Prologue

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Des bruits résonnèrent dans sa tête. Encore trop endormie, elle ne sut déterminer ce que c'était, ni distinguer le rêve de la réalité. Engouffrée dans un matelas doux et frais, elle n'eut le courage d'ouvrir les yeux, voulant immédiatement replonger dans un profond sommeil dans lequel elle était si bien. Sans qu'elle ne le veuille, le monde réel fit petit à petit son apparition. Elle ouvrit doucement, mais définitivement les yeux, à contre cœur. De toute manière, la pièce était plongée dans le noir, alors yeux fermés ou non, ça ne changeait rien. Elle ne voulait pas voir la lumière du jour, ni artificielle : elle vivait la nuit, dehors, au bord de mer. La seule chose qui changeait, c'était qu'elle était désormais éveillée, consciente. Le monde des rêves était bien plus apaisant, même si elle ne se souvenait jamais de ses rêves. Son corps, lui, en décida autrement. Il était lourd, éteint, à sa place dans ce lit, comme s'il avait été conçu pour rester en position allongé, sur ce matelas, dans cette literie. Le scénario était le même, chaque matin, depuis deux semaines. Malgré son quota d'heure de sommeil respecté, elle était épuisée. Des nouveaux bruits résonnèrent. Quelqu'un toquait à la porte de sa chambre. Elle émit un faible son en guise de mécontentement, mais se doutait bien que la personne n'avait pas entendu. Il fallait qu'elle se lève, mais c'était difficile, extrêmement difficile. Encore trop faible pour parler, elle émit de nouveau un faible grognement, puis décida de se redresser doucement dans son lit. Une fois assise sur son lit, pensant pouvoir émerger doucement, la personne toqua plus fort à la porte. Ça l'agaçait. Elle leva les yeux au ciel, puis se fit violence pour poser ses deux pieds par terre, sur son doux tapis. Elle souffla, reprenant son souffle et gardant son calme. Son cœur battait désormais si fort, alors qu'elle venait tout juste de se réveiller, son corps encore léthargique. La personne ne pouvait-elle pas patienter ? Cette personne n'était pas une inconnue. Elle n'était nulle autre que sa petite sœur Aela, qui venait chaque soir lui rendre visite depuis deux semaines, afin de lui tenir compagnie, acheter de quoi manger, s'assurer que tout allait bien. Les coups contre la porte étaient de plus en plus forts et impatients. Sa petite sœur avait le double des clefs, mais toquait toujours à la porte de sa chambre, attendant l'approbation de sa sœur pour entrer. Ce fut avec difficulté qu'elle se leva de son lit, et traina du pas, portant son corps, les yeux à moitié fermé, pour ouvrir la porte à sa petite sœur. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle réprima un hoquet de surprise – ce qui la réveilla davantage et fit accélérer son cœur – puis fusilla sa petite sœur du regard. Aujourd'hui, Aela n'était pas venue seule. Toujours la main sur la poigné de la porte, paralysée par la surprise, elle pianota ses doigts contre celle-ci. Elle prit un air ennuyé, contractant sa mâchoire, fixant un point derrière Aela, parce qu'elle savait qu'elle aurait le droit à un interrogatoire, une leçon de morale, et tout un tas de choses encore. Ça faisait aujourd'hui deux semaines qu'elle était partie de chez elle, sans prévenir personne, sans donner d'explication. Seule sa petite sœur Aela avait été tenu au courant du lieu où elle s'était réfugiée. Toutes les deux s'entendaient très bien. Aela était la personne avec qui elle s'entendait le mieux parmi tous ses frères et sœur. Cette dernière se faisait petite, appréhendant la réaction de sa grande sœur.

- Je suis désolée, Louise, murmura Aela, les larmes aux yeux, tripotant nerveusement la fermeture de son gilet, mais ça ne pouvait plus durer.

Elle fusilla sa petite sœur du regard, lui en voulant d'avoir brisé son secret. Au fond, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Louise l'avait mise dans une situation bien compliquée. Toujours la main sur la poigné, elle observa une dernière fois sa petite sœur, évitant du regard la personne à ses cotées, puis voulu fermer la porte. La seconde personne rompit ce geste en plaçant son pied entre la porte afin qu'elle ne se ferme pas. Louise fit volte-face en soupirant bruyamment, puis s'avança vers son lit, tandis que la femme entra en ouvrant grand la porte. Aela resta en retrait, gênée de la situation.

Louise, infirmière en psychiatrie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant