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Quelques ricanements, des regards moqueurs et la chaleur de ses joues rougies par la honte. Ce sont les choses qui ont marqué Hyungwon ce jour-là, alors qu'il passait les portes de cette salle de sport à laquelle il s'était nouvellement inscrit. Il faut dire que le jeune homme passait rarement inaperçu avec sa couleur de cheveux excentrique : un rose barbapapa très soutenu qui contrastait avec sa tenue particulièrement sobre et son expression peu assurée.

Ses yeux, puissamment encrés sur le sol afin d'éviter de croiser ceux des moqueurs, se risquèrent tout de même à balayer la pièce. Elle était composée de bon nombre de machines de dernière génération qui permettaient de s'entraîner tout en regardant la télévision ou encore des simulations de paysage. Et c'est ce dont il avait cruellement besoin ; s'entraîner tout en essayant de faire fit de l'environnement extérieur. C'est pour cela qu'il avait choisi cette salle, en plus de sa proximité avec son appartement, dans lequel il habitait seul. Il remarqua que les membres du club étaient principalement des hommes en marcel, aux muscles bandés et en sueurs, qui jetaient quelques coups d'œil réguliers et furtifs aux miroirs recouvrant les murs afin de s'y admirer. Ces mêmes hommes qui le toisaient dédaigneusement, lui qui ne faisait pas partie de leur monde. Il aperçut également quelques rares femmes situées au fonds de la salle, là où semblaient se trouver les machines liées au cardio. Elles ne semblaient pas lui porter plus d'attention que cela, ce qui le soulagea quelque peu. Dans le cas contraire, il aurait sûrement fui à grandes enjambées.

Mais il ne pouvait pas abandonner avant même d'avoir commencé. Il lui fallait s'entraîner, cette situation ne pouvait plus durer, il ne le supportait plus. C'était le seul moyen auquel il avait pensé pour se sortir de ce qui semblait être une fatalité et une terrible impasse.

Il ne savait cependant pas par où commencer, ni même comment s'y prendre. Il s'était inscrit ici mais il n'y connaissait absolument rien. Fallait-il qu'il s'étire avant de commencer ? Son regard perdu s'attarda sur les machines toutes aussi inconnues les unes que les autres et les ricanements s'intensifièrent. Il discerna quelques chuchotements qui le firent grincer des dents et serrer les poings ; "elle s'est perdu la princesse ?" "le coin des femmes, c'est par là Baizeau" "ses bras ne sont même pas plus épais que ma cheville !"

Encore, toujours. Il en avait assez d'être constamment traité de la sorte, constamment moqué, constamment rabaissé, constamment féminisé. Et alors que sa respiration se faisait de plus en plus rapide et qu'il sentait ses yeux le piquer, annonçant l'arrivée imminente de larmes non désirées, un homme pris la parole.

"Vous n'avez pas bientôt fini de caqueter les poules ? Vous vous payez un abonnement pour muscler votre langue ou quelque chose m'échappe ?"

Quelques bougonnements se firent entendre mais les critiques cessèrent rapidement. Hyungwon semblait avoir perçu un "patron" dans l'une des quelques protestations étouffées mais n'osait pas lever la tête pour croiser le regard de celui qui l'avait sorti d'une situation qui s'annonçait plus qu'embarrassante. Il était comme figé, les poings serrés, les yeux rivés au sol. C'est lorsqu'il sentit une présence prendre place à ses côtés que les battements de son cœur redoublèrent. Ses sens en alerte lui criaient "danger" alors même qu'il était incapable de bouger.

"C'est pas avec une couleur de cheveux pareille que tu vas passer inaperçu gamin."

Une fois de plus, il se prenait une pique. La fois de trop. Son sang ne fit qu'un tour et il releva brusquement la tête pour planter son regard dur dans celui dudit patron ; un homme beaucoup trop jeune à son goût pour se permettre de l'appeler "gamin". Ce dernier eut un mouvement de recul avant de lâcher un petit rire nerveux.

RUSHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant