Louise, infirmière en psychiatrie.

Chapitre 4 - Apprentissage.

- A ton tour, on recommence ! S'exclama Xavier en tapant des mains, s'installant sur le lit.

- Quoi ? Encore ? Soupira Louise, le souffle haletant, les mains sur les hanches.

Les deux infirmiers avaient terminé la distribution des médicaments du soir. Ça s'était bien passé. Louise avait pu se présenter à la grande majorité des patients, et mettre des visages sur des dossiers. Il lui faudra encore un certain temps avant de tout pouvoir retenir, mais elle avançait, doucement, mais surement. Ça ne faisait pas plus d'une vingtaine de minutes qu'ils avaient terminés. Désormais, en vue de leur temps libre avant les transmissions écrites et orales, Xavier entraînait Louise et Maya à la contention physique, un soin récurant en secteur fermé. A deux, ils avaient contentionner Maya, puis avaient inversés les rôles. C'était formateur de savoir comment faire, et ce que cela faisait. Xavier n'avait pas manquer de ré expliquer les indication, contres-indication, les surveillances infirmiers... Ils n'étaient que trois, dans une chambre d'isolement éclairée d'une simple lumière jaune. C'était sinistre, mais l'aspect réel d'une chambre d'isolement thérapeutique qui se résumait à un lit fixé au sol et un toilette. Xavier avait tout d'abord montré comment on utilisait les sangles, puis une fois la technique maitrisée par les deux jeunes femmes, il était passé à la simulation du patient agité, voir violent. A l'instant, Xavier venait, une nouvelle fois, de contentionner la main de Louise. Il maitrisait ce soin comme s'il le faisait depuis toujours, avec une dextérité et une aisance déconcertante. En même temps, ça faisait des années qu'il travaillait ici, en psychiatrie.

- Contentionne moi la main gauche, ordonna Xavier. Use des techniques que je viens de te transmettre.

- Je suis toute seule ! Protesta Louise, les yeux grands ouvert et les bras écartés. C'est compliqué, là. On ne fait pas ça tout seul.

- Ça n'est qu'un bras, répondit Xavier sur un ton calme. Jusqu'à preuve du contraire, nous contentionnons deux bras et deux jambes, et même le ventre.

Louise fit une moue exaspérée. Xavier avait raison de l'entraîner. Ça faisait une vingtaine de minutes qu'elle répétait, encore et encore, jusqu'à maitriser le soin. C'était physique. Elle était encore essoufflée, et n'avait pas encore la technique, ni la dextérité et la rapidité d'exécution : mais c'était un bon début. Tandis que Louise restait là, revendiquant son épuisement, Xavier était en train de simuler un patient agressif. Il frappa la cuisse de Louise une première fois dans une violence déstabilisante. Il fallut qu'il frappe une seconde fois avant que Louise ne réagisse. Cet exercice était une question de rapidité d'exécution : il fallait agir. Instinctivement, Louise avait reculé, mais il ne fallait pas faire ça. Un patient violant était effrayant lorsque l'on se retrouvait seuls, démunis, sans savoir quoi faire, et qui alerter. Louise n'avait pas assez de bagages, mais elle était désormais infirmière diplômée d'état en psychiatrie, en secteur fermé. Elle était une blouse blanche, c'était à elle de contentionner, cela faisait partie de son rôle prescrit, inscrit dans ses champs de compétences. Xavier allait frapper une troisième fois mais Louise saisit voilement son poignet de ses deux mains puis la ramena vers le bord du lit, où se trouvait la sangle. Elle posa son genou sur le rebord du lit afin de prendre davantage d'appuis et ne pas perdre l'équilibre. Une fois la main contre le matelas, elle posa son genou sur son pli du coude afin de l'immobiliser. Xavier continuait d'agiter sa main, tandis que Louise saisit la sangle afin de l'installer autour de son poignet. L'agitation de sa main, même amoindri, la déstabilisait dans ses actes. Tremblante dans l'adrénaline et la situation d'urgence, elle ne réussit pas à mettre le clou.

- Louise, gronda Xavier en agitant sa main, tu n'as pas que deux mains et un genou. Réfléchis !

- Tu fais deux têtes de plus que moi ! protesta-t-elle, essoufflée.