Je n'ai pu m'empêcher de verser des larmes aujourd'hui. Que voulez-vous? Une fois encore la vie m'a joué un sale tour. Je me réfugie dans cet endroit où je peux régner en paix. Est-ce ma chambre? Est-ce mon lit? Est-ce cette cabane au fond du jardin?
Non.
Cet endroit particulier est accessible à tous, et fermé aux autres. C'est un petit espace pour y ranger sa grande peine. Quel est cet endroit? Un mot. Toilettes. Riez autant que vous le voulez. Mais n'est-ce pas l'endroit qui vous soit le plus intime? En ne tournant ne serait-ce que votre poignée de main, la porte est scellée et vous êtes vous même prisonnier. Prisonnier du temps, de la lumière naturelle, de boire, de manger, de voir vos amis et votre famille et encore bien des choses! Mais vous êtes surtout prisonnier de vous même. De ces chaines qui hantent votre cœur et que vous ne pouvez vous en défaire. Le pire c'est que vous entendez tout: "Elle a peut-être réussi là où les autres ont échoué, mais sa note n'est pas extraordinaire."
Comment peut-on dire ça? Ça, alors alors que j'ai tant travaillé pour obtenir cette note...A-t-elle fait le travail à ma place? Non! A-t-elle révisé à ma place? Non! Est-elle allée au contrôle? Non!! A-t-elle réalisé la difficulté de l'exercice? Non!! A-t-elle ne serait-ce essayer de comprendre ce que je lui disais? Non! A-t-elle vu la détresse qui se lisait dans mes yeux? Non! A-t-elle vu les larmes couler sous mes yeux? Non! Et a-t-elle vu...le regard qu'elle me lançait? Un regard glacial, qui ne semblait avoir aucune pitié. Le mépris se reflétait dans ses yeux. Mais la plus grande chose qu'on y voyait...c'était à qu'elle point elle était déçue...Déçue que je ne puisse pas autant réussir que mon imbécile de frère! Il est tellement parfait alors que moi...je ne suis bonne à rien! Dois-je vraiment suivre ses traces? Ou créer un nouveau passage inconnu? Je ne peux que mieux réfléchir dans cette prison.
Je ne sais pas vous mais, quand je m'enferme, j'éteins la lumière. Un sentiment de solitude fait alors face et je peux me dire que je suis enfin seule pour de bon. Je peux lâcher autant de larmes que je peux, sans pour autant qu'un bruit ne sorte de ma bouche, j'ai appris avec le temps à le faire. Dans mes larmes, j'exprime toute ma colère, mon désarroi et ma tristesse. Je m'allonge sur le sol de cette petite pièce froide et humide qui ne laisse passer qu'une infime lumière par le bas de la porte. Le carrelage glaciale réceptionne mes chaudes larmes salées que je déverse abondamment. Je change de position pour me mettre dans la plus inconfortable possible et me dire que je ne vaux pas la peine d'exister. À ce moment-là, je me dis: "Pourquoi j'existe? Je mérite de mourir! Je ne suis bonne à rien! J'ai tout raté dans ma vie!! Aide moi...Aide moi...j'ai besoin de toi...". Oui je ne peux pas m'empêcher de l'appeler à l'aide dès que je me sens mal. J'aimerai qu'il me prenne dans ses bras comme il l'a déjà fait, qu'il me console en me disant "Ça va aller" alors que je continue de pleurer comme pas possible...J'ai l'impression de ne plus penser à rien, que je ne suis qu'une coquille vide qui verse des larmes. C'est à ce moment là souvent que je me mets dos au mur ou à la porte pour pleurer moins qu'avant. Mais le sentiment est à son apothéose à ce moment-là. Je ferme les yeux et mon visage se crispe. Je retiens mon souffle pour me calmer mais je sais que les pleurs redoubleront quelques secondes après. Je me mets en boule et me confine sur moi même, comme pour me faire souffrir. Dans cette période là, je ne fais que me répéter que c'est une mauvaise passe...mais en pensant encore quelques heures, je garderai ce goût amer et que je ne sourirais qu'hypocritement ou pas du tout même.
Malgré que le sentiment d'impuissance soit toujours présent, j'essaye au maximum de me calmer, de reprendre un souffle normal et d'essuyer les larmes sur mon visage. En sortant des toilettes, je regarde souvent mon visage dans le miroir. J'ai ce même regard. Les yeux rouges, parce que j'ai frotté mes yeux, le nez qui coule qui est le bienvenu à chaque pleur. Je remarque aussi toujours que j'ai ce regard qui semble désolé et qui regrette de se regarder dans le miroir et qui ne veut plus jamais se revoir. Même s'il est désolé, ça n'empêche pas qu'il soit dépourvu de sentiment et que mon visage n'affiche rien qu'une bouche retournée et qui n'est prête, ni à sourire ni à bouger.
Et je sais qu'à ce moment, je ne sourirai plus jusqu'à ce qu'au diner. Tiens? Je l'entends m'appeler comme si de rien était.
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La pression face aux études
Non-FictionL'école est parfois le pire des cauchemars des écoliers. Pourquoi autant nous faire souffrir? Ces histoires sont des mauvaises passes de la vie réelle vis à vis de l'école. Si vous vous sentez mal, peut-être qu'on pourra déprimer ensemble?