Chapitre 6

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Vendredi 17h

Je pars du lycée pour rentrer chez moi, prendre l'enveloppe et être à 18h à côté de la Cathédrale.

J'arrive un peu en avance et m'assois sur l'un des bancs encore libres. Le temps se fait long, alors je mets mes écouteurs. Vers 18 h 05, Hugo arrive, mais il n'est pas seul. Un homme plutôt grand, brun aux yeux marron l'accompagne.

Ils avancent vers moi, Hugo a l'air furax. Ils se plantent juste devant moi. Je me lève du banc et enlève mes écouteurs.

- Qu'est-ce que tu veux, demande Hugo.

- Je t'avais dit de venir seul.

- J'avais pas confiance.

- Ce serait plutôt à moi de ne pas avoir confiance... enfin bref. Je lui tends l'enveloppe.

Il l'entrouvre mais je ne lui laisse pas le temps de regarder et je poursuis.

- C'est des photos, maintenant tu sais ce que j'ai vu et ce que j'ai contre toi. Et si tu fais quoi que ce soit je les donne aux flics.

Son poing se sert et sa mâchoire se contracte.

Il m'attrape le poignet et me regarde dans les yeux.

- Tu ne sais pas de quoi je suis capable, me lance-t-il avec un regard noir.

Sa main est tellement serrée autour de mon poignet que je commence à avoir des fourmis dans la main. Cependant je ne veux surtout pas lui montrer qu'il me fait peur alors je garde mon sang-froid et je ne baisse pas mon regard.

- Tu as 3 secondes pour me lâcher, sinon je crie.

A ce moment-là il me relâche, et regarde autour de lui. Les passants ne font pas attention à nous. Il glisse l'enveloppe sous sa veste et j'en profite pour partir, il ne s'y objecte pas apparemment, mais une fois un peu éloignés il m'interpelle une dernière fois.

- Au fait, j'ai appris pour toi et Antoine. Compte sur moi pour que ça ne dure pas longtemps.

Sans me retourner, je mets mes écouteurs mais il sait très bien que je l'ai entendu.

Je n'ose pas me retourner alors j'avance d'un pas assuré. Les battements de mon cœur font plus de bruit dans ma tête que la musique qui y résonne. Je poursuis mon chemin jusqu'à arriver à un grand croisement. Je regarde discrètement derrière le temps que le feu passe au vert. De loin j'aperçois l'homme qui accompagnait Hugo dans le parc. Il ne cherche définitivement pas à passer inaperçu, je ne remarque que lui avec sa veste en cuir noir. Il paraît assez jeune, il doit avoir 1 ou 2 ans de plus qu'Antoine mais il me fait quand même assez peur.

Le feu passe au vert et j'avance, il a remarqué que je l'ai vu, c'est peut-être fait exprès pour que je flippe, et ça marche, car je suis en panique. J'accélère et me retourne toute les 2 minutes. C'est peut-être juste moi mais j'ai l'impression qu'il se rapproche à chaque fois.

Je décide de ne pas lui montrer que j'ai peur, alors premièrement je ne me retourne plus, et je n'ai qu'à l'ignorer. Il finira bien par partir en voyant que ça ne me fait rien. Je tourne rue Thouret pour aller me prendre un chocolat chaud à emporter et en profiter pour m'éclipser discrètement par l'issue de secours.

J'approche du comptoir et le serveur me salue, je lui commande un chocolat chaud à emporter. Dans le reflet de la vitre d'en face j'aperçois ce qu'il se passe derrière moi. Juste derrière il y a une dame avec une poussette et puis encore derrière le pote d'Hugo. Ma commande est prête. Je la prends et me dirige vers la porte de gauche, indiquée par un panneau « toilette » et un dessin un peu enfantin qui est censé représenter une robe pour indiquer que ce sont les toilettes des dames. Ce qui est bien dans ce café, c'est qu'il y a une sortie de secours dans les toilettes, qui mène à une petite rue parallèle et qui rejoint le boulevard. Jusque-là je n'avais pas vraiment compris le principe d'une sortie de secours ici, mais pour aujourd'hui, elle va s'avérer très utile. Il n'a plus qu'à espérer qu'elle ne soit pas condamnée ou juste fermée.

Gare, là où tout a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant