Les cris des goélands galopant vers l'horizon l'avaient toujours irrémédiablement attiré. L'envergure de ces oiseaux des mers dépassaient tout ce qu'il pouvait imaginer, et, bien qu'il ne puisse s'empêcher de chercher, le jeune garçon ne voyait rien de plus beau que cela au monde. L'esprit marin mais les pieds sur Terre, Yan se contentait alors de les détailler, tandis que les volatiles l'effleuraient de leurs ailes agiles. Alors, un beau jour où Yan se rendit au port de son petit village pour y retrouver son père, marin depuis toujours, et s'apprêtant à prendre la mer, une idée folle naquit en son esprit. Une idée si grotesque qu'il hésita même à sérieusement la prendre en considération. Un temps seulement.
Faisant claquer ses pas sur le sol pavé et sali par l'activité humaine, il couru du plus vite qu'il le pouvait vers le fameux navire de son père: l'Esperanza. Veillant à ce que personne ne jette sur lui un regard empli de curiosité, il s'engouffra timidement sur le pont, faisant grincer les planches sous ses pieds. Perdant un peu de son assurance alors qu'il progressait, c'est lorsqu'il entendit une voix rauque surgir non loin de lui que son instinct finit par prendre une décision définitive. Il se rua derrière la caisse la plus proche, et tendit suffisamment l'oreille pour entendre:« -La mer est calme, nous pourrons partir plus tôt que ce que nous avions envisagés. Il ne manque que quelques matelots, et nous pourrons larguer l'encre. »
Et, ainsi blotti contre quelques fins morceaux de bois, Yan attendit. C'est lorsqu'il senti le navire bouger sous ses pieds qu'il comprit qu'il était parti. Sa décision folle était prise. Il allait naviguer, il allait pouvoir caresser la surface des mers et le plumage des goélands. Et, alors que le bateau tanguait, que la mer dansait partout autour de lui et son socle de bois, son père le découvrit. Il fut d'abord interloqué, surpris, choqué de le trouver ici, à bord de l'Esperanza. Cependant, lorsqu'il vit son sourire si sincère, et qu'il entendit sa voix fluette oser murmurer:
« -Je vais voler avec les goélands, papa! »
Les yeux pétillants de son fils finirent de le convaincre que sa présence à bord n'était pas si néfaste qu'il ne l'avait envisagé.
Le voyage dura plusieurs semaines, plusieurs semaines durant lesquelles Yan devint un véritable matelot, montant et descendant sur les mâts du navire au gré du vent, les cheveux flottant et se gorgeant d'eau salée. Ses rires et son bonheur si contagieux se répercutait partout à travers le bateau, si bien que tout l'équipage finit par le sommer de revenir les fois prochaines, d'une manière bien plus officielle et organisée que cette première fois. On racontais que, ce jeune matelot au visage angélique était aussi agile qu'un poisson surfant sur le courant, qu'il était un pirate vêtu de plumes d'oiseaux, des plumes blanches, aussi blanches et pures que le vol des goélands... La vérité était que l'adolescent heureux, lorsqu'il prenait de l'altitude, était davantage entouré de cris et de splendides vols d'oiseaux que de vent, et c'était le doux plumage de ses fidèles compagnons ailés qui semblaient le parer d'autant de liberté de douceur. Le garçon-oiseau avait trouvé sa terre. Et, ce monde peuplé d'oiseaux aussi pâles que l'écume, ce monde bercé du mouvement des vagues, ce goût salé sur les lèvres et la froideur de l'eau l'accompagnant, c'était pour cela qu'il avait vécu.
Un nouveau goéland était né.
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Une poignée d'étoiles...
Teen FictionUne poignée d'étoiles, flottant dans le firmament.