c'est une pièce à conviction.
- Ce n'est pas étonnant puisque c'est vrai Sherlock.
- Attends, attends. Je lui ai donc expliqué mon raisonnement mais il a demandé à ce que je sois radié de cette enquête ! Je décide donc de suivre certaines pistes de mon côté tandis qu'ils retournent à Scotland Yard. Il devait être approximativement treize heure et demi. Mon enquête personnelle m'amène dans une vieille librairie, d'où le livre trouvé pourrait venir. Je n'y trouve rien de très concluant, si ce n'est une liste des rares acheteurs de cette édition. Le premier nom est inutile, la personne étant décédée depuis plus de trois ans. Le deuxième, par contre, est bien plus intéressant. Damien Clarkos est un homme d'une quarantaine d'année, que je suis persuadé d'avoir déjà vu.
- Et tu as trouvé d'où tu le connais ?
- Non, je n'en ai pas eu le temps, grommela Sherlock. Peu de temps après mon arrivée, un agent a toqué à la porte et a demandé à parler à monsieur Clarkos. Je m'étais présenté comme étant moi même de la police, donc tu imagines bien que ma présence était maintenant inhabituelle. J'ai donc été "gentiment" reconduis à Scotland Yard où j'ai enfin pu parler à Lestrade.
- Et ça explique tes trois heures de retard ?
- En partie. Lestrade m'a donc débité une centaine d'évidences dont je ne me souviens même plus tant son bavardage était agaçant, jusqu'à ce qu'il me dise que la police n'aurait sans doute plus besoin de mes services.
- Pardon ? Pourquoi ?
- Tu es au courant que l'utilisation d'un consultant est déjà plutôt mal vue par certains. Le nouvel inspecteur a en fait été muté dans notre secteur pour prouver qu'il pourrait me surpasser.
- Mais c'est impossible !
- Sauf quand on m'imite. Au moment où Lestrade me parlait, cet Erneast ou quoi que soit son nom arrêtait Damien Clarkos. Il était déjà fiché à la police pour possession de pedopornographie. Il s'était attribué ma trouvaille dans le livre et fait le lien par la suite avec la librairie et donc la liste des noms.
- Attends. Il a volé ton travail ?!
- Oui. Je viens de le dire.
- Et ça ne te fait pas plus réagir ?
- John, tu devrais savoir que ce n'est pas la reconnaissance et la gloire qui m'importent.
- Si tu le dis... Mais où est le problème alors ?
- Le problème est que cet inspecteur a résolu l'enquête avant moi. Donc la direction a une bonne excuse pour cesser toutes affaires avec moi en mettant ce voleur dans la lumière.

John tapota ses lèvres de son index. Malgré ce que disait son ami, il semblait vexé qu'on lui vole le fruit de ses recherches.

- Donc... Tu n'as plus de travail à part les clients directes ?
- Oui. Tant pis, Scotland Yard n'était qu'une...

Il agita les bras et fit la moue en cherchant ses mots.

- Une base de données pour trouver plus facilement un crime intéressant.
- Non, Sherlock, tu prenais du plaisir à travailler là bas !

John fut surpris par son propre ton. Et d'après l'expression de son colocataire, ce dernier l'était tout autant.

- Pardon. Mais je refuse que tu fasses des concessions pour un abruti qui ne te respecte pas.

Sherlock se mit à rire, laissant le docteur pantois.

- Ah, John. Que veux-tu que j'y fasse ? La direction tente de me chasser depuis des années.
- Invite cet inspecteur à Noël.

Cette fois-ci, ce fut au tour de Sherlock de rester bouche bée.

- Je déteste Noël. Il me déteste. Tu penses vraiment que ça va être une bonne idée ?
- Moins et moins, ça donne quelque chose de positif non ? De toute façon tu n'as pas le choix, sourit-il en se levant et en enfilant son manteau.
- Pardon ? Il s'agit aussi de ma maison je te signale ! John ! John !

Mais ce dernier était déjà sortit de l'immeuble.

- Pa... Papa.

La petite voix de Rosie venait de retentir sur les genoux de Sherlock.

- Désolée petite génie, mais il est partit.
- Papa...

Il sourit et passa sa main dans ses cheveux qui poussaient à une vitesse folle.

- Il est partit Rosamund.
- Papa... Papa Sherlock.

Le consultant arrêta de passer sa main dans les cheveux de la petite fille.

- Papa Sherlock !

Elle serra sa minuscule main autour d'un doigt de l'homme.

- Va falloir que j'ai des explications avec John.

Le Noël de Rosie [Johnlock]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant