-Rejoins-moi.Mon corps se consumait tout comme mon âme. L'eau chaude le frappait, le brutalisait sans répit. Ni son flot ni mes larmes ne pouvait l'apaiser. Auparavant, la douche avait la faculté de calmer mes mœurs et mes peines. Maintenant, elle est submergée d'angoisses et de tristesses que je ne peux supporter.
C'est seulement lorsque mes yeux se fermaient que mon corps ainsi que mon esprit se reposaient.
Immobile sous les chutes brûlantes, je me laissai partir, comme à mon habitude, vers d'autres horizons.
Rapidement, les trombes d'eau diminuèrent, ne laissant alors qu'apparaître un soleil éblouissant. Ses rayons transpercèrent chaque parcelle de ma peau blanchâtre. L'impression de brûler, de me consumer, ne me quittait pas.Soudain, le bruit sourd causait par le liquide incolore se transforma en un vrombissement assourdissant. Bientôt, le soleil étincelant s'éclipsait pour devenir un souffle glaçant, provoquant ainsi des milliers de frissons sur ma chair, auparavant chaude. Mes mains attrapèrent précipitamment la serviette posée près de ma cabine de douche, elles cherchaient un moyen de se protéger du vent polaire qui venait d'apparaître. Cependant, elles ne trouvèrent pas ce moelleux tissu tant convoité. Au contraire, mes doigts se posèrent sur deux grands tubes métalliques et rigides.
Ce simple contact suffisait à mon corps pour réagir. D'abord, il se crispa, contractant ainsi chacun de mes muscles. Puis, lorsque mes doigts frais caressèrent timidement les deux manches inflexibles, je compris.
Je compris que mon index droit venait de toucher le frein moteur d'une bécane. Brusquement, je tentais par tous les moyens d'ouvrir mes yeux, mais ça ne m'était impossible. J'avais comme l'impression que le vent cherchait à me cacher la vue. Alors, à défauts de ne pouvoir l'observer, grâce à ce sens, j'osai y faire parcourir mes mains sur toutes ses surfaces. Je tressaillais le corps tendu quand je sentis la froideur de l'acier se confondre parfaitement avec celle du vent. Mes doigts découvraient chaque recoin, ainsi, ils déchiffraient chaque partie de l'engin.
À ce moment, aucune autre émotion semblait comparable à celle-ci, à celle de la liberté. Car, pour moi, la moto s'apparentait à un moyen de liberté, à des formes de délivrance et d'audace.
Elle représentait tout ce que je voulais être : une jeune fille courageuse et libre. Une femme dont la maladie ne l'encerclait pas tel un vulgaire collier pour chien.Seulement la moto et moi, nous étions différentes. Sa carrosserie était plus dure que la mienne, aucun accident ne semblait l'avoir abîmée. Elle était impeccable. Elle était mon opposé.
Divaguant dans mes pensées lugubres, je ne sentais pas le vent se changer en une pluie torrentielle. Les gouttes me frappaient, me brutalisaient à nouveau.
Avec l'aide de mes bras, je tentais de me protéger, lâchant de ce fait les manches de la bécane.Soudain, la pluie glaciale se réchauffait, elle caressait délicatement à nouveau ma peau.
Mais, lorsque je voulus repositionner mes mains sur la moto, je ne la trouvai plus.
Mes doigts bougèrent dans le vide. Ils brassaient un vent inexistant, sans jamais toucher n'importe quelle surface d'acier.
Elle avait comme disparu, en un instant, elle s'était volatilisée. J'avais beau la chercher activement, elle n'était plus là.Toujours les yeux bloqués, les paupières fermées, j'avançais. Mes pieds s'aventurèrent, ils avancèrent doucement sur la surface du sol froid, ressemblant à celle d'un carrelage. Je sentais la route me tendre ses chemins, grands ouverts pour mon corps, pour mes pieds.
La liberté m'invitait, elle m'attirait sur ses routes sinueuses. Et comme un enfant le jour de noël, j'y accourrai le plus rapidement possible. L'échappatoire m'appelait, il me criait de le rejoindre. Mes pieds coururent vers lui, tout mon corps le pourchassait.
Je sentais la sortie du bout de mon index, elle se baladait dessus. Elle m'encerclait de rêves.
J'entendis ses mouvements à seulement quelques centimètres de moi, il me restait qu'un pas à faire pour la toucher, pour toucher enfin à la liberté.Cependant, lors de la dernière enjambée, avant d'atteindre mon objectif, mes pieds se bloquèrent. Ils ne pouvaient quitter le sol.
Prise au piège, je percevais l'éloignement de ma sortie. Comme pour me le confirmer, mes yeux s'ouvrirent brusquement sur une silhouette de dos, qui disparaissait au loin. Je voulais crier, l'interpeller, mais ma voix semblait éteinte, comme la dernière lueur d'espoir qu'il me restait.
Impuissante, je regardais le corps s'éclipser à quelques mètres de moi seulement.
Pourtant, alors que je pensais qu'il allait s'évaporer sous la chaleur écrasante du soleil, la silhouette se tourna dans ma direction, juste un millième de secondes. Un millième de secondes suffisantes pour apercevoir un jeune homme brun, aux yeux vert émeraude, dans un corps saillant. Un millième de secondes, pour l'apercevoir. Lui, Keegan.« -Rejoins-moi » avait-il murmuré avant de se volatiliser.
A sa vision, l' étonnement pouvait se lire sur mon visage. Mes yeux clignèrent rapidement, plusieurs fois. Tellement de fois, qu'ils finirent par s'ouvrir sur une douche. Sur la douche de mon appart.
Rien n'était réel. Tout n'était qu'une simple illusion.
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Bonsoir ou bonjour mes petits Astros.
3 semaines dont je n'avais pas publié un chapitre. Je ne vous oublie pas. Jamais.
Seulement, il est difficile pour moi de m'organiser entre les cours, l'écriture, le permis, le foot et j'en passe.
Alors, je tenais à m'excuser pour mon manque de régularité. Je sais que cela peut être énervant et je m'en excuse une fois de plus.
Je ne vais pas vous promettre de republier un autre chapitre rapidement, mais j'essayerai avant mercredi prochain.
J'espère que celui la sera à la hauteur de vos attentes. Peu d'action, mais je voulais vraiment montrer un certain côté de Théa.
Dans le prochain chapitre, aura enfin lieu le rendez-vous tant attendu entre Keegan et Théa.
Je sais que vous êtes impatient de le lire.Je vous fais des milliers de bisous, et vous souhaite une bonne nuit ou bonne journée.
-SoySonadora
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After Freedom
RomanceQuand Théa Stevenson, jeune femme de dix-huit ans, découvre qu'il ne lui reste qu'un an à vivre, elle décide de fuir le musellement de ses parents. La seule chose qui l'obstine: se faire plaisir avant la fin. Lors de sa fugue, elle fait la rencont...