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Comme à mon habitude je suis en retard pour mes lectures. Ce n'est pas de ma faute. Avec les entretiens d'embauche par ci et les livraisons de mes tartes par la ! Il y a de quoi à arriver en retard.  Aujourd'hui je suis d'humeur à parler d'amour , je vais donc me diriger dans la section adulte. Demain je serai en pédiatrie.  Je commence par la première patiente , Madame Jeanne , une gentille octogénaire qui est la depuis un mois maintenant pour des troubles de mémoires.  Elle me confond avec sa petite fille Laurie,  nous avons pratiquement le même âge.  Je joue donc à son jeu. 

-Alors mamie Jeanne, comment tu te portes aujourd'hui ?  Je lui dis en l'embrassant

Elle regarde la télé

- un peu mieux que hier ma petite.  Elle me répond ça chaque fois qu'on se voit .

-Tiens,  je t'ai envoyé des beignets et un peu de bonbon . Mais c'est un secret,  il ne faut pas que madame l'infirmière le sache . Dis je faussement cachottière. 

Comme à mon habitude, je lui raconte les 5 premières pages du roman,  et je promets  repasser le lendemain pour la suite .

Je me nomme  Kamaldine Nour-Rokia , j'ai bientôt 23 ans , et je suis à ma dernière année d'art contemporain et histoire à l'université de la ville . Deux fois par semaine je fais du bénévolat dans des hôpitaux.  Mon bénévolat consiste à rendre visite aux malades et leur lire une histoire.  Je fais une semaine dans chaque bloc jusqu'à ce que le livre finisse et ainsi de suite je sillonne tous les centres hospitaliers de ma ville . C'est une manière pour moi d'aider.  voir le sourire sur le visage des malades mentaux procure une certaine sensation de bonheur. Car malheureusement pour certains malades , à part les soignants je suis la seule personne à leur accorder du temps et c'est vraiment dommage. Je viens de finir mon avant dernière chambre,  celle de Lucie, cette femme qui vient d'accoucher  ,  elle veut toujours le résumé du livre , d'après elle c'est plus captivant comme ça.  Je lui dis mes derniers salutations et je referme la porte derrière moi . J'inspire un grand coup.  Parce que je me rend dans la chambre fatale , elle vaut son nom du patient qui y siège.  Même les infirmières n'aiment pas y aller.  Je me souviens la première fois où j'y allais,  Fatou, une infirmière m'a conseillé de sauter cette chambre que ce serait une perte de temps . Elle n'avait pas totalement tort.
J'entre dans la chambre,  comme à son habitude il est assis dos au mur , les bras croisés,  fixant un point mort.
Depuis maintenant deux semaines qu'il a été hospitalisé ici , ce jeune homme reste indifférent à mes visites , il ne répond ni à mes salutations,  ni à mes questions . Il reste passif. Aucun mouvement,  aucune parole,  aucun regard.  S'il y avait quelque chose plus froid que ce personnage en face de moi,  j'aurai dit ce n'est pas bien grave. Cet homme est la froideur incarnée.  Il devrait s'appeler marbre !

Je dépose mon sac sur la table,  je tire la chaise vers lui mon livre en main , s'il ne veut pas je m'en fou,  moi je veux qu'il sorte de son mutisme. Je souhaite tellement savoir ce qui lui ait arrivé!

-Alors Jamal,  ça va aujourd'hui ?

-...

- moi ça va merci de t'inquiéter, je fais ironique.  Aujourd'hui je ne vais pas te lire une histoire,  je vais plutôt te parler de moi , d'accord ?  Là comme ça après tu pourras me parler de toi . On est d'accord ? 

-...

- bon je me lance,  je m'appelle Kamaldine Nour-Rokia, j'ai 23 ans,  je suis née un 18 Octobre.  Maman me racontait qu'elle était en train de vouloir faire frire des pommes de terre et je suis née,  imagine la honte dans la cuisine.  Ça fait que j'adore manger . Je suis en Master professionnel d'art contemporain et je peux t'assurer que c'est la meilleure filière !  Je suis fille unique malheureusement,  j'ai perdu mes parents dans un accident de voiture...

Je ne sais vraiment pas ce qui vient de se passer mais tout d'un coup,  il se met à crier , taper sur les murs , l'homme muet de tout à l'heure était devenu une bête remplie de rage , je criais donc à l'aide et quelque secondes plus tard les infirmiers sont venus l'endormir avec un truc bizarre  qu'ils lui ont mis dans sa perfusion. J'étais abasourdie.  Avais je dis un truc qu'il ne fallait pas ? 

J'attendais calmement dehors en me rongeant les ongles jusqu'à ce que Docteur Ibrahim m'appelle dans son bureau.  Ibrahim était le meilleur ami de mon père mais aussi mon tuteur légal jusqu'à mes 18 ans.  C'est lui qui m'a aidé dans mes démarches pour l'obtention de l'approbation de la mairie pour mes lectures suivies .

-Alors ma chérie qu'est ce qui s'est passé ? Me demande tilleul inquiet

-je ne sais pas tonton ,comme d'habitude il était dans son mutisme moi  j'étais là j'essayais de lui arracher un mot . Au lieu de lui lire une histoire je me suis présentée et tout d'un coup il est parti en folie . Fais je déconcertée

- je vois ! On va devra abréger alors ta visite d'aujourd'hui.  Vu qu'il s'est endormi

-ce n'est pas grave.

- j'ai une ancienne amie qui rechercher une rédactrice   pour son magazine. Je lui ai parlé de toi

- ah bon ? Mais c'est génial tonton

- pas si vite jeune fille ! Elle va te prendre en essaie trois moi d'abord. 

-oui ça me va . C'est où déjà ? 

- Eyes on me .

Je ne pouvais contenir ma joie , je me mets à crier , sautiller de partout , danser sur moi même

- vraiment tonton ? Tu m'as dégoté un poste à Eyes On Me? Le plus grand magazine People de l'Afrique de l'ouest !  Attend , ton amie c'est Yolande Coulibaly ?  Vraiment ?  Dis je ébahie

- oui Kamaldine,  oui et oui . Et j'espère que tu ne va pas me décevoir.  Yolande est l'ancienne copine de ton père,  c'est après elle qu'il a rencontré ta mère. 

- je tombe des nues !  Papa sortait Avec Yolande Coulibaly à l'époque ?  Rappelle moi de lui ajouter deux fleurs de plus lors de notre prochaine visite fais jet moqueuse. 

- toi tu es folle .  Fais mon oncle dépassée.   allez,  rentre te reposer , c'est demain 8h 30 ton rendez , tâche de ne pas me décevoir.  Et passe souvent nous voir à la maison,  les filles veulent te voir !

- d'accord tonton ,allez bisous je t'aime . Je lui fais un bisous et je pars . Au seuil de sa porte , je peux voir la chambre de Jamal,  il est couché, endormi.  Son air est tellement juvénile que j'en oublie sa réaction de tout à l'heure...

le fils de ma patronne ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant