Le légendaire corsaire des mers-La Louve Blanche- Tome 2 : Le diamant noir

Chapitre 1 : Le démon des mers

A l'horizon se distinguait un impressionnant navire qui fendait les vagues avec autant d'avidité qu'une faux qui récoltait les âmes des défunts. Un navire aux voiles écarlates. Un navire à la coque couleur ébène. Un navire sombre et dangereux au-dessus duquel flottait le drapeau noir. 

Le Scarlet Daemon !
Le bateau pirate le plus sanguinaire qui écumait les flots à ce jour.

Son capitaine ? Personne ne connaissait sa véritable identité, ni même son passé.
Il était apparu du jour au lendemain tel une ombre dévastatrice qui se propageait, faisant de l'océan son terrain de jeu. Mais Jack Shadows – le pirate le plus diabolique et le plus perfide des côtes françaises et au-delà - ça, c'était un nom que tout le monde connaissait... Et lorsqu'il était prononcé, grand nombre de gens priaient pour ne pas croiser sa route. Il s'agissait d'un pirate réputé sans foi ni loi. Un homme au cœur asséché par la haine et le chagrin. Un être rejetant tout sentiment ... Après tout, pourquoi ressentir quoi que ce soit alors que l'amour ne faisait plus parti de son monde ?

L'unique personne qui valait bien plus que n'importe quel trésor, bien plus que sa propre existence, avait disparu... Il avait tenté de la retrouver ! Par tous les moyens, il avait cherché la trace d'un portail encore ouvert afin de la rejoindre. Il avait tant creusé, tant fait de recherches sur les Surnaturels, qu'il en savait désormais bien plus sur eux que sur sa propre identité ! Il l'avait cherchée, encore et encore ... Jusqu'à en perdre la raison ! En vain...
Plus les mois passaient, plus il perdait espoir.
Prisonnier de son passé et de ce corps changeant, il s'était refermé à ce monde qui lui avait tout pris, enveloppant son âme d'un manteau de noirceur et de mépris. Il pillait, tuait, kidnappait même, si l'envie lui prenait. Pour lui ça n'avait plus d'importance. Mais dès qu'il voyait une once de bonheur alors que lui n'y avait pas droit, il devenait cette créature de la nuit machiavélique et avide de sang !
Beaucoup le surnommaient Le démon des mers. Même son équipage le craignait. Jack l'avait composé des pires crapules et pourtant, même ces houliers* le redoutaient car ils savaient...

Aucune lame, aucune arme ne parvenait à en venir à bout ! C'était à peine si elles l'égratignaient. Lorsqu'elles s'enfonçaient dans sa chair, son corps se régénérait presque instantanément, ne laissant perler qu'une ou deux gouttes de son sang. Certains hommes pensaient qu'il était le dernier Surnaturel sur Terre, mais il était bien différent d'eux. Il était invincible. Il était...Immortel ! Et de cela il en était certain. Combien de fois la solitude et le chagrin l'avaient-ils poussé à mettre fin à sa vie ? Un nombre suffisamment important pour qu'il ait arrêté de compter toutes ses tentatives qui n'avaient pas porté leur fruit, car il était toujours là. Incapable de mourir, que ce soit de sa main ou de celle d'un autre...

Avec le temps, des histoires se propagèrent à son sujet. Elles disaient toutes à peu près la même chose... Qu'il avait été Mortel autrefois et qu'il avait été maudit pour avoir offensé des êtres divins. Mais la véritable raison était toute autre et lui seul la connaissait.
Lorsqu'il se retranchait dans ses appartements, le passé l'assaillait à chaque fois, comme les vagues qui venaient inlassablement s'écraser sur les roches des falaises. Cette douloureuse amertume qui le rongeait de l'intérieur et qui le pourchassait même jusque dans ses songes. Elle, et uniquement elle, parvenait à le tourmenter ainsi. Encore. Chaque nuit, il se réveillait en sursaut. Chaque nuit, il se retrouvait bouleversé, de désagréables sueurs froides créant une fine pellicule qui recouvrait tout son corps. Et dans un murmure plaintif, seul son nom traversait ses lèvres :

aaaa« SheWolf »


Jack sortit de sa cabine avec une migraine affreuse, résultat d'une photophobie presque insoutenable. Photophobie qui prenait elle-même naissance dans le trop grand excès de rhum qu'ingurgitait le capitaine pour tenter de noyer son chagrin. Mais tout comme le suicide, l'oubli par l'ivresse ne semblait pas non plus lui être accordé. Peu importait la quantité de bouteilles qu'il vidait il n'était jamais soûl. Le meilleur résultat qu'il avait réussi à obtenir était ces fameuses migraines qui lui martelaient la tête.
Mais cela, personne ne le savait car il feignait souvent d'être ivre. Un ivrogne n'était pas en mesure de se battre correctement alors on se montrait moins prudent. Un ivrogne ne se souvenait pas le lendemain alors les langues se déliaient plus aisément.
Il fit donc mine de se diriger d'un pas mal assuré vers l'homme à qui il avait donné la barre.

aaaa« Bientôt arrivés Marcus ? » grommela-t-il dans son rôle de capitaine sortant d'une gueule de bois, une main devant son visage pour atténuer la lumière.

Marcus était le plus jeune du navire. A l'époque où Le démon des mers recherchait des hommes près des côtes espagnoles, il s'était présenté. Cela avait amusé l'équipage.

aaaa« Un si jeune gaillard comme toi n'a rien à faire ici. Tu es trop frêle et chétif ! Un coup de vent en pleine mer te ferait tomber. », s'était moqué le capitaine du Scarlet Daemon alors qu'il était installé à une table, les pieds sur celle-ci.

Cependant le jeune homme était déterminé à être aux services du pirate qui allait devenir, par la suite, le plus sanguinaire de tous. Ses yeux bleus océan s'étaient alors plongés dans ceux d'un gris limpide et sournois du capitaine Jack Shadows.

aaaa« Tu crois m'impressionner ? Ça aurait pu être intéressant si je ne voyais pas tes jambes trembler. Mais je n'ai pas envie de salir mon épée pour si peu aujourd'hui. », continua Jack alors qu'il jouait avec la dite épée entre ses doigts.

Puis, il se leva, et alors qu'il se dirigeait vers la sortie, les mots que le gamin prononça le stoppèrent dans son élan. Il disait ne plus avoir aucune famille. Qu'elle avait péri dans un incendie, il y avait de cela quelques jours. Qu'il n'avait pas d'amis sur qui compter et qu'il vivait comme un brigand dans les ruelles, à la recherche de nourritures. Selon lui, devenir membre du Scarlet Daemon était son unique chance de survivre à peu près dignement.
Les paroles de Marcus firent échos à la propre histoire du capitaine. Ce que ce jeune homme avait vécu, il ne le connaissait que trop bien.

aaaa« Tu as peut-être un peu plus de courage que ce que je pensais, pour un couard. Tu es engagé. Mais au moindre signe de faiblesse, je te jetterais moi-même par-dessus bord. », répliqua-t-il sans se retourner, le regard plongé dans la nuit.

La réponse positive de Marcus tira Jack hors de son souvenir.

aaaa« Préviens-moi lorsque nous serons au port. » reprit-il tout en regagnant sa cabine sans un regard pour son matelot.

Il lui avait collé l'étiquette de quartier-maître depuis peu mais il s'en sortait étonnamment bien jusque-là.

A l'intérieur, Jack s'installa à son bureau, examinant une fois de plus la carte où il avait gribouillé les coordonnées des portails qu'il avait trouvé au fil du temps, mais tous étaient fermés.

aaaa« Une perte de temps ... », songea-t-il, ses prunelles assombries par un voile de tristesse.

Puis, il la plia et la remit furieusement dans l'un des tiroirs. Une larme tomba sur le bureau ce qui surprit Jack. Il l'essuya méchamment du revers de la main pour en faire disparaître la trace avant de s'installer sur son siège, et de poser ses pieds bottés sur l'écritoire. Il posa son tricorne sur ses yeux, avant de s'endormir.
Mais... même dans ses rêves elle était toujours là, le persécutant de jour comme de nuit. Il voyait encore ses longs cheveux d'un rouge écarlate flottant au grès du vent, sa peau douce et laiteuse, ses grands yeux d'une couleur inhumaine et si fascinants. Il sentait encore sa suave odeur. Il n'oubliait rien. Elle était la source du nom de son navire et ses voiles particulières lui rappelaient ses somptueux cheveux semblables à une flamme du firmament.

aaaa« Si seulement je pouvais encore te voir... Te sentir... Te toucher... », soupira-t-il tandis qu'il plongeait dans un autre souvenir...


A l'époque où il tentait encore désespérément de trouver un portail, une lueur d'espoir s'était emparée de lui. Alors qu'il parcourait les rues sombres et malfamées d'Angleterre, une chevelure d'un rouge écarlate virevolta tout près de lui. Ses yeux scintillèrent d'une lueur nouvelle et sans même réfléchir à son geste, il se précipita vers la passante.

aaaa« SheWolf ! » s'écria-t-il tout en retrouvant délicatement par l'épaule la personne qui se tenait devant lui.

Mais lorsqu'il fut face à la jeune demoiselle, cet éclat d'espérance s'évapora comme l'écume. Elle ressemblait à SheWolf c'était indéniable. Sa taille était aussi menue et féminine que celle de sa bien-aimée, son corps tout aussi laiteux et délicat, ses cheveux tombant en cascade sur ses reins étaient également d'un rouge époustouflant et ses lèvres toutes aussi rouges et charnues mais... Ses yeux... Ils étaient d'une couleur banale et d'un éclat étrange, bien lointain de ceux, parfois espiègle, de son capitaine. Ses prunelles étaient certes d'une belle couleur miel virant très légèrement vers le vert mais ils n'en restaient pas moins... classiques.
Le regard presque irréel de SheWolf restait unique !

aaaa« Excusez-moi, je vous ai confondu avec quelqu'un d'autre. » se justifia-t-il rapidement d'un ton morne.

aaaa- Cette personne doit être très belle pour que vous nous confondiez ! s'esclaffa-t-elle légèrement hautaine.

aaaa- Bien plus encore. » répliqua-t-il du tac au tac sans vraiment prêter attention à sa réplique guindée.

Surprise de sa réaction, la jeune femme afficha un sourire qui se voulait malicieux.

aaaa« J'aime les hommes qui ont du caractère, reprit-t-elle tout en tournant autour de Jack comme s'il était une proie fraîche et appétissante. Comment m'avez-vous appelée ? She...Wolf ? Drôle de nom. Est-ce votre maîtresse ? Ou bien votre femme peut-être ? A-t-elle fui la demeure familiale ? Si c'est le cas, c'est une sotte. Avoir un homme comme vous dans son lit doit être la meilleure chose au monde. » continua-t-elle tout en le goûtant du regard.

Mais ses paroles ne firent qu'éveiller la colère de Jack. En quel honneur se permettait-elle de parler ainsi de SA femme !?! Il s'était juré que plus personne, homme ou femme, ne parlerait d'elle ainsi sans aucunes représailles de sa part en retour. Avec rapidité, il plaqua la rousse au mur, tenant dans sa grande et virile main son cou délicat.

aaaa« D'autres sont morts pour bien moins que ça. » Murmura-t-il alors que ses yeux n'étaient que menaces.

Malgré cette soudaine violence, elle ne semblait guère choquée. Bien au contraire, cela paraissait même l'amuser.

aaaa« Quel est votre nom ? demanda-t-elle alors qu'il tenait toujours son cou entre ses mains.

aaaa- Je suis à deux doigts de te tuer et tu me demandes mon nom ? grogna-t-il.

aaaa- Vous me tutoyez déjà ? ricana-t-elle.

aaaa- Je n'en ai rien à foutre de la politesse. Encore moins quand on crache sur des personnes qu'on ne connait pas. répondit-il en resserrant sa poigne autour de son cou.

aaaa- Très bien... T-très bien... Si ... Si vous me lâchiez, nous pourrions peut-être parler comme deux personnes civilisées... Qu'en ... dites-vous ?! » déclara-t-elle alors qu'elle commençait à manquer d'air.

La rage de Jack qui menaçait de sortir se calma quelque peu. Il lâcha sa prise qui toussota légèrement, une main sur sa gorge meurtrie.

aaaa« Tu n'y es pas allé de main morte ! aboya-t-elle.

aaaa- Quel est ton nom ? demanda-t-il encore irrité, sans prêter attention à ses plaintes.

aaaa- Ginger. Ginger Robinson. Je travaille à l'Immodesty's Sanctuary...

aaaa- Tu es une catin. En conclut-il de suite sans s'en émouvoir.

aaaa- Oui et alors ? C'est un problème ? répliqua-t-elle sèchement, soudain mauvaise.

aaaa- Non aucun. Tu es juste encore plus loin du niveau de la femme que je cherche que ce que je pensais, c'est tout.

aaaa- Espèce de goujat !! Tu vas ... » s'écria Ginger alors qu'elle tenta de lui mettre une gifle.

Mais il bloqua sa pathétique tentative d'un seul geste, sans aucun effort. Sa main désormais emprisonnée dans celle de Jack, elle ne pouvait plus rien faire. Ginger tenta de se débattre, en vain. L'homme qui se tenait devant elle faisait deux fois sa taille et son poids.

aaaa« Tu vas quoi ? » l'interrogea-t-il dans un murmure sec et sauvage.

Durant quelques secondes ils se fusillèrent du regard. De la haine et de la mesquinerie flottaient entre eux. Ils étaient aussi bornés l'un que l'autre. Cependant, Ginger ne parvint à lui tenir tête plus longtemps. Il était plus fort, plus robuste et surtout ... plus dangereux. Elle pouvait le sentir.

aaaa« J'espère que tu ne retrouveras jamais cette femme ! siffla-t-elle tout sourire.

aaaa- Tu n'est qu'une...

aaaa- Qu'une quoi ? Une catin ? Je suis au courant et alors ?! Ce mot ne me touche plus depuis longtemps !! Hurla-t-elle dans un regain de colère.

aaaa- Sois maudite, chienne !

aaaa- Je le suis déjà ! »

Énervé au point où ça en devenait dangereux, il lâcha sa main avec fureur si bien qu'elle faillit tomber à terre. Puis, il tourna aussitôt les talons, se maudissant lui-même d'avoir perdu autant de temps.

aaaa« Au fait ! Si jamais, tu te lasses de la chercher ... Tu sais où me trouver, mon mignon ! s'écria Ginger avec sournoiserie alors que Jack disparaissait lentement dans la pénombre.

Il regagna son navire en maudissant cette femme avant de s'évanouir au large...

Malheureusement, plus le temps passait et plus il perdait espoir. Ses recherches n'avançaient pas. Son cœur s'assombrissait davantage au fil des mois et son âme se ternissait toujours plus. Il n'en pouvait plus. Il ne supportait plus d'être aussi loin de sa bien-aimée. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas pu la voir ni même la toucher, qu'il en devenait fou. Cela faisait si longtemps, qu'il avait l'impression de perdre un peu plus chaque jour le souvenir de son visage, de sa peau, de son regard étincelant.
Mais, alors qu'il glissait lentement dans les méandres de son esprit torturé, un souvenir pas si lointain l'agita. Cette femme aussi belle qu'hypocrite, celle qui avait insulté sa compagne, paraissait soudainement devenir une échappatoire à sa folie. Il la haïssait plus que tout. Il la méprisait aussi bien pour sa façon d'être que pour sa ressemblance avec SheWolf. Mais, désormais, elle semblait aussi être la seule solution à ses souffrances, pire, à sa folie naissante. Il s'en détesta lui-même.

aaaa« Alors j'en suis arrivé là ... », songea-t-il.

Sans explications, il ordonna à son équipage de faire voile vers l'Angleterre, plus précisément vers Dover, là où il retrouverait pour la première fois cette démone au physique d'ange.

aaaa« Que la peste t'emporte, chienne ! Tu savais que je reviendrais... »

Après plusieurs jours, il atteignit finalement le port de Dover. Alors qu'il avait la sale impression de se scinder en deux, d'arracher son âme de son corps, à chaque pas qui le rapprochait, il continua quand même d'avancer en direction du lupanar Immodesty's Sanctuary.

A l'intérieur, le vacarme était insupportable. Des canapés couverts de soies rouges englobaient la salle principale de la maison close et des lampadaires immenses éblouissaient les lieux. Au mur, plusieurs voilages rouges et dorés y étaient tapissés et deux grandes colonnes en marbres et couverts de dorures se tenaient en face de lui, maintenant certainement le bâtiment en place. Quant au sol, un long tapis rouge vif passait de la porte d'entrée jusqu'à l'accueil où se tenait une vieille femme rondelette dont le maquillage extravagant faisait penser à une peinture. Elle devait sûrement être la marâtre.
Plusieurs hommes étaient vautrés sur les canapés, accompagnés de femmes presque complètement dévêtues qui ricanaient comme des poules. Certaines d'entre elles se levèrent afin de rejoindre le nouvel arrivant. Attirées par sa carrure imposante, ses cicatrices et son regard de glace, elles l'entourèrent rapidement tout en lui touchant le torse de leurs mains parfaitement manucurées.

aaaa« Un bordel de luxe donc, vu tout le clinquant. », songea-t-il comme pour conclure son état des lieux, déjà agacé par l'attitude de ses femmes qui se pressaient contre lui.

Il se dirigea sans faire attention aux catins qui continuaient de le toucher, vers l'accueil où se trouvait toujours cette vieille femme peinturlurée.

aaaa« Je veux voir Ginger. Déclara-t-il d'emblée.

aaaa- Et vous êtes ? Je ne vous ai jamais vu ici... Il en faut du culot pour venir demander l'une de mes meilleures filles sans même être un habitué des lieux ! Si vous insistez, ça va être beaucoup.... Beaucoup plus cher. Et vous allez payer d'avance, malappris ! rétorqua la marâtre excédée.

aaaa- Je veux la voir tout de suite vieille femme ! » essaya d'articuler aussi calmement que possible Jack en serrant des dents non sans taper du poing sur le comptoir, ses yeux ne masquant pas sa rage.

Le bruit arrêta brusquement tout le monde.
Plus personne ne riait. Ils le regardèrent tous, tantôt curieux, tantôt inquiets, ou encore agacés. Les catins qui l'avaient suivi s'éparpillèrent à nouveau dans la salle, ne désirant pas être impliquées dans cette histoire. Puis, une voix à la fois douce et ferme s'éleva.

aaaa« C'est bon, je m'en occupe. »

Cette voix, Jack la reconnut. C'était elle. Ginger Robinson. Il pivota vers la dénommée, lui lançant un regard gelé.

aaaa« Bien ! Mais je veux qu'il paye av... »

L'ancêtre n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une bourse tomba sur le comptoir. Elle s'empressa de compter sous le regard irrité du capitaine du Scarlet.

aaaa« Cela me parait acceptable. Passez une agréable soirée à l'Immodesty cher Monsieur. Nous sommes ravies de vous compter parmi nos nouveaux clients. » conclut-elle en souriant, bien plus avenante maintenant que ses poches étaient pleines d'or.

Les choses enfin mises au clair, tout le monde retourna à ses badinages impudiques. Quant à Jack et Ginger, ils regagnèrent une chambre sans que personne ne se soucie d'eux.
Lorsque la porte se referma, la catin ne put retenir une remarque, visiblement amusée.

aaaa« Je savais que tu reviendrais. Tu ne l'as finalement pas retrouvé ? Ta douce épouse dont il ne faut surtout pas dire de mal ?

aaaa- Occupe-toi de ce qui te regarde ! répliqua Jack dont la patience était à bout.

aaaa- Mais justement mon mignon, si tu es venu me voir, c'est que ça me concerne !

aaaa- Je ne suis pas venu pour parler ! » gronda-t-il d'une voix rauque qui en disait long.

Comprenant très bien, Ginger ouvrit l'unique vêtement qu'elle portait. Un peignoir en soie blanc avec des bordures en dentelles mauves. Lorsqu'il tomba au sol, son corps se retrouva complètement nu. Jack ne sut que dire. Même ses courbes féminines étaient similaires aux siennes...

aaaa« Tu lui ressembles tellement...Comment...comment cela est-il possible ? » murmura-t-il d'une voix suave qui inspirait le désir.

Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il apparut devant elle et l'embrassa dans le cou. Ce baiser était si tendre qu'elle se laissa tomber dans l'exquise euphorie. Ses seins n'étaient ni trop grands ni trop petits et lorsqu'il se mit à les toucher, ils étaient aussi doux que du coton. Ses hanches étaient plus larges que ses épaules ce qui formait une délicieuse courbure qu'il ne tarda pas à caresser de ses grandes mains. Son ventre était si douillet qu'il aurait voulu l'embrasser pour l'éternité. Quant à son intimité, elle était parfaitement épilée. Et lorsqu'il y gouta, il crut déguster un fruit qui n'attendait qu'à être cueillit.

Toutes ses sensations, Ginger les avait déjà ressenties par le passé mais jamais avec une telle intensité, une telle passion. Il était doux avec elle, tellement doux qu'elle ne savait que faire tant ses émotions prenaient le dessus sur elle.
Pris d'un désir inassouvi depuis trop longtemps, il la déposa délicatement sur le lit avant de se déshabiller à son tour. Ginger en profita pour le toiser de la tête aux pieds. Ses yeux brillaient d'une lueur nouvelle. Elle le trouvait beau comme un dieu. Ses épaules larges, son torse musclé, ses cuisses saillantes et sa verge si solennelle. Tout lui plaisait chez lui, tout même ses cicatrices qui parsemaient son corps. Elle hésita un instant avant de le toucher mais lorsqu'elle le fit, un léger soupir de plaisir sortit de la bouche de Jack. Ce léger bruit la captiva davantage et la débloqua instantanément. Elle se mit ainsi à lui caresser son sexe avant de le prendre en bouche. Ses va-et-vient délectèrent le capitaine.
Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas éprouvé cela, qu'une simple caresse pouvait le faire exploser de désir à tout instant. Ginger le remarqua très vite et arrêta alors ses mouvements avant qu'il ne jouisse trop vite. Elle se coucha sur le dos avant de se décider à l'accueillir. Il ne réfléchit pas à deux fois et se posa contre sa poitrine brûlante dont les tétons pointaient déjà. Cette sensation, pouvoir sentir contre son torse ses seins si satinés, l'excita encore plus.

Leurs deux corps brûlaient de désir. Et lorsqu'ils ne firent enfin plus qu'un, Ginger poussa un léger soupir de satisfaction. Tout son être brûlait au contact de l'intimité de son amant. Plus il frottait son organe au plus profond d'elle, plus elle en demandait. Une danse nuptiale commença alors et l'apothéose ne tarda pas à frapper à leur porte. Ils savouraient cet instant comme s'il s'agissait du dernier. Leurs corps bouillants ruisselaient de fines perles de sueurs et lorsqu'ils atteignirent le septième ciel, Jack murmura inconsciemment un prénom.

L'étonnement traversa le regard de Ginger. Ce prénom, elle l'avait déjà entendu. Et la surprise s'envola aussitôt. Le plaisir qu'elle avait éprouvé l'avait un peu déroutée mais elle se souvint très vite de la raison de sa venue. Elle ressemblait à sa femme... L'espace d'un instant, son cœur s'alourdit car cette sensation qu'elle avait éprouvée ne lui était pas vraiment destinée. Elle avait conscience de n'être qu'un substitut à la véritable femme qu'il aimait mais pour la première fois de sa vie elle avait réellement fait l'amour...

Alors qu'un lourd silence s'installait dans la pièce, Ginger le questionna.

aaaa« Quel est ton nom ? »

Il tourna la tête vers elle, des yeux inquisiteurs. Il hésita un instant mais finit par lui répondre.

aaaa« Jack Shadows, capitaine du Scarlet Deamon. »


Alors que Jack était encore perdu dans ses pensées, quelqu'un frappa à la porte de sa cabine.

aaaa« Quoi ?!

aaaa- Nous sommes arrivés, capitaine. Annonça Marcus qui n'avait pas ouvert.

aaaa- Bien. Dis à l'équipage que vous avez quartier libre pour la nuit. Nous repartirons à l'aube.

aaaa- Entendu, capitaine. »

Ils se trouvaient au port de Dover, non loin du Immodesty's Sanctuary. Et lorsqu'il arriva une nouvelle fois devant l'entrée de la maison close, une personne l'y attendait : Ginger.

aaaa« Je t'attendais, Jack. » Lui sourit-elle.

* pillards