Trop jeune... ou pas! [Sous contrat d'édition aux Éditions Addictives]

Hou la menteuse !

Je crois que les enfants ont un don pour déceler les soirs où on en a tellement marre de tout qu'on vendrait père et mère pour avoir la paix. Ce don leur sert également à s'unir pour nous faire péter les plombs, à nous, parents.

En l'occurrence, à moi.

J'ai passé la journée à éviter Sacha sur le campus, à raser les murs pour ne pas tomber sur lui et à croiser les doigts pour qu'il ne raconte à personne notre folle nuit. Cette année doit être mon année, celle de la concrétisation de mon rêve. Celui de la fin des galères.

Pas celle où je passerai pour la nymphomane de la fac qui se tape des petits jeunes durant ses congés.

En plus de ça, j'ai fait une grosse boulette avec les deuxième année en cours de traduction et ils se sont chargés de bien me le faire remarquer.

Bref, en résumé j'ai passé une journée de merde et je n'avais qu'une envie en rentrant chez moi : passer une soirée calme, à profiter de mes enfants. Sauf qu'ils en avaient décidé autrement. Tom râlait déjà en sortant de l'école car il avait perdu tous ses combats de Beyblade et qu'en plus, il avait cassé la fameuse Valtryek. Au prix que coûtent ces toupies à la noix, elles ne sont pas très résistantes. Quant à Louise, elle m'a superbement ignorée quand j'ai voulu aller l'embrasser à son retour à la maison. J'ai pris sur moi, à treize ans, on n'a pas forcément envie de faire un câlin à sa mère.

J'ai aidé le petit à faire ses devoirs, checké rapidement ceux de la grande, et me voilà en train de finir le repas tandis que les enfants mettent le couvert.

— Pour fêter mon premier jour, ce soir c'est lasagnes ! m'écrié-je joyeusement en posant le plat sur la table.

— Ouais ! T'es la meilleure maman du monde !

Le baiser qu'il dépose sur ma joue efface aussitôt le souvenir de sa mauvaise humeur de tout à l'heure. Son compliment aussi. C'est toujours bon d'entendre ça de la bouche de son fils.

Le repas se déroule dans une bonne humeur relative, Tom nous relatant en long, en large et en travers sa journée à l'école. Face à lui, Louise n'est pas très bavarde et je sens que quelque chose ne va pas.

— Ça va ma Lou ? Tu es fatiguée ? Quelque chose s'est passé au collège ? demandé-je, profitant d'un moment d'accalmie quand Tom avale son verre d'eau.

— Nan, ça va.

— Tu es sûre ?

— Oui, j'te dis ! soupire-t-elle.

— C'est parce que Enzo a une nouvelle amoureuse !

— Quoi ? N'importe quoi !

— Si, c'est pour ça !

— Non !

— Si !

— Non !

— Si ! Louise, elle est amoureuse d'Enzo, euh ! Louise, elle est amoureuse d'Enzo, euh !

— La ferme, microbe ou je te fais bouffer tes lasagnes par les trous de nez !

— Hey ! Vous allez vous calmer, tous les deux ? Tom, si ta sœur te dit qu'elle n'est pas amoureuse de lui, c'est que c'est vrai.

Surtout qu'elle m'en aurait parlé avant, non ?

— Mais si ! Elle le regarde tout le temps avec des yeux de poisson frits ! On l'a bien remarqué Benjamin et moi !

— Menteur !

Benjamin est le meilleur copain de Tom et il est aussi le petit frère d'Alexandra, la meilleure amie de Louise. Et Enzo, c'est leur grand frère de quinze ans. Ils vivaient en face de chez nous, avant que je ne quitte Loïc, mon ex-mari. Les enfants ont grandi ensemble. Nous avons déménagé mais nous n'avons pas quitté le quartier, je ne voulais pas trop changer les habitudes des enfants ni qu'ils perdent leurs amis.