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Déjà plus de cinq minutes que nous marchons, et le seul bruit aux alentours est celui de nos talons qui claquent sur le sol. Notre tenue est entièrement décalée par rapport à la situation, on ressemble à de vraies princesses certes, mais qui marchent sur le trottoir pourri de notre quartier. Il fait un peu froid puisqu'il est environ 19h15, et la nuit commence lentement à tomber. Nous sommes loin de l'ambiance que j'imaginais, en effet Elena ne parle absolument pas. Soit parce qu'elle n'a pas envie d'y aller, ou alors parce qu'elle essaye de deviner sa surprise.
Elle n'y arrivera jamais, croyez-moi.

- Je peux avoir un petit indice, s'il-te plaît?

- D'accord. Un seul, c'est clair? dis-je en soupirant longuement

Elle hoche la tête et marche à mes cotés avec attention. Une boule s'est formée dans mon ventre, alors que je connais parfaitement la suite du plan. J'appréhende quelque chose que je connais, puisque c'est mon idée et que j'ai tout donné pour que ce soit parfait.

- Ce que je peux te dire, c'est qu'il y aura des gens. Des ballons. Et des cadeaux.

Elle lâche un énorme soupir face à mon attitude qui a tendance à me faire rire personnellement. M'enfin, chacun son humour après tout. Le suspens serait démoli si je donnais un indice, alors mieux vaut patienter. Je n'ai pas fait tout ça pour rien, et puisque c'est une surprise, j'irais jusqu'au bout du mystère.

- Ça me fait pas rire vieille abrutie, je stresse et j'ai même pas le droit d'avoir un petit indice.

- Tu vas attendre qu'on arrive et découvrir ça par toi-même, en arrêtant de vouloir tout gâcher, compris? riais-je en la prenant bras-dessus bras-dessous.

- C'est encore loin? J'ai ultra mal aux pieds, ces machins sont des engins de l'Enfer... souffle t-elle en s'arrêtant

Je sens que le chemin va être plus long que prévu.

Certainement parce que j'vais la tuer si elle continue de se plaindre comme ça.

ELLIPSE

Brusquement, je me place devant elle pour l'arrêter nette. Elle sursaute et recule de quelques pas, essayant de voir pourquoi j'ai arrêté d'avancer.

- À partir de maintenant, tu fermes les yeux. Si tu triches, je te bouffe les yeux sur une tartine de pain, compris?

Ses yeux s'arrondissent mais elle finit par les fermer sagement et sans protester. Quand elle veut elle peut, visiblement. Quoiqu'il en soit, c'est le moment que j'appréhende le plus. C'est là que tout se joue, et faire foirer autant de travail me vaudrait au moins deux mois de déprime intensive. Non, je dois allumer le feu comme disait Johnny, et c'est bien ce que j'ai l'intention de faire en guidant Elena jusqu'à l'endroit en question. Endroit qu'elle connaît très bien, mais auquel elle n'a pas osé penser quand je lui ai parlé de fêtes.
Pourtant, cette année, j'ai vu les choses en grand. Fini les simples petites soirées chez elle, aujourd'hui, je vais lui en mettre plein les yeux en lui offrant le plus bel anniversaire de sa vie. Celui auquel elle pensera chaque jour jusqu'à la fin de ses jours, premièrement parce que c'est notre dernière année ici et qu'elle ne fait que commencer, mais aussi parce qu'on risque de devoir s'éloigner pour les études et qu'il faut faire en sorte que chaque jour soit exceptionnel.

- Dis moi s'il y a un poteau surtout, que je ne me le prenne pas en pleine face.

Je rigole et reporte mon attention sur le bâtiment qui se dresse à quelques mètres de nous. Quelques secondes plus tard, un bruit sourd résonne dans la rue entière : j'ai oublié de l'avertir de la présence d'un lampadaire sur son chemin. Merde.

- Rose, je vais avoir une vieille bosse maintenant! C'est pas comme si je t'avais demander de me prévenir en plus, dit-elle en frottant un hématome naissant sur sa tête.

- Pardon, pardon. Accélère un petit peu, tout le monde nous attend.

Elle se tend à l'entente de ma phrase mais continue d'avancer sous mes indications. Nous gravissons les quelques marches qui nous séparent de l'endroit qui n'attend qu'elle. Qui ce soir n'est ouvert uniquement parce que c'est son anniversaire. Cet endroit qu'elle ne va pas tarder à découvrir, et j'imagine déjà son visage crispé par la surprise et l'émotion.

- Alors? Je peux regarder, maintenant?

Je respire un bon coup.

- Oui.

À suivre....

La pire des connasses ( TERMINÉ )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant