Chapitre 3 (Partie 2) : Juste une humaine

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« Combien d'épreuves un être humain peut-il endurer avant de se briser définitivement ? »

Le gardien de phare - Camilla Läckberg


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— Je ne veux plus être, je ne veux plus exister. Je vous en pris. Faites-moi disparaître.


Aaron fut incapable de prononcer le moindre mot après avoir entendu la demande de la jeune fille, il ne s'attendait pas du tout à une telle imploration. Lui, qui était presque attendrit devant la faiblesse humaine, docile face à son regard, fût ramené de force sur la terre ferme. Elle n'était pas la petite fille fragile qu'il pensait, elle n'était pas aussi vulnérable qu'on avait pu le croire. Shana n'était pas tombée par hasard sur ce vampire, elle l'avait attiré pour se donner la mort. Grimaçant à cette idée, il libéra rapidement sa main de l'emprise de la jeune fille avant de quitter sa chaise, s'éloignant de quelques pas pour se remettre les idées en place. Elle parlait de la mort tellement naturellement, comme si elle avait déjà tout abandonné. Pourtant, il l'avait vu se défendre, se battre pour sa vie. Qu'est-ce qui avait tout déclencher ? Se tournant alors vers celle qui tourmentait ses pensées, il plongea un instant son regard dans le sien en silence. Shana elle ne disait rien, se contentant de pincer les lèvres. Sous l'euphorie du moment elle en avait peut-être trop dit, ou du moins, pas de la bonne manière. Elle devait savoir que d'annoncer qu'on voulait mourir avec le sourire, ça devait être effrayant. Néanmoins ça ne paraissait pas si malsain à ses yeux. Elle y avait tellement pensée, tellement réfléchit que c'était devenu naturel. Et elle voyait en Aaron son sauveur, celui qui parviendrait à lui ôter la vie sans souffrance, sans crainte. C'était lui qu'elle avait attendu toute la soirée et enfin elle l'avait trouvé, mais ce dernier n'avait pas la réaction escompter.


Restant prudent et en retrait, le vampire fini par lentement soupirer, passant une main sur sa nuque en essayant de se détendre un peu. Cette fille n'était vraiment pas comme il l'avait entrevu, ni comme les humains qu'il avait pu croiser avant. C'était à lui de s'adapter, à lui de comprendre. Revenant près d'elle, il saisit la tasse de chocolat chaud encore intact avant de sortir de la pièce toujours aussi interdit. Il revient quelques minutes plus tard, posant sur la table deux verres ainsi qu'une bouteille de rhum à peine entamée.


— Je pense qu'on a plutôt besoin de ça vu la situation, et ça ne te fera pas de mal de toute manière.


Lançant un regard entendu vers la jeune fille, Aaron rempli alors les verres en reprenant place sur sa chaise sans rien ajouter de plus. Il laissait Shana le loisir de débuter la longue conversation qui allait suivre. L'avantage, c'est que cette demande lui fit l'effet d'une douche froide, remettant ses idées à leur place et l'empêchant de sombrer un peu plus dans sa contemplation. Il ne comprenait pas pourquoi il ressentait une telle attraction envers cette jeune femme, c'était peut-être sa détresse qui l'avait attiré. Peut-être avait-il un rôle un jouer dans sa vie. Apportant le verre d'alcool à ses lèvres, il resta un moment immobile avant de commencer à boire calmement, invitant ça protégée à en faire autant en espérant que ça lui délie la langue.


— Écoutez ... Demandez-moi simplement ce que vous voulez savoir, ça sera plus simple croyez-moi.


Prenant une mine désabuser, Shana retint un soupire d'ennui de quitter ses lèvres. Elle voyait bien que l'homme installé face à elle voulait la faire parler, l'interroger. Ne pouvait-il pas faire comme si de rien était et accéder à sa demande ? En même temps, qui tuerait à l'aveugle à part un monstre ? Et cet homme n'en était visiblement pas un, elle devrait faire avec. Mordillant l'intérieur de sa joue, elle réfléchissait à ses prochains mots, elle devait les choisir avec parcimonie. Là le but, c'était de lui faire comprendre qu'elle n'était pas une dépressive suicidaire, qu'elle avait toute sa tête et que son raisonnement était logique. Le regardant siroter son verre, elle décida d'en faire autant, mais plutôt que d'en boire une gorgée, elle vida son verre pour se donner du courage. Et le bruit du verre frappant contre le bois lorsque qu'elle reposa le récipient, fut le top départ de son récit.

Nova In TenebrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant