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Je suis assise en train de me faire bichonner.  Je ne comprend pas pourquoi ça se passe comme ça.  Je suis la pour un boulot et non pour ça.  Je n'ai jamais posé toute ma vie.  Moi même qui ai toujours détestée d'être prise en photo . Et là c'est pour paraître sur l'un des magazines les plus lus de l'Afrique. Comment j'aurai pu deviner que mon entretien d'embauche pourrait être comme ça. 

Les filles sont affairées sur moi , je regarde du coin de l'oeil, mon amie aussi perdue que moi.  Elle est en train de placer convenablement les appareils et je peux deviner qu'elle se pose les mêmes questions que moi .

Trente minutes après nous sommes je dirai fin prête.  Je suis arrêtée telle une grande dame , je peine à me reconnaître dans le miroir. Même Aicha est choquée par mon changement.

Avant d'allumer les projecteurs l'homme de tout à l'heure vient vers nous

-Faites comme si vous êtes que deux mes chéries  .donnez tout ce que vous avez  . Ce genre d'occasion ne passe que tous les quinze ans.  Allez hop au boulot  .

Il va s'asseoir dans un siège en sirotant un bon cocktail de mojito passion. 

Nos débuts sont maladroits , mais plus les minutes avancent plus on se détend et on oublie même ce qui nous entoure.  Aicha est une excellente photographe.  Et moi ? Je ne savais même pas que j'avais des talents de mannequin ... quelques heures après au moins cinq milles photos sous tous mes angles mon amie et moi sommes assise dans le bureau de Yolande. 

Elle nous regarde d'un air impassible.  On n'arrive pas à savoir ce qu'elle pense  . Nous sommes dans un silence déconcertant.  Elle commence

-je vois que vous avez bien travaillé.  Je dirai même que vous avez sauvé notre magazine du mois . Alors vous êtes embauché . Toi tu seras le nouveau photographe de la boîte.  J'espère que tu as un passeport parce-que tu vas beaucoup voyager surtout dans ces temps parce-que nous avons une campagne à commencer.  Toi tu auras le poste de rédactrice comme promis.  Je ne pense pas qu'on puisse te reconnaître lorsque tu seras sans tous ces maquillages    je n'ai pas à me plaindre.  Vous pouvez disposer . Demain 8h30 soyez la . Je ne tolère aucun retard. 

Mon amie et moi tétanisées par cette femme , on attend d'être hors de l'entreprise pour crier de tout notre coeur.  Notre joie est tellement grande... nous décidons d'aller manger un coup avant que je ne me rende à l'hôpital pour mes lectures...

**** **** ***

Cela fait une heure que Aicha est rentrée à la maison.  Moi je suis dans le bureau de tonton Ibrahim.  Je lui explique tout ce qui s'est passé dans les moindres détails.  Il m'écoute amusé devant tant d'extase de ma part.

-mais c'est bien Kamaldine . Au moins Aicha aussi a eu un boulot,  et ce n'est pas n'importe lequel .

-le boulot de ses rêves tonton.  Tu es mon tonton préféré.  Je lui fais un bisous

-il n'est pas l'heure de tes lectures mademoiselle ? 

-si tonton . J'y vais.  Je passe quand je finis à plus.

J'enfile mon sac à dos et je déambule dans les couloirs . Je commence mon tour... plus les minutes passent plus j'ai peur de ma dernière visite . Le muet... aujourd'hui je vais lui dire mes quatre vérité à celui la...

Je viens de finir mon avant dernière chambre ... je me dirige le coeur et les pas lourds vers la chambre infernale.  J'ouvre avec précaution la porte de celle ci . La froideur  métallique de la poignée me donne des sueurs froides. Même les meubles ressentent la froideur de cet homme. Lorsqu'il m'aperçoit un rictus se forme sur ses lèvres. 

-tu ne capitule donc jamais ? 

Lance t'il.  Il vient de parler ?  Sérieusement ?  Sa voix est sourde et rouillée.  Comme s'il ne l'avait pas utilisée depuis longtemps. 

-je suis dans l'obligation de faire toutes les chambres monsieur.  Si vous ne voulez pas me voir  . Rétablissez vous et rentrez . Dis je essayant de garder mon calme

-sortez de ma chambre...

-mais atten...

-j'ai dit sortez de ma chambre . Crache t-il

-vous savez quoi ? Allez vous faire foutre.  Vous pensez que vous êtes le seul sur terre à souffrir ou à baver des crasses de la vie ? Sortez de votre univers de manga et ayez un peu de jugeote pour accepter tout ce qui vous arrive.  Vous êtes impoli avec tout le monde . Les infirmières ont peur de vous  pourtant c'est cet hôpital qui prend soin de vous actuellement  

Il prend le verre qui est juste à côté de lui et me le lance . Par reflex je baisse la tête et le verre va se briser sur le mur de la chambre. 

-j'ai dit sortez immédiatement. 

Je le regarde horrifiée.  Je n'ajoute rien de plus et je sors de sa chambre.  Toute manière c'était ma dernière journée dans ce bloc.  J'aurai plus affaire à lui. Un malade...

le fils de ma patronne ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant