troisième partie

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À partir de ce jour, tu fis la manche pour survivre.

Avec de l’argent que tu avais pris à tes parents, tu avais acheté un carnet et une boite de feutre. Tu te nourrissais au prix de la pitié des gens dotés d’argent.

Jamais, tu n'as regretté ton choix, jamais.

Tu t'autorisais une page à noircir de dessin par jour, pas plus sinon il ne durerait pas assez longtemps ton carnet.

Tu dormais sur les bancs du parc du village ou sous le pont qui le reliait à une autre contrée.

Tu te lavais dans l’eau d’une petite rivière dans le bois où le matin tu te promenais et dessinais.

Tu rendais des petits services pour quelques sous supplémentaires.

Tu allais parfois les après-midi jouer aux échecs dans un bar qui avait deux tables spécialement prêtes à cet effet.

Tu arrivais souvent à battre les personnes qui se présentaient à toi, toujours en réalité.

Tu menas ce quotidien durant deux longues années.

Un jour, alors que tu étais seul devant l’une des tables d'échecs du bar presque vide,

un monsieur s'assit devant toi pendant que tu triturait les pièces en méditant.

“ Que fais tu là tout seul, mon garçon ?”

Il avait une voix assez douce qui tranchait franchement avec son physique imposant.

“Je n’ai pas de parents, je vis dans les rues de ce village et j'apprécie énormément ce jeux.” tu répondis en désignant la table.

“ Tu n’as pas de parents ! Oh, pauvre orphelin !”

“ Tout va bien, monsieur, ne vous inquiétez point !”

“ Vous trouvez votre situation agréable ? je ne pense pas ! Par quel malheur tes parents t’ont quitté ?”

“ Mon état n’est pas le pire ! Je parviens à m’alimenter et à me divertir !”

“ Eh bien...tu dois être un p’tit courageux...Comment te prénommes-tu au juste ?”

“ Senmo, et vous ?”

“ C’est original ! J’en ai jamais entendu un pareil ! Le mien c’est Adelphe Lambert.”

Tu as en effet changé ton prénom pour un autre quelque peu atypique, tu l’as inventé toi même.

“ Vous plairez t’il de faire une partie avec moi, monsieur ?”

Adelphe paraissait rougit et gêné, il ne savait pas les règles de ce jeu.

Tu lui avais proposé de lui apprendre, ce qu’il accepta avec enchantement.

Après deux heures de pratique intenses, il te proposa un accord.

Il t'accueillerait chez lui et toi tu lui enseignerais davantage les techniques aux échecs.

Cet homme paraissait extrêmement gentil mais tu étais un peu effrayé tout de même, imaginons qu’il est de mauvaises intentions ?

Tu finis par accepter, retrouver un toit semblait inestimable.

Dormir à la rue t’avait quelque peu détruit. Ton corps n'était plus en très bon état et toi en grande forme comme autrefois.

Cet homme vivait seul, il était boulanger et travaillait ardemment.

Il n’avait que le jeudi en congé, c’est lors d’un de ces jours qu’il ta rencontré.

Tu as commencé à l’aider avec son pain et ses pâtisseries. Tu aimais beaucoup faire cela.

Le jeudi tous les deux vous jouiez à votre jeu favori toute la journée, ou presque.

Il t’adopta symboliquement, il te voyait comme un fils.

Il était comme ton père, je pourrais même dire comme ton papa.

Senmo ou Le Prince OscarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant