1/Sur le départ

22 3 0
                                    

Seule. C'est comme cela que commence mon voyage en Australie.

J'avais demandé à mes parents il y a maintenant plus d'un an de me rendre là bas. Et sans hésitation, ils ont accepté. Ils m'ont dit que ce voyage était peut-être le seul que je ferais en Australie et qu'il ne fallait pas me priver d'une occasion comme celle-ci.

Je suis montée dans le bus le jeudi 12 juillet 2018 en faisant mon asociale. J'avais encore l'étiquette de la bonne grosse connasse affichée sur mon front. Les gens de ce voyage étaient soit très distants de moi soient inconnus de ma personne. Ce bus m'emmènerai jusque Charles-de-Gaulle. Je connaissais vaguement les gens montés dans ce bus. Ils étaient tous encore à St Riquier. Mais moi et ma solitude ne communiquions pas avec les autres. Je m'étais placée contre la vitre teintée du véhicule. Personne n'est venu me tenir compagnie. J'étais devant la porte du milieu du bus.

Derrière moi, un garçon que je connaissais. Il était en seconde D. Il s'appelait Morgan. S'était l'un des seuls à m'avoir dit bonjour. Il faisait du judo, comme moi, et du théâtre, comme moi. Nous avons pu jouer tous les deux pendant une scène de La critique de l'école des femmes de Molière. Il avait déjà assisté à une compétition de judo à laquelle je participais. J'avais gagné par Yuko ( petit avantage) ce jour-là, arbitrée par une fille que j'ai côtoyé quelques années plus tard en devenant moi-même arbitre. Mon adversaire était une fille ceinture orange et moi j'étais ceinture bleue. Mais elle avait l'expérience de le compétition que je n'avais pas. Je me fixais une à deux compétitions par an. Ce jour là, Morgan m'avait encouragé, et je lui en suis, encore aujourd'hui, reconnaissante. Du peu que je l'ai connu, Morgan a toujours été très gentil et souriant. Il est grand, cheveux bruns et peau claire, avec la carrure d'un sportif.

Sur les sièges à sa gauche, j'aperçus Marlon et Neven. Le premier grand, cheveux bruns et peau colueur caramel, comme moi, le second plus petit, blond et la peau claire. Neven faisait du judo aussi et je l'avais côtoyé pendant les cours de sport de l'année dernière. Les cours de sport au lycée se font en classe mélangés. On a le choix entre quatre menus. Je faisais encore de la natation synchronisée à l'époque, j'ai donc chois le menu proposant natation sauvetage, badminton et course en durée. La course en durée, c'est un peu comme faire du jogging. Neven était aussi l'ami de mon ex. Mais ils se sont beaucoup éloignés d'après ce que je sais. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de parler à Marlon, au delà des politesses d'usages comme "Bonjour".

Les trois garçons sont amis.

J'avais aussi la connaissance de la venue de certains secondes de Saint-Riquier. Joyce et Jane du théâtre. Joyce était dans ma classe, la seconde A. Elle était très gentille et très extravertie. Jane était dans la classe de Martin. Elle est un peu plus distante avec les gens et n'hésite pas à critiquer les gens. Aude était aussi là. Elle est très sympa .

Puis le groupe des trois filles populaires à l'égo surdimensionné et qui se prennent pour le centre du monde. J'ai nommé, Aimie, Arya et Jessy. Jessy est encore a peu près gentille que les deux autres sont de véritables petites pestes. Je ne les supportent pas. Et comme toutes filles pouvant être qualifiées de pétasse populaire, elles ont pris les places du fond du bus et allumées leur enceinte pour nous ambiancer avec de la musique de merde bien commerciale.

Je partais joyeusement avec le groupe de Saint Riquier. Car même si nous étions en juillet et donc en pleines vacances, il s'agissait d'un voyage organisé par mon lycée.

Je ne connaissais que les secondes et quelques premières. J'ai aperçu Millie et son amie, que j'avais connu en sixième et en cinquième. Mais on s'est perdu de vue. Mon groupe de l'époque était vraiment merdique et j'étais jeune et insouciante. On s'est déchirées à petit feu. Et j'ai vécu une année de cinquième seule et harcelée. Jusqu'à rencontrer de nouvelles amies fin cinquième qui sont encore aujourd'hui ma bande de potes.

J'ai aperçu également Cyrus, un première L que j'ai rencontré l'année dernière par le biais de la meilleure voisine au monde (après Camélia), Tina. Il écrit beaucoup et des fois, j'ai eu l'honneur de le lire. Il est très sympa mais très orienté sexe. Et des fois un peu lourd aussi mais bon, on y peu rien, on vit avec. N'est ce pas ?

J'ai regardé par la vitre teintée une nouvelle fois.

Je vois Camélia, ma sœur de cœur, qui laisse partir sa vraie sœur à elle, Layla, pour ses dix huit ans. Vêtue d'un haut noir sans manche et un jean bleu, elle se tient à côté de sa mère et communique avec moi via son téléphone. Je regarde mon téléphone, ou plutôt le téléphone de ma mère qu'elle m'a prêté pour la durée du séjour.

Puis je retourne mes yeux vers la fenêtre. Je vois les sœurs jumelles, Inès et Anaïs, mes cousines adorées. Inès avait les cheveux noués, un haut vers avec l'inscription "no way" en haut à gauche et en pantalon bleu. Anaïs avait un haut noir aux bords blancs et un jean bleu.

Mon père, grand, cheveux courts et bruns, me ressemblent beaucoup. Il a insisté pour mettre mon sac en soute à ma place afin que je puisse monter dans les premiers dans le bus. Mais en réalité, il était méga stressé. Voir sa fille partit ainsi pendant trois semaines à l'autre bout du monde est quelque peu éprouvant pour un père protectionniste.

Ma mère, à côté, était en grande discussion avec ma grand-mère maternelle. Cette dernière nous avaient emmenés au restaurant avec mon frère quelques heures plutôt. Stressée, je n'ai mangé qu'un wrap.

Mon petit frère, Julien, est de cinq ans mon cadet. Il avait mis ce jour là son ensemble de football bleu avec l'inscription " France" en gros à l'avant. Quoi de plus normal quand on sait que dans quatres jours, la France sera en finale de la coupe du monde. J'avais suivi les matchs depuis la Corse, là où mes grands parents m'ont emmenés quinze jours avec mon cousin éloigné.

Fance- Croatie. L'affiche était plutôt intéressante. Je suis l'équipe de France depuis 2014. Je suis donc assez fan de foot. Oui oui, vous avez bien lu. Je suis une fille qui aime le foot. Et qui connaît les termes qui nous sont, selon les stéréotypes, inconnus. Oui je sais ce que c'est un hors-jeu.

Dans le groupe Messenger des gens qui partent dans ce voyage, on s'est d'ailleurs mis d'accord pour regarder le match à l'hôtel en Nouvelle Zélande. Même si c'est à quatre heures du matin.

Je regarde mon reflet dans la vitre. Je vois une fille qui s'est coupés les cheveux récemment en un carré courts plongeant, les yeux marrons foncés, un tee-shirt bordeaux avec l'inscription " Etno Wild" juste au dessus de deux flèches qui se croisent. Mon collier long en forme de triangle isocèle. Ma paire de lunettes Calvin Klein posée sur mon nez.

Je pose mes jambes sur le fauteuil de gauche, vide.

Mon sac à dos rose posé entre mon fauteuil et la rambarde porte mes lunettes de soleil Polaroid, adaptée à ma vue de myope accomplie; mon Bullet carnet bleu cyan que ma mère m'a offert pour Noël, mon carnet noir de brouillon venant de l'Elbphilharmonie d'Hambourg. Je l'avais rammené de mon voyage en Allemagne. Ma pochette Little Marcel noire à pois contenant mon visa, mon autorisation de sortie du territoire, mon passeport une photocopie de ma carte d'identité ainsi que celle de ma mère. Dans ma poche avant, ma pochette noire avec mon argent qui m'attendait sous forme d'une carte de retrait que ma mère trouvait plus sûre que de se promener avec de l'argent liquide. Sans compter que les transactions sont plus rapides avec une carte.

Et puis soudain, sans prévenir. Le bus avança.

Des aux revoirs en saluant de la main se font dans le bus comme pour les proches restés à l'extérieur.

Puis on les quitte de vue.

C'est le départ vers une destination inconnue qui me réservera bien des surprises.

My Australia TripWhere stories live. Discover now