Chapitre 7 - Agitation.

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- Il était agité, certainement shooté à mort, fit remarquer Robin en tirant une latte. Ça explique pas mal de choses.

Comme beaucoup de soirs, Louise et Robin parlaient autour d'un verre sur le balcon, observant les étoiles scintiller et sentant sur leur peau et aux plus profond de leur poumon le vents frais d'une fin de soirée. Adèle était de repos, mais était partie quelques jours chez ses parents en province. Robin et Louise étaient donc seuls dans l'appartement. En vue des horaires de nuit d'Adele, cette organisation était plutôt récurante. Louise avait réussis à terminer cette journée, non sans être déstabilisée, et honteuse, de sa réaction face au nouveau patient. Elle n'avait cessée, pas même une seconde, d'y penser. Suite à cette légère altercation, Louise avait préparée les médicaments avec Maya, les avait distribuer, fait les transmissions, mais surtout regarder le dossier du nouvel entrant, monsieur Clauss, qui, en effet, n'en était pas à sa première hospitalisation. Ce monsieur de 43 ans avait été diagnostiqué bipolaire de type 1 depuis bientôt quinze ans. Il se faisait fréquemment hospitaliser sous la demande d'un tiers (SDT) pour cause de rupture de traitement et de consommation de cocaïne. Il avait des périodes parfois, du à sa pathologie, où il devenait dangereux pour les autres mais surtout pour lui même.

- Shooté ou non, il reste un patient. Je n'ai pas su garder une posture professionnelle correcte, se lamenta Louise en jouant avec une cacahuète qu'elle faisait rouler sur la table.

Louise avait, comme souvent, raconter sa journée à Robin, notamment le comportement de son nouveau patient. Elle en avait honte, et n'avait cessée d'y repenser. Sa réplique, sa voix rauque, forte, grave et débraillée de shooté tournait en boucle dans sa tête. Le mépris d'un ordre simple devenait une véritable source de tourment : « Rendez-vous utile, prenez mes sacs et détendez-vous un peu ! ». Il n'y avait ni respect, ni lucidité. Ce patient n'était pas lucide, il était agité, sous substances. Malgré ces faits, Louise n'arrivait pas à se rassurer, et ne pouvais s'empêcher de prendre ses remarques pour elle. Jamais il ne fallait prendre ce genre de chose pour soi. « Blondinette », il s'agissait bien de Louise, mais s'agissait-il d'elle en tant que personne ? Ça n'était pas possible, puisqu'il ne l'a connaissait pas. Il ne savait pas qui elle était. Tout comme la blouse, les cheveux caractérisait la personne mais ne faisait pas d'elle entièrement ce qu'elle était. La cacahuète que tenait Louise finit par tomber au sol. Elle soupira bruyamment, passant ses mains dans ses cheveux.

- Je n'ai même pas su...

- Tu es trop dure avec toi même, l'interrompt Robin en tirant une énième latte. Tu viens à peine de commencer, laisse toi le temps.

Louise soupira, puis se leva brusquement de sa chaise. De nature douce et fluide, la contrariété et l'anxiété la rendait nerveuse. Robin la regarda en haussant les sourcils dans l'attente d'une explication, ne comprenant pourquoi elle s'était levée d'un seul coup.

- Je vais me faire un punch, l'informa Louise en haussant des épaules.

En réalité, même si elle avait envie de boire un verre d'alcool, elle voulait simplement camoufler ses fines larmes qu'elle sentait monter. Une fois le premier pied dans le salon, elle se permis de laisser couler une première larme qui n'attendait qu'une seule chose depuis de nombreuses heures : de sortir. En parler lui permettait d'extérioriser, chose qu'elle faisait souvent, notamment avec Robin. Une fois près de la cuisine, là où Robin ne pouvait la voir, elle effaça sa larme du revers de la main, puis soupira. Louise avait du mal, dans un cadre général, à gérer ses émotions. Tout se lisait sur les traits de son visage. Les choses la dépassait très vite. Elle était bien conscience que c'était une chose sur laquelle elle allait devoir travailler. Il ne fallait pas qu'elle ramène le travail chez elle, et elle le savait. Louise finit de préparer son verre de punch puis rejoignit aussitôt Robin, qui était en train de rallumer une cigarette. Dans un élan de positivité, Louise leva la tête, prit une allure fière, et s'installa sur sa chaise avec énergie, comme revigorée.

Louise, infirmière en psychiatrie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant