XII.

4.5K 276 4
                                    

Trottant sur nos chevaux, Johann et moi faisons une longue promenade dans l'immense parc du château. Il me l'a proposé après avoir participé à l'entretient journalier qu'il a avec son père. Je sais que ça s'est mal passé, car je me trouvais dans la bibliothèque à côté et j'ai pu entendre leurs éclats de voix de là où j'étais. J'ai remarquée que lorsqu'il était contrarié, il s'enfuyait à l'écurie et on ne le revoyait pas avant de longues heures... Seulement, aujourd'hui il m'a emmené avec lui.

Constatant son état de fatigue et sa fébrilité, je n'ose lui demander ce qu'il s'est passé. J'ai déjà compris que les rapports avec son géniteur était plus que tendu et ce depuis longtemps. Je profite donc de ce moment de nature qui m'a tant manquée ces derniers jours, laissant simplement le vent caresser mon visage et faire voler mes cheveux.

— Tu es bien silencieuse depuis que nous avons quittés le château? Dit-il avec une pointe de déception.

— Cela fait si longtemps que je ne suis pas montée à cheval... Je profite de l'instant, c'est tout. Répondis-je avec flegme.

—Tu sais où nous allons? Dit-il mystérieux.

— Parce-que nous allons quelque part? Je pensais que nous nous promenions simplement? Rétorquais-je avec surprise.

Après avoir avancés de quelques mètres, les arbres laisse apparaitre une grande maison entourée d'une charmante clôture en bois. Il y a deux gardes mais aussi une femme qui lave du linge à la rivière et un homme qui coupe du bois dans la cour. Johann descend de cheval et vient m'aider à faire de même. Les gardes nous font la révérence et nous pénétrons la maison. Elle est plus petite que la notre, mais elle est superbe malgré tout. Il y a un feu dans la cheminée et une odeur de marrons grillés embaume l'atmosphère. J'ai l'impression de retomber en enfance quand je pénètre ce lieu. Soudain, alors que je suis perdue dans mes pensées, une voix familière me surprend.

— Enfin! De la visite! Dit-elle, les mains sur les hanches.

Je me retourne et l'observe un instant avant de me jeter dans ses bras. Sylvia! Elle m'enlace avec douceur et je reste un certain temps dans sa chaleur.

— Laisse-moi respirer. Dit-elle d'une voix étouffée.

— Désolé, mais je suis si heureuse... Réagissais-je, extatique.

Johann s'est mis en retrait et il nous observe de façon étrange, ne comprenant pas notre proximité mais un léger sourire sur les lèvres malgré tout.

— Que fais-tu ici? À qui est cette maison? Pourquoi es-tu partie si vite? Demandais-je avide de réponses.

— D'abord... asseyons-nous. Vous êtes prince et princesse et je me dois de vous accueillir comme tel. Dit-elle, nous montrons le canapé près de la cheminée.

Nous nous installons et elle nous sert du thé avant de s'asseoir à son tour.

— Cette maison est l'une des dépendances du château où ton charmant époux m'a autorisé à séjourné. Quand vous avez été transférés à l'aile ouest, je n'avais plus de prétexte pour rester là-bas, donc il m'a proposé de venir ici, si je le souhaitais.

Je me retourne vers Johann et le regarde, abasourdie par les dires de ma tante. Je ne le croyais pas capable d'un tel geste.

— Est-ce vrai?

— J'ai essayé de vous le dire l'autre fois mais comment dire... vous vous étiez déjà fait votre opinion. Ensuite, j'ai oublié. Je me suis dit que vous faire la surprise serait plus intéressant. Dit-il, amusé. Comme Sylvia est officiellement sur un terrain royal, elle n'a pas vraiment quittée le château. Vous pourrez venir la voir quand vous le voudrez, seulement prévenez-moi à l'avance afin que des gardes vous accompagnent. Je ne veux pas avoir à vous chercher, si j'ai besoin de vous. Est-ce une offre convenable?

TurnoverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant