Chapitre 4

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J'ai erré seule dans la nuit pendant près de 4 heures. Il est 1h du matin quand je m'assois sur un banc d'un arrêt de bus, aussi perdue et bouleversée qu'avant. J'ai frappé Eva. J'ai frappé celle que j'aime, celle qui compte le plus pour moi. Mon seul amour. Je regarde encore une fois l'écran de mon téléphone. Elle m'a appelé 4 fois mais j'ai fini par l'éteindre. Je ne veux pas rentrer. Je ne veux pas voir celle à qui j'ai fait tant de mal. Je m'en veux tellement. Mais au fond de moi, il faut que je l'avoue, ce n'est pas la seule raison à mon errance, au fait que je ne veuille pas rentrer. Je mets ma main dans ma poche et en sors la carte. Je sais qu'Eva me dirait de la jeter, d'oublier tout ça mais je ne peux pas. Toute mon enfance, toute mon adolescence j'ai souffert de cet abandon, j'ai essayé de comprendre son rejet, de savoir pourquoi elle était partie. Et maintenant je pourrais avoir des réponses. Je ne peux pas laisser passée cette chance, c'est impossible. Je prends mon téléphone et le rallume. J'ai encore eu deux appels et un message vocale. Je ne l'écoute pas, sinon je n'aurais jamais la force de poursuivre mon idée. Je compose le numéro de Leïla et après deux bip elle répond :
' Allo ? '
' Allo Leïla ? C'est Iris.. '
' Oh Iris ! Je ne m'attendais pas à vous avoir si tôt ! Comment allez vous ? Vous vous êtes remise?'
Je lui explique ce qui c'est déroulé après son départ. Je lui dit ma honte, mon erreur et mon errance de 4h dans la ville. Bizarrement me confier à une inconnue me fit du bien :
' Ma pauvre.. si j'avais su je ne t'aurais pas annoncer ça avec elle.. je peux te tutoyer ? Si tu veux tu peux passer chez moi ce soir, j'ai une chambre d'amis '
' Oh non ne vous dérangez pas pour moi ! '
' Mais tu ne dérange pas du tout ! Le lit est toujours près puis tutoie moi, j'ai l'impression d'être vielle avec ces " vous " '
Je rigole doucement et accepte son offre. Après tout, un lit chaud et une présence amicale ne peux me faire que du bien. Elle me demande le lieu où je me trouve et passe me chercher. Quand je vois sa voiture arriver, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est quand même sacrément riche. Retrouver des gens c'est plutôt bien payer. Je m'endors sur la route et elle me réveille doucement une fois la voiture arrêtée devant chez elle. Sa maison est tout simplement magnifique. Ce mélange de bois clair et de verre est sublime. Elle me propose de me doucher ce que j'accepte avec joie. Une fois lavée et emmitouflée dans un peignoir blanc et confortable, je l'a rejoint dans le salon :
- " Merci encore pour cette accueil et pour la douche "
Elle me sourie avec sincérité :
- " Aucun soucis ! Tiens, voila des habits pour te changer, on fait à peu près la même taille alors je pense qu'ils t'iront "
Elle me tend un pull et un legging que je pars enfilés. Au moment où j'enfile le sweat, j'entends des petits coups à la porte :
- " Oui vas-y entre ! "
Elle apparaît avec une bouteille de vin et deux verres, en cristal j'imagine :
- " Je me suis dis que t'avais besoin de boire un peu, après tous ce qui t'es arrivée puis on pourra discuter de ta mère si tu le souhaites"
J'accueille cette idée avec un sourire, je ne suis plus si fatiguée que ça et boire un coup me ferra du bien. Nous parlons et rions toute la soirée, le vin aidant. Je me sentais bien et les problèmes avec Eva me paraissaient beaucoup moins grave. Leïla était une femme très gentille et, il faut le reconnaître, très belle. Alors quand elle approcha son visage et posa ses lèvres sur les miennes, je ne la repoussa pas. Quand sa langue franchi mes lèvres et caressa l'intérieur de ma bouche, je poussa même un gémissement de plaisir, mais quand je sentis sa main se poser sur ma cuisse et descendre vers mon entrejambe, je pris conscience de ce que je faisais et la repoussa :
- " Stop ! Je ne peux pas faire ça ! "
Elle me sourie avec un regard coquin :
- " Mais si... oublis-la.. elle n'en saura rien, je sais que tu en meurs d'envie. "
Elle revint vers moi et m'embrassa encore. Je la poussa violemment et elle tomba du lit.
- " J'ai dis non ! "
Je me redressa vite et sortis de la chambre. Je l'entendis derrière moi :
- " Tu ne m'échapperas pas Iris. Tu es à moi désormais. Rien qu'à moi. "
Je me retourna et saisi un cerf en métal qui se trouva derrière moi :
- " Vous êtes malade. J'imagine que ma mère était une pure invention ? "
- " En effet, j'avoue avoir eu une bonne idée en farfouillant ton passé. "
Elle s'approche mais je recule encore, les mains dans le dos :
- " Ne m'approchez pas ! Je ne veux pas de vous, j'aime Eva et elle est la seule pour moi ! Alors reculez ! "
Ses sourcils se froncent. On dirait qu'elle est.. vexée ?
- " Arrête de me parler d'Eva, je suis jalouse de l'attention que tu lui portes. Désormais tu n'es qu'à moi, et à nos autres compagnons. "
Elle est vraiment folle.. elle s'approche de moi et, avant qu'elle ne puisse me toucher, je la frappe avec le cerf sur le front. Elle s'écroule par terre dans un grand bruit et je me précipite dehors après avoir attrapé les clefs de sa voiture. Je cours dans le jardin, froid de rosée gelée et m'engouffre dans le véhicule. L'air est aussi glacé que le pare-brise. Du givre est étalé partout sur le verre. Je ne vois rien. Je mets en marche le moteur et appuie sur la pédale, déguerpissant au plus vite de ce lieu maudit. La glace sur le pare brise fond tandis que la voiture enchaîne les kilomètres, pendant que celle présente dans mon cœur s'endurcit au fur et à mesure que mon cerveau réalise ce qu'il vient de ce passé.

5- IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant