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Santana


_Santana, ça m'a fait plaisir de discuter avec toi, mais il faut vraiment que j'y aille. J'ai un rendez-vous, s'exclama l'homme en lui adressant un sourire amical et doux... Je suis sûr que si tu l'écoutes et que tu insistes, il va finir par entendre ce que tu as à lui dire. Ne l'oublies pas: il faut juste que tu insistes.

_Tu as raison Hugo, répondit Santana en souriant avec pâleur. J'irais le voir demain soir comme tu m'as conseillé de le faire... Peut-être que je pourrais te raconter comment ça s'est passé, à l'occasion?

_Je suis sûr qu'on va se revoir... L'homme lui fit un clin d'œil et se retourna afin de s'éloigner d'elle, empruntant une rue qui descendait vers le bas de la ville. Elle ne put s'empêcher d'essayer de le suivre du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse au détour d'un bâtiment, sans jeter un seul regard en arrière.

Cet homme était gentil.

Il lui avait fait du bien.

Elle n'aurait jamais cru qu'un autre homme que Victor puisse lui faire se sentir aussi bien, soulagée de ce qu'elle vivait.

Mais il l'avait fait.

Il était resté avec elle pour l'écouter et la rassurer, oubliant complètement que Victor était parti. Il avait longuement parlé avec elle, essayant de comprendre ce qu'elle ressentait et faisant preuve d'une gentillesse qui l'étonnait. Il avait été comme une grande source de chaleur dans la froideur de cette ville.

Il avait réussi à la faire se sentir forte.

Et elle l'en remerciait.

Ça lui avait donné du courage.

Ses yeux bleus tellement clairs étaient perçants. Quand il la regardait, elle avait l'impression que rien d'autre n'existait.

Le genre de sensation qu'elle avait eu avec Victor.

Avant...

Mais l'homme avait raison. Sans rien savoir de la relation qu'elle avait eue avec Victor, il lui avait dit l'essentiel: si elle voulait que Victor écoute ce qu'elle avait à lui dire, elle devait s'imposer à lui. Elle devoir avoir la force de lui imposer ce qu'elle avait à lui dire, même si ce dernier ne voulait rien entendre de ses mots.

Elle ne devait pas lui laisser le choix.

Ils avaient déjà assez attendu comme cela.

Chaque jour, il lui manquait terriblement. Ses sourires lui manquaient. Ses yeux doux lui manquaient. Leurs moments de complicité lui manquaient. Elle s'était toujours cru seule au monde, mais elle l'avait toujours eu auprès d'elle. C'était lorsqu'elle était sans lui qu'elle était réellement seule.

Et le contact de sa peau lui manquait encore plus que tout le reste. Ça lui manquait encore plus que tout.

Elle se souvenait de cette fois où il l'avait réchauffé en la prenant dans le creux de ses bras et en la rassurant du mieux qu'il le pouvait. Elle se souvenait de ce qu'il avait dit: «Tu n'as qu'à m'appeler Santana et je serais là. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serais là. Même si tu as besoin de rien, je serais là. Et tu peux me croire, rien de ce qu'il peut se passer ne pourra jamais changer cet état de fait ».

Et quelque chose avait changé cela...

Tout était de sa faute.

Elle voulait retrouver le contact de ses bras.

Hugo avait raison: le lendemain soir, elle irait voir Victor directement chez lui afin de pouvoir parler avec lui de tout ce qu'il s'était passé, ces derniers mois. Ils en avait besoin, aussi bien l'un que l'autre.

Hugo lui avait assuré qu'il serait chez lui le lendemain soir. Elle allait écouter ses conseils. Ils semblaient être bons. Ce dernier semblait vraiment vouloir son bien, même s'il ne la connaissait pas. Il semblait désintéressé. Elle avait envie de lui faire confiance. Il n'était pas comme les autres hommes qu'elle connaissait: il semblait se rendre compte qu'elle était une personne, derrière les apparences.

La jeune femme finit par soupirer et s'en retourna d'où elle était venue. Elle voulait rentrer chez elle, à présent. Elle était certaine que son grand frère devait l'attendre avec empressement et anxiété, se demandant certainement où elle était et ce qu'elle était en train de faire. Elle imaginait qu'il devait avoir peur de ce qu'elle était capable de faire si jamais elle se retrouvait seule, sans la moindre surveillance.

Elle ne pouvait pas lui en vouloir...

Pas après ce qu'il s'était passé.

Mais Liam ne savait pas du tout ce qu'elle vivait. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu. Elle était sa petite sœur, mais il ne la connaissait pas. Comment pouvait-il espérer pouvoir seulement la comprendre?

La jeune femme accéléra sa marche afin de pouvoir arriver plus rapidement dans l'appartement de sa mère...


 Une longue soirée chez elle l'attendait...

Ne me laisse pas... (Les coeurs déchirés)Where stories live. Discover now