En tête à tête

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« Réveille-toi Mathias, tu ne vas pas nous faire attendre toute la journée ! ».

Soudainement, je reçois une droite en pleine face.

Je dis : « Tu frappes comme une fillette Paul » mais au fond j'ai mal.

C'est là que cet abruti me répond : « Arrêtes tes conneries Dreamcatcher, tu es attaché à une chaise et très loin de ta bande d'enquêteurs du dimanche. Tu vas répondre à mes questions, et sois franc-jeu avec moi ou sinon... les deux gars à côté de moi te feront passer un sale quart d'heure ».

Ses techniques d'intimidation ne prennent pas sur moi mais je vais jouer le jeu.

« Ne t'en fais pas, je vais faire ce que tu veux mais sois doux avec moi, c'est mon premier plan à quatre, je sais que tu as l'habitude mais... Argh ! ».

Je me reprends une droite et Paul reprend :

« Ferme-la, tu te prends pour Harrison Ford avec tes blagues sorties de l'Arche Perdue ? Tu as pris quelque chose qui m'appartient et personne ne vole un Greedman. Où est-il !? ». Il s'exclame en me dévisageant, gardant comme toujours la main gauche dans la poche :

« Tu as regardé dans la poche droite ? On ne sait jamais ça arri... Argh ». Un de ses gorilles me cogne. Je commence sérieusement à prendre cher sur le visage et tout un pot de Nivea ne suffirait pas, je vais devoir lui donner ce qu'il veut.

« Très bien Paul, c'est bon... mais en échange, je veux que tu me parles de mon père ». Il éclate de rire en faisant un demi-tour pour s'appuyer contre le mur. Ensuite il se retourne, se rapproche et me dit :

« Tu crois que t'es en capacité de négocier quoi que ce soit ? ». Avec un air sérieux, je le fixe et je lui réplique : « Oui ». Il continue de rire :

"Alors toi Mathias, t'es vraiment incroyable mais tu sais quoi je vais te faire une fleur. Je veux bien te raconter ce qui s'est passé ce soir-là. Enfin c'est ce que mon Boss m'a dit. Dans tous les cas, je ne pense pas que tu ressortiras d'ici vivant".

J'ai connu mieux comme samedi soir, mais au moins, je vais enfin apprendre la vérité. Oh, mais j'en oublie les bonnes manières. Je me présente Mathias Dreamcatcher pour vous servir, j'ai vingt ans et je vie à Portland dans l'Oregon. Tu te demandes sûrement ce que je fais attaché à une chaise entourée de trois hommes, et non, ça n'a rien de coquin, tu t'es trompé de bouquin si c'est ce que tu penses. C'est une longue histoire qui commence par une impasse. Il y a deux ans mon père a disparu, le 28 septembre 2016. Tout ce qu'on a retrouvé, c'est sa voiture avec un origami en forme de griffon. Et juste comme ça, la moitié de ma vie s'est effondrée. Je ne veux pas faire dans le drame, mais putain, c'était mon père quoi ! Enfin ça l'est toujours, ou je suis trop con de garder espoir. En tout cas je n'ai pas arrêté de le chercher par tous les moyens mais avec si peu d'indices, c'était voué à l'échec. On n'était pas dans un épisode des Experts où j'allais sortir des empreintes de mon chapeau... La police locale n'était pas très motivée et vu le peu d'éléments, ils ont très vite classé l'affaire. Ma mère et moi, on a continué notre vie, sans lui.

Deux ans plus tard, je me retrouvais à l'université de Portland. J'allais commencer ma troisième année dans une filière de gestion d'entreprise. J'ai toujours voulu faire ma propre boîte. Passionné de photographie, je voulais devenir indépendant et selon mes parents, j'avais du talent. Je me suis accroché à cette idée en espérant que ça marche. Là-bas, j'ai pu faire connaissance avec des personnes formidables et d'autres... un peu moins sympas (c'est un euphémisme). Nicolas Strenghford, mon bras droit, vu sa musculature, il pourrait également être le gauche mais je ne veux pas abuser de lui. Un mètre soixante-quinze pour soixante-quinze kilos, ce beau brun de vingt-et-un ans pourrait tuer un troll à mains nues, qu'il vienne du seigneur des anneaux, d'Harry Potter ou de Twitter. Un homme rationnel et sociable mais parfois quelque peu insensible. Il n'en demeure pas moins un ami sur qui compter. Dans mon groupe d'ami qui se situe entre les Teen Titans et les Avengers nous avons Helena Wonderdraw. Une beauté fatale d'un mètre soixante-cinq pour quarante-huit kilos qui se cache sous un maquillage discret et une garde-robe loin d'être extravagante. Cette belle blonde aux yeux bleus est la meilleure dessinatrice que je connaisse et elle s'intéresse beaucoup aux enquêtes. Bon elle, c'est une amie d'enfance, je l'ai gardé près de moi, elle est toujours de bon conseil et dessine super bien des 95C, mais je m'égare pardonne moi public. J'oublie quelqu'un n'est-ce pas ? Paul Greedman, il achèterait ton âme pour s'enrichir si les banquiers ne le faisaient pas déjà. Un mètre quatre-vingt-cinq pour quatre-vingts kilos, c'est le tas de merde le plus prétentieux de tout l'état. Il vient d'une famille riche qui détient la plupart des franchises d'Audi du coin. Ce petit blond sait faire la fête, à la fois président de l'association étudiante du campus et joueur dans l'équipe de basket, son influence s'étend sur toute la ville. C'est ce connard qui me cognait dans un chalet, je ne sais où en pleine cambrousse. Mais on n'en est pas encore là. Ce qui a commencé à me foutre dans la merde c'est quand j'ai découvert comment faire des rêves lucides.

C'est bizarre les rêves hein ? On dirait que quelqu'un a regroupé tous les souvenirs de ta vie pour les jouer de façon aléatoire dans un genre de film qui a moins de sens que la saga Transformers, et sans les explosions en plus. Worst Deal Ever, mais imagine si tu pouvais pousser Michael Bay de sa chaise et prendre sa place ? Tu pourrais faire un putain de film. C'est ce que je me suis dit. Je vais te passer le pourquoi du comment parce que je ne suis pas Google non plus mais en gros, j'arrive à contrôler mes rêves. Stylé non ? Alors bien-sûr, tu te demandes sûrement pourquoi je me fais chier à écrire tout ça alors que je pourrais être en train de rêver que je tabasse Cyril Hanouna en direct de TPMP (avoue que t'en rêves aussi). C'est très simple amigo, les Faceless ou si tu préfères la VF, les sans visages. Bon je ne suis pas aussi calé que Freud sur le subconscient mais j'en sais assez pour savoir que le monde de l'inconscient abrite tes plus grands fantasmes mais aussi tes plus grandes peurs. Et même avec des années d'entraînement, tu ne peux pas contrôler ça. Alors si tu fais trop la fête dans ta tête, ils te tombent dessus comme des putains de détraqueurs et spoiler, je n'ai pas de Patronus. Du coup, frérot, je fais gaffe à mon équilibre mental, ma psyché, comprende hermano? J'espère que ça ne te fait pas trop chier que je fasse le trilingue mais j'ai des oraux à passer et ehm... ouai oublie ça. Pour en revenir aux Faceless, ils ne te lâcheront pas, pire que les impôts et l'acné réunit, c'est l'horreur mec. Ils peuvent prendre n'importe quelle forme et quand ils débarquent, je perds tout contrôle de mon rêve.

Je ne peux pas tout te raconter d'un coup mais si tu veux savoir comment je me suis retrouvé dans cette galère et que t'as la flemme de bosser tes cours comme 90% des gens qui lisent ce message, passe au chapitre suivant.


Rêveur de jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant