Pas le bon réflexe

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— Tu as fait quoi ? s'exclame Dounia alors que je recrache mon Mojito fraise en essayant de ne pas en mettre partout.

— Doun', tu as bien entendu. Je... Je lui ai vomi dessus, fait doucement Luce en rougissant jusqu'aux oreilles.

Cette fois, nous ne pouvons plus nous arrêter de rire, autant pour la situation qu'à cause de l'air honteux et désolée de notre Luce. Notre hilarité est tellement contagieuse qu'elle-même finit par rire avec nous. Lorsque nous arrivons à nous calmer après de longues minutes, mon mascara a coulé et je dois ressembler à un panda fatigué. Mais je m'en fous, je ne suis pas là pour draguer, de toute façon.

— Putain, j'y crois pas ! Pauvre Marc ! Se faire vomir sur la queue, ça a de quoi calmer.

— Dounia, c'est bon, pas la peine d'en rajouter, intervient Camille, la voix de la sagesse.

— Oh Cam', arrête s'il te plaît. T'aurais dit quoi si une de tes conquêtes t'avait gerbé dessus pendant qu'elle te taillait une pipe ?

Mon meilleur ami sourit mais se reprend rapidement, pour ne pas gêner encore plus Luce.

— Déjà, vu mon état de manque actuel, je serais bien content qu'on me taille une pipe ! Et puis, rien à voir, Marc est son mari, il l'a vue mettre au monde deux magnifiques bébés... Il a déjà eu pire comme vision d'horreur, ajoute-t-il, malicieux.

Luce lui donne une tape sur le bras mais ne se vexe pas pour autant. C'est comme ça entre nous, on peut tout se dire et surtout se moquer ouvertement les uns des autres.

— Je voulais tellement lui faire plaisir ! Mais faut croire que mon réflexe nauséeux est un peu trop développé...

— Mais tu ne l'as pas senti venir ? m'étonné-je à mon tour.

— Bah, un peu, oui. Mais il était à fond et c'était mon cadeau pour nos dix ans de mariage, je ne voulais pas lui casser son délire...

— C'est sûr que là, tu ne lui as pas cassé !

Luce pousse un petit cri et se cache derrière ses mains, mortifiée, tandis que nous rions de plus belle. Ma pauvre Lulu. Je sais combien elle n'aime pas ce genre de pratique et à quel point elle a voulu faire plaisir à son mari en l'acceptant.

— Dites, vous croyez que c'est possible de ne pas avoir du tout de réflexe nauséeux ? s'interroge Dounia, pensive.

— Bah, j'en sais rien. Pourquoi ?

— Ça ne m'est jamais arrivé alors que j'ai sucé un paquet de queues et certaines avaient une taille assez impressionnante ! Tiens, ça me rappelle la fois où...

— C'est bon ! l'interrompt Camille en levant la main.

Ça, c'est ma Dounia dans toute sa splendeur. Aucun filtre. Libre comme l'air. Ce petit bout de femme d'à peine un peu plus d'un mètre soixante est une véritable tornade. Sûre d'elle et de son sex-appeal, directe et sans détours, elle dit ce qu'elle pense et pense ce qu'elle dit. Sauf que parfois, elle en dit un peu trop.

Oh ça va, monsieur le rabat-joie ! réplique-t-elle en avalant une gorgée de son virgin mojito. J'oubliais que je suis entourée d'une bande de vieillards aigris par leur manque de sexe..., ajoute-t-elle avec un petit sourire en coin.

La garce ! Elle est la plus jeune de notre joyeuse bande et elle adore nous taquiner sur notre âge presque canonique. La demoiselle compte vingt-huit petits printemps alors que nous en accusons tous les trois trente-quatre. Si je connais Camille depuis le bac à sable et Luce depuis le lycée, Dounia a intégré notre groupe il y a quatre ans. J'ai fait sa connaissance lorsque j'ai repris mes études. Elle n'est pas allée au bout, ayant trouvé un job en or comme traductrice, mais nous sommes immédiatement devenues amies. Faut dire qu'être les deux plus petites de la promo, ça rapproche.

Trop jeune... ou pas! [Sous contrat d'édition aux Éditions Addictives] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant